Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/478

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heures et demie, on annonce qu’Hébert subit un interrogatoire, que Varlet, apôtre de la liberté et dont nous avions annoncé le départ pour la Vendée, a été interrogé et ensuite mis en état d’arrestation.

« À quatre heures du matin, les commissaires de retour annoncent qu’Hébert vient d’être mis en état d’arrestation à l’Abbaye, par ordre du Comité des Douze. Au contraire, Marino et Michel auraient été relâchés. Le Conseil décrète que tous ses membres soient invités à se rendre à leur poste ce matin, à neuf heures précises, afin de délibérer sur les mesures à prendre sur des événements aussi douloureux pour les bons citoyens. »

Le samedi 23 mai, à onze heures (la Commune, exténuée, n’avait pu se réunir à neuf), la séance reprend.

« Chaumette annonce au Conseil que, s’étant rendu ce matin à l’Abbaye pour voir Hébert, il n’a pu lui parler parce qu’il reposait. C’est une preuve, ajoute-t-il, qu’Hébert est innocent, car le crime ne sommeille pas. (Voilà bien une de ces inepties sentimentales, dont le bon Chaumette attendrissait parfois ses discours.) Il annonce que le seul objet sur lequel on inculpe Hébert, c’est la feuille du père Duchesne.

« Un membre observe que, dans les circonstances actuelles, le Conseil général ne peut rester indifférent sur les malheurs qui accablent les bons citoyens et sur l’attentat commis contre la liberté de la presse. Sur sa proposition le Conseil décrète qu’il dénoncera à la Convention l’atteinte portée aux Droits de l’Homme sur la liberté de la presse. Ce dernier objet sera joint à l’adresse adoptée hier et qui doit être portée ce matin à la Convention.

« L’on demande qu’il soit fait une circulaire aux 48 sections pour les prévenir de l’arrestation du citoyen Hébert, qui a été arraché à ses fonctions de magistrat du peuple. Un membre pense qu’il serait plus utile qu’un membre du Conseil se rendît dans chaque section pour leur faire le rapport de ce qui s’est passé dans la journée d’hier. Le Conseil général arrête que l’on enverra aux 48 sections expédition de l’adresse à la Convention sur l’arrestation d’Hébert ; que cette adresse sera portée par des cavaliers qui seront tenus de se rendre à 7 heures dans les assemblées générales, et chargés de demander au nom du Conseil que lecture en soit faite sur-le-champ. »

Mais le Conseil de la Commune craint, sans doute, que ces messages véhéments n’excitent des mouvements téméraires. Il veut encore rester dans le chemin de la loi, et « il arrête, selon le Moniteur, que le commandant général sera invité à faire garnir les postes importants et la garde des canons, afin de les prémunir contre les attaques perfides des malveillants et contre le bruit qui se répand qu’il se trame un complot contre la liberté. »

C’est un texte assez obscur. Celui de la Chronique de Paris diffère en quelques points, sans être plus clair :

« Le commandant général est invité de faire garnir les postes et la garde de la Convention afin de les prémunir contre les attaques des malveillants