Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/536

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« Le Conseil ne s’est séparé que le matin après s’être assuré de la tranquillité de Paris. »

L’insurrection ne s’étant pas levée encore, le Comité de salut public fit comme la Convention : il alla se coucher, Danton ayant soufflé la chandelle.

La Commune, elle, ne dormait pas. Elle attendait les décisions de l’Évêché. On peut, en complétant le compte rendu du Moniteur par celui de la Chronique, reconstituer la nuit du 30 au 31. Quand le Conseil de la Commune, à l’ouverture de la séance, vers les huit ou neuf heures, a nommé les commissaires changés de le représenter le lendemain matin à la réunion des autorités, convoquée par Lhuillier, Chaumette l’informe « qu’il existe à l’Évêché une assemblée, dans laquelle il y a beaucoup d’agitation et qui pourrait inquiéter les citoyens. Le Conseil général, pour ôter aux malveillants tout sujet de la calomnier, arrête qu’une députation de quatre de ses membres se rendra sur-le-champ au lieu de cette assemblée pour prendre des renseignements sur ces opérations et en rendre compte séance tenante. »

Mais, sans doute, des renseignements nouveaux, et plus inquiétants encore, parvinrent au Conseil ; car le maire se décida à aller lui-même, accompagné de six commissaires, à la réunion de l’Évêché. Le Conseil de la Commune avait espéré un moment que l’arrêté du département suffirait aux délégués révolutionnaires, et il le leur avait envoyé dans la pensée « qu’il satisferait tout le monde ».

Il ne paraissait pas que cette communication eût suffi à ramener sous la conduite des autorités constituées les forces d’insurrection. Pache allait donc s’informer de l’état des esprits et tenter un dernier effort en faveur de ce qu’on pourrait appeler la légalité insurrectionnelle.

Pendant son absence, « un membre demande que le Conseil général jure d’être fidèle aux principes de la République et de défendre les propriétés. » Était-ce pour revêtir d’un manteau légal l’insurrection qui se préparait ? Était-ce pour donner, au contraire, aux révolutionnaires de l’Évêché un avertissement ? Il est difficile de le démêler ; mais ce qui est sûr, c’est que le Conseil de la Commune était hors d’état de prendre des décisions nettes, il était comme dominé par la pensée de l’assemblée voisine, et il attendait : « La discussion s’ouvre et le Conseil ne statue rien. »

Pache se heurta, à l’Évêché, à des résolutions irrévocables, et il ne put que les constater. Il reconnut vite que toute insistance serait vaine, car, avant dix heures, il revenait à la Commune. C’est à ce moment que Garat l’attendait pour l’emmener au Comité de salut public. Pache, laissant Garat dans l’antichambre, et entrant au Conseil, « expose qu’il s’est fait donner lecture des arrêtés pris dans cette assemblée. Le premier consiste à renouveler le serment de respecter les propriétés. Par le second, elle se déclare en insurrection ; elle regarde, comme mesure indispensable, la fermeture des barrières. Le maire et