Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jamais allé. Je n’en viens pas, j’y vais. J’y serais arrivé aujourd’hui, si vous ne m’aviez arrêté.»

— « Vous êtes le prêcheur méthodiste qui a fait évader les esclaves.»

— « Je ne suis pas prêcheur méthodiste, ni ministre d’aucune secte ou religion. Je vends mes dentelles, mes corsets, mes cosmétiques; ma clientèle est parmi les dames des plantations, je ne me mêle pas avec les esclaves[1]

— « C’est donc cela, s’écria un homme d’un âge mûr qui venait d’arriver à bride abattue, c’est cela qu’hier, en dépit de la loi, vous avez donné de l’eau-de-vie à l’un de mes noirs.»

— « Ma voiture s’était cassée. Votre nègre, en revenant du bétail, m’avait aidé à la réparer. Il avait chaud; il me vit boire à une gourde, et me demanda d’y mettre les lèvres. J’eus la faiblesse d’y consentir.»

— « A l’amende! à l’amende! » crièrent plusieurs voix.

— « L’amende ne suffit pas, dit un très-jeune homme, qui parlait avec une assurance peu convenable à son âge, et que j’entendis désigner sous le nom d’Anthony. Le voyageur était hier à Smithville ; c’est lui qui a demandé la demeure du boucher.»

— « Je vous répète, sur la foi des serments les plus solennels, que j’étais hier à huit lieues d’ici, en remontant la rivière. J’ai visité plusieurs plantations ; leurs habitants pourraient l’attester.»

« N’êtes-vous point entré chez Von Lenz? »

  1. Tamper with negroes, c’est un délit puni par la loi.