Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/43

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celui qui ne pourrait plus subsister une heure sans ces violences et cette terreur !

J’avais promis d’assister les esclaves fugitifs, et, dans l’espoir de les rencontrer, je coupai à travers les parties les plus désertes et les plus sauvages du pays. J’arrivai un soir au bord d’une petite rivière accidentée, qui coule entre des rochers calcaires, semblables à des châteaux en ruines et à des citadelles démantelées. Cette blanche ceinture de murailles a fait donner au cours d’eau le nom de Rio Blanco. J’espérais traverser plus rapidement le plateau en montant jusqu’à la source de la rivière. Des forêts de chênes, d’une teinte sombre, qui tranchaient sur la bordure éclatante de l’eau, semblaient se poursuivre à toute distance. Ce ne fut donc pas sans étonnement, ni sans une sorte de plaisir que je rencontrai vers la tête d’eau[1] du Blanco une ferme isolée, l’oasis la plus avancée du canton.

Je trouvai, chez le settler, du lait, des fruits, et ce premier comfort dont ne manque jamais une maison. J’usai de son hospitalité bienveillante. Il était établi dans ces montagnes depuis cinq années, entouré seulement de sa famille, cultivant quelque maïs, et se livrant aux soins de ses troupeaux. Je passai la soirée auprès de son foyer domestique, et, le ciel nous menaçant d’un orage, j’acceptai de coucher sous son toit.

Il était un peu plus de minuit. La pluie chassait avec violence et l’orage s’était franchement déclaré, quand nous entendîmes un grand bruit dans la salle d’entrée. Les chiens jetaient des aboiements à demi étouffés. Les

  1. Head of water, le haut d’un cours d’eau.