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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/114

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des Corinthiens qu’ils donnent de bon cœur il insiste principalement là-dessus, et il dit : « Avec beaucoup d’instances », et : « Nous demandant ». Ce n’est pas nous qui leur avons fait une demande, ce sont eux qui nous en ont fait une. Et que nous ont-ils demandé ? « La grâce et la communication des services « rendus aux saints (4) ». Voyez-vous comme il relève encore leur action, en lui donnant des noms honorables ? Parce qu’ils avaient du zèle pour les âmes, il appelle cela une grâce, afin que les Corinthiens y courent ; puis il l’appelle une communication, pour que les Corinthiens sachent que ce n’est pas là seulement donner, mais en même temps recevoir. Ce dont ils nous priaient, dit l’apôtre, c’était donc de nous charger d’un tel service. « Et ce ne fut pas comme nous nous y attendions « (5) ». Il fait ici allusion, et à la quantité de ce qu’ils donnèrent, et à leurs tribulations. Il veut dire : Car nous ne nous sérions pas attendus qu’étant dans une si grande tribulation et dans une si grande pauvreté, ils nous eussent pressés, et nous eussent si instamment priés. Il nous a fait aussi connaître la régularité du reste de leur vie, en ajoutant : « Mais ils se sont donnés d’abord au Seigneur, et à nous par la volonté de Dieu (5) ». Car en toutes choses ils furent plus dociles que nous ne l’avions attendu ; et, parce qu’ils exerçaient la miséricorde, ils ne négligeaient pas pour cela les autres vertus, mais ils se donnèrent d’abord au Seigneur. Et que signifie : « Ils se sont donnés au Seigneur ? » C’est-à-dire : Ils se consacrèrent à lui, ils s’illustrèrent par leur foi, ils se montrèrent d’un grand courage dans les tentations, ils firent preuve de beaucoup de modération, de douceur, de charité, d’ardeur et de zèle dans la pratique de toutes les mitres vertus. Et ces mots. « Et à nous ? » C’est-à-dire, ils ont été dociles à notre égard, ils ont pratiqué la charité et l’obéissance, en ce qu’ils ont accompli les lois de Dieu, et que par la charité ils nous sont demeurés unis. Considérez comme il montre aussi leur zèle, en disant : « Ils se sont donnés au Seigneur ». Ils n’ont pas obéi à Dieu pour certaines choses, et au monde l four d’autres, ils ont obéi – à Dieu en tout, et se sont donnés tout entiers à lui. Ainsi parce qu’ils faisaient l’aumône, ils n’en ont point conçu nu fol orgueil, mais c’est tout en montrant beaucoup d’humilité, beaucoup d’obéissance, beaucoup de respect, beaucoup de grandeur d’âme, qu’ils ont exercé aussi la miséricorde. Et pourquoi ces mots : « Par la volonté de Dieu ? » C’est qu’ayant dit : « Ils se sont donnés à nous », il veut faire entendre que ce n’est pas humainement parlant, mais qu’en cela même ils ont agi suivant l’intention divine. « De sorte que nous avons prié Tite d’achever cette grâce en vous comme il l’a commencée (6) ».
Et comment ces paroles viennent-elles après les autres ? Avec beaucoup de suite ; et se rattachant étroitement à ce qui précède. En effet, voici le sens : Comme nous avons vu les Macédoniens pleins d’énergie et d’ardeur en toutes choses, dans les tentations, dans l’aumône, dans leur charité envers nous, dans la pureté de leur vie pour tout le reste ; afin que vous les égaliez, nous avons envoyé Tite vers vous. Il ne le dit pas, mais il le fait comprendre. Voyez son extrême tendresse ! Lorsque nous vîmes, veut-il dire ; les Macédoniens nous supplier ainsi et réclamer de nous ces services, nous avons eu souci de vos intérêts, dans la crainte que vous ne leur fussiez inférieurs. Aussi avons-nous envoyé Tite pour qu’il vous réveillât en vous rappelant leur exemple, et qu’alors vous devinssiez les rivaux des. Macédoniens. Car Tite se trouvait là quand cette lettre fut écrite. Et l’apôtre nous le représente comme ayant déjà commencé l’œuvre avant les exhortations que lui-même donne maintenant : « Comme il l’a commencée », dit-il. Ainsi, il lui accorde de grands éloges, d’abord vers le commencement de l’épître, lorsqu’il dit : « N’ayant point rencontré Tite, mon frère, je n’ai pas trouvé de repos pour mon esprit » (2Cor. 2,13) ; et ensuite, dans tout ce qu’il vient de dire ici, et dans le passage même où nous en sommes ; car ce n’est pas un faible titre aux éloges, même de n’avoir encore que commencé l’œuvre : c’est le fait d’une âme fervente, d’un zèle ardent. Aussi, entre autres motifs, l’apôtre a-t-il envoyé un tel homme aux Corinthiens, afin de fournir, dans la présence même de lite, le plus grand stimulant à leur libéralité. Il a encore autre chose en vue, en l’exaltant par ses louanges : il veut l’établir plus solidement dans l’amitié des Corinthiens. Car un des grands points pour nous persuader, c’est que l’homme qui nous conseille soit notre ami. Ce n’est pas avec moins de raison qu’ayant à parler de l’aumône, non pas une