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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/127

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HOMÉLIE XIX.


CAR À L’ÉGARD DES SERVICES QUE L’ON REND AUX SAINTS, IL EST SUPERFLU QUE JE VOUS ÉCRIVE. (IX, 1 ; JUSQU’À 10)

Analyse.


  • 1. Chrysostome lait remarquer à ses auditeurs que l’Apôtre a eu la prudence de commencer par des éloges, à l’adresse des Corinthiens, de peur d’exciter leur jalousie contre les Macédoniens lorsqu’il leur proposera ceux-ci pour modèles.
  • 2. Voulant les amener à donner de bon cœur et beaucoup, l’Apôtre commence par leur représenter que l’aumône est une bénédiction.
  • 3. Il faut donner beaucoup ; il est honteux de ne donner à Jésus-Christ qu’à contre-cœur, lorsqu’une foule de gens font si volontiers tant de dépenses honteuses. – Il faut savoir se contenter du nécessaire et donner son superflu.
  • 4. Exemple de la veuve de l’Évangile et de celle du temps d’Élie. – Dieu mesure les dons aux ressources des personnes qui les font. – L’amour des richesses est incompatible avec la justice.


1. Après tout ce qu’il vient de dire au sujet de cette aumône, il ajoute ici : « Il est superflu que je vous écrive ». Et sa prudence ne consiste pas seulement en ce qu’après avoir parlé si au long, il ajoute : « Il est superflu que je vous écrive », mais elle consiste aussi en ce qu’il reparle encore après, sur le même sujet. En effet, ce qu’il vient de dire en dernier lieu, avait rapport à ceux qui devaient recevoir les offrandes, et avait pour but de leur attirer beaucoup d’estime ; ce qu’il avait dit auparavant au sujet des Macédoniens, que « leur profonde pauvreté avait été surabondante pour la richesse de leur simplicité », et tout le reste, avait rapport à la charité et à l’aumône. Eh bien ! malgré, cela, après tant de paroles, et lorsqu’il va encore en ajouter d’autres, il dit : « Il est superflu pour moi de vous écrire ». Or il s’y prend de la sorte pour les attirer davantage. En effet, pour un homme dont la réputation est telle qu’il n’a même pas besoin de conseil, c’est une honte de paraître au-dessous de l’opinion que l’on a conçue de lui, et d’être dépassé. L’apôtre en use fréquemment ainsi, lorsqu’ayant à faire des reproches, il a recours aux prétéritions : c’est un moyen quia beaucoup de force. Un juge qui reconnaît chez un accusateur de la grandeur d’âme, n’a plus, aucun soupçon contre lui. Il se dit : Puisque cet homme ne dit pas tout ce qu’il pourrait dire, comment inventerait-il ce qui n’est pas ? L’accusateur fait alors soupçonner de l’accusé plus de choses qu’il n’en dit, et il donne de sa propre personne l’idée d’un caractère honorable.
C’est ainsi que procède l’apôtre et pour les conseils et pour les éloges. Après avoir dit « Il est superflu d’écrire », voyez ce qu’il ajoute : « Car je connais votre bonne volonté, pour laquelle je me glorifie de vous auprès des Macédoniens (2) ». C’est déjà beaucoup que lui-même connaisse cette bonne volonté, mais c’est encore bien plus qu’il aille la redire aux autres ;.elle n’en acquiert que plus de force, car les Corinthiens ne voudraient pas encourir une telle honte que de ne pas justifier cette réputation. Voyez la prudence de son plan : il les a exhortés d’abord par l’exemple des autres, c’est-à-dire des Macédoniens : « Je connais la grâce de Dieu qui a été donnée dans les Églises de Macédoine (8,1) » ; ensuite par leur propre exemple : « Vous qui avez déjà commencé auparavant, depuis l’année dernière, non seulement à exécuter cette œuvre, mais encore à la vouloir ». (8,10) Il les avait aussi exhortés en leur citant Notre-Seigneur : « Car vous connaissez », dit-il, « la grâce de Notre-Seigneur, par laquelle il s’est appauvri pour nous, lui qui était riche (8, 9) ». Enfin il revient à