Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et aussi par humilité. Timothée était bien au-dessous de Paul ; mais la charité supprime les distances. Et c’est pourquoi il ne met point de différence entre Timothée et lui. Tantôt il dit de son disciple : « Il m’aide, comme un fils aide son père » (Phil. 2,22) ; tantôt : « Il accomplit l’œuvre de Dieu, comme je l’accomplis moi-même ». (1Cor. 16,8) Enfin dans cette épître il l’appelle son frère, afin de lui concilier par tous les moyens la vénération des fidèles de Corinthe. Car il avait séjourné dans cette ville, et tous avaient été témoins de sa piété.
« A l’église de Dieu qui est à Corinthe ». Il donne aux Corinthiens le nom d’Église, pour les porter à une étroite union, et les concilier entre eux. Une église cesse d’être une, dès que ceux qui la composaient sont en désaccord et séparés les uns des autres. « Avec tous les saints qui sont dans toute l’Achaïe ». Il veut faire honneur aux Corinthiens, en saluant tous les chrétiens du pays, et en les comprenant tous dans cette lettre adressée aux fidèles de Corinthe. S’il les appelle des saints, c’est afin de montrer que ses salutations ne s’adressent pas aux hommes corrompus. Pourquoi l’apôtre, en écrivant à la Métropole, s’adresse-t-il en même temps à tous les chrétiens d’Achaïe ? Il s’en faut bien qu’il agisse toujours de la sorte. Quand il écrit aux Thessaloniciens, il ne s’adresse pas aux habitants de la Macédoine ; quand il écrit aux Éphésiens, il ne s’adresse pas à tous les fidèles de l’Asie ; l’épître aux Romains n’est pas envoyée non, plus aux chrétiens répandus en Italie. Dans celle-ci, il écrit à tous ceux d’Achaïe ; et c’est encore le même procédé dans l’épître aux Galates. Ce n’est pas à une ou à deux ou à trois villes qu’il écrit, mais à tous les chrétiens de ce pays. Voici en effet ses paroles : « Paul, apôtre, non par la volonté des hommes ou d’un homme en particulier, mais par celle de Jésus-Christ et de Dieu le Père qui l’a ressuscité d’entre les morts, et tous les frères qui sont avec moi, aux églises de Galatie la grâce et la paix soient avec vous ». (Gal. 1,1-3) Il écrit de même une lettre commune à tous les Hébreux, et non pas à telle ou telle de leurs villes. Pourquoi donc agit-il de cette manière ? En voici, je crois, la raison. C’est que chez ces divers peuples il y avait des maladies spirituelles communes ; ils avaient besoin d’un remède commun, et il le leur donne par une lettre commune… Tous les Galates, tous les Hébreux étaient malades ; et, je le crois aussi, tous les chrétiens de l’Achaïe. Aussi s’adresse-t-il à toute la nation et les salue-t-il, selon sa coutume : « La grâce et la paix soient avec vous, dit-il, par Dieu notre Père et Jésus-Christ Notre-Seigneur ».
Entendez maintenant comment son exorde répond bien au dessein qu’il se propose « Béni soit Dieu et le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation ». Quel rapport, direz-vous, entre ces paroles et le dessein de l’apôtre ? – Le rapport est manifeste. Voyez en effet : Les Corinthiens étaient vivement affligés et troublés de ne point voir arriver l’apôtre qui leur avait promis de venir, et qui persistait à séjourner en Macédoine, préférant, ce semble, les Macédoniens à ceux de Corinthe. Pour calmer leur affliction, il leur expose donc le motif qui l’a retenu. Il ne le fait pas en propres termes sans doute, et ne leur dit pas : Je sais que je vous avais promis d’aller vous voir, mais mille traverses m’en ont empêché. Pardonnez-moi, je vous prie, et ne me reprochez ni orgueil ni négligence. Il tient un langage plus élevé et plus persuasif ; il leur adresse des consolations, pour qu’ils ne songent plus à lui demander le motif de ses délais. Il parle comme parlerait un homme qui aurait promis à son ami de venir le voir et que mille obstacles auraient arrêté. Gloire à Dieu, dirait cet homme, qui rue permet enfin de voir votre visage si cher ! Béni soit le Seigneur, qui m’a tant de fois sauvé du péril ! Cette action de grâces n’est-elle pas une excuse qui prévient tout reproche et tout murmure ? L’ami rougirait en effet d’accuser son ami, de lui demander compte de son retard, quand il l’entend rendre gloire à Dieu, et le remercier de l’avoir sauvé de tant de maux. Tel est le sens de ces paroles de l’apôtre : « Béni soit le Dieu des miséricordes ». Elles insinuent que Dieu l’a tiré des mille dangers qu’il courait.
David n’invoque pas toujours Dieu de la même manière ni dans les mêmes circonstances : s’agit-il de guerre et de victoire : « Je vous aimerai, Seigneur, vous qui êtes ma force : le Seigneur est mon protecteur ». S’agit-il de quelque péril auquel il vient d’échapper, ou de quelque trouble qui obscurcissait son âme : « Le Seigneur est ma lumière et mon salut », s’écrie-t-il. Tantôt c’est la