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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/14

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bonté et la clémence de Dieu, tantôt sa justice et ses jugements qu’il célèbre. De même en cet endroit saint Paul donne au Seigneur un nom que lui suggère sa clémence et sa bonté ; il l’appelle « le Dieu des miséricordes », c’est-à-dire, le Dieu qui vient de faire éclater sa miséricorde envers lui, en l’arrachant aux portes mêmes de la mort.
3. Rien qui convienne mieux à Dieu, qui soit plus dans sa nature que la miséricorde ; et c’est pourquoi l’apôtre le nomme « Dieu des miséricordes ». Mais considérez aussi l’humilité de saint Paul. C’était la prédication de l’Évangile qui l’exposait à tous ces dangers : il n’attribue pas néanmoins son salut à ses propres mérites, mais à la bonté du Seigneur. Il développe plus loin sa pensée. Pour le moment il ajoute : « Qui nous console dans toutes nos tribulations ». Il ne dit pas : Qui nous préserve de l’affliction ; mais : « Qui nous console dans l’adversité », paroles bien propres à montrer la puissance de Dieu, et à redoubler la patience dans les âmes affligées. C’est là ce que le prophète avait en vue lui-même, quand il disait : « Au sein de l’affliction, vous avez dilaté mon cœur ». Il ne dit pas : Vous n’avez point permis au malheur de fondre sur moi ; ni, vous avez bien vite écarté loin de moi l’adversité ; mais bien, vous avez dilaté mon âme plongée dans la douleur. N’est-ce pas ce qui arriva aux trois jeunes Hébreux ? Dieu n’empêcha pas qu’on les jetât dans la fournaise ; et quand on les y eut précipités, il n’éteignit point la flamme, mais il sut, même au milieu de ces brasiers, leur ménager le bien-être et la consolation.
Telle est toujours la conduite de la Providence ; et c’est là ce que nous enseigne l’apôtre par ces paroles : « Qui nous console dans toutes nos tribulations ». Il veut encore nous donner un autre enseignement. Ce n’est pas une fois ou deux seulement que Dieu nous console, mais toujours, mais continuellement. Il ne nous console pas aujourd’hui pour nous abandonner demain ; non, jamais il ne cesse de nous consoler. « Qui nous console », dit l’apôtre, et non pas, qui nous a consolés ; « dans toutes nos tribulations », et non pas seulement dans celle-ci ou dans celle-là. Oui, dans toutes nos tribulations, « afin qu’à notre tour nous puissions consoler ceux qui souffrent, et répandre dans leurs âmes ces consolations qui nous viennent du Seigneur ». Voyez-vous comme il trouve moyen de s’excuser, en laissant supposer au lecteur qu’il s’est trouvé en proie aux plus cruelles afflictions ? En même temps, quoi de plus modeste que ce langage ? Cette miséricorde, l’apôtre et son disciple en ont éprouvé les effets non pas à raison de leurs mérites ou de leur dignité, mais pour le bien de ceux qu’ils doivent assister eux-mêmes. Dieu nous a consolés, dit-il, pour qu’à notre tour nous consolions les autres. Et comme le dévouement de l’apôtre éclate dans ces paroles ! A peine est-il consolé, à peine commence-t-il à respirer, que, loin de demeurer oisif comme nous faisons, il s’empresse d’exhorter les fidèles, de les affermir, de les exciter. D’autres donnent de ce passage une autre explication. Le sens, d’après eux, serait celui-ci Notre consolation est aussi la consolation des autres. Il semble aussi que saint Paul veuille dans cet exorde censurer la conduite de ces faux apôtres, qui, pleins de jactance, restaient dans leurs maisons et y vivaient dans les délices ; mais il le fait d’une manière obscure et détournée. Ce qu’il se proposait surtout, c’était d’écarter tout reproche de négligence au sujet du retard qu’il avait mis à tenir sa promesse. Si en effet Dieu nous console pour qu’à notre tour nous consolions les autres, ne nous blâmez pas d’avoir différé notre voyage à Corinthe. Nous avons passé tout ce temps à résister aux attaques de nos ennemis, à écarter les dangers qui nous menaçaient.
« Car de même que les souffrances de Jésus-Christ abondent en nous, de même aussi les consolations surabondent dans nos âmes par Jésus-Christ ». Pour ne pas consterner ses disciples par le récit de ses souffrances, il leur montre d’autre part l’abondance des consolations. Ainsi les rassure-t-il ; et c’est encore dans ce dessein qu’il leur rappelle Jésus-Christ, et qu’il regarde ses souffrances comme étant celles du Sauveur ; et ainsi avant même de prononcer le mot de consolation, il sait trouver un motif de consolation dans les souffrances elles-mêmes. Quoi de plus doux en effet, quoi de plus agréable que d’être associé à Jésus-Christ et de souffrir à cause de lui ? Quelle consolation comparable à celle-là ? Voici une autre parole bien capable aussi de soutenir ceux qui souffrent : « Elles abondent, ces souffrances », dit-il. Il ne dit pas : De même que les souffrances de Jésus-Christ