Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/142

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

HOMÉLIE XXII.


EST-CE QUE VOUS NE CONSIDÉREZ QUE LE DEHORS ? SI QUELQU’UN SE PERSUADE EN LUI-MÊME QU’IL EST A JÉSUS-CHRIST, IL DOIT AUSSI CONSIDÉRER EN LUI-MÊME QUE, COMME IL EST A JÉSUS-CHRIST, NOUS SOMMES AUSSI A JÉSUS-CHRIST. (JUSQU’À LA FIN DU CHAPITRE)

Analyse.


  • 1. Comment saint Paul réprimande, non seulement ceux qui trompent les autres, mais, avec eux, ceux qui se laissent tromper.— De la réserve avec laquelle il se loue, quand il est obligé de parler de ses œuvres.
  • 2. Ce que ses adversaires disaient de lui, qu’il n’était grand et redoutable que dans ses lettres.
  • 3. De la modestie de saint Paul ; de tous les vices auxquels nous devons nous arracher pour devenir saints comme lui.


1. Ce qui mérite le plus l’admiration dans Paul, outre ses autres titres, c’est que, lorsqu’il est dans la nécessité de se glorifier, il arrive à ces deux résultats, et qu’il se glorifie, et qu’il le fait sans se rendre odieux à personne ; ce que prouve parfaitement sa lettre aux Galates. En effet, là aussi, il subit une nécessité de ce genre, et il réussit à produire ce double effet ; ce qui suppose une très-grande difficulté surmontée, et demande beaucoup de prudence ; l’apôtre sait, à la fois, garder la mesure et parler de lui-même d’une manière relevée. Voyez comment, dans le passage qui nous occupe, il parle de lui-même avec fierté. « Ne considérez-vous que « le dehors ? » Voyez ici, quelle prudence ! Après s’être élevé contre ceux qui ont trompé les fidèles, il ne s’arrête pas à ces coupables seulement, mais il s’élance, de ceux qui font des dupes, à ceux qui se laissent duper ; c’est l’habitude constante de Paul. Il ne lui suffit pas d’attaquer les trompeurs, il s’en prend à ceux qui leur donnent les moyens de les tromper. Car s’il ne les eût pas réprimandés eux aussi, ils n’auraient pas facilement trouvé, dans les paroles adressées aux autres, leur propre correction, ils se seraient même enorgueillis comme n’ayant pas donné lieu à des réprimandes. Voilà pourquoi l’apôtre s’en prend aussi à eux.
Et ce n’est pas là seulement ce qu’il a d’admirable, mais c’est que, des deux côtés, la réprimande est parfaitement juste. Écoutez ce qu’il dit : « Ne considérez-vous que le dehors ? » L’accusation n’est pas indifférente, elle est très-sévère. Pourquoi ? C’est que, dit-il, l’espèce humaine est facilement dupe. Voici sa pensée : Vous jugez des hommes par ce qui paraît au-dehors, par les choses de la chair, par les choses corporelles. Qu’est-ce à dire par le dehors ? Si un homme est riche, s’il étale beaucoup de faste, s’il est escorté de flatteurs qui l’entourent en foule, s’il se vante, s’il se laisse emporter par la vaine gloire, s’il joue la vertu, quand il ne possède pas la vertu : car voilà ce que signifient ces paroles : « Vous ne considérez que le dehors. Si quelqu’un se persuade à lui-même qu’il est à Jésus-Christ, il doit aussi considérer, en lui-même, que, comme il est à Jésus-Christ, nous sommes aussi à Jésus-Christ ». L’apôtre ne veut pas éclater tout d’abord ; ce n’est que peu à peu qu’il devient plus explicite et plus impétueux. Remarquez ici, l’aspérité, et tout ce que les expressions laissent deviner. Ces mots : considérer « en lui-même », veulent dire, ce n’est pas de nous, c’est-à-dire, ce n’est pas de notre réprimande, c’est des réflexions que chacun peut faire, en son particulier, que chacun doit tenir la certitude que, comme il est à Jésus-Christ, nous aussi, nous sommes à Jésus-Christ : l’apôtre ne dit pas qu’il appartient à Jésus-Christ, autant que celui-là,