Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/143

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mais, « comme il est à Jésus-Christ, je suis aussi à Jésus-Christ ». C’est un motif d’union ; car il n’est pas, lui, de son côté, à Jésus-Christ, moi, de mon côté, à tout autre. Après avoir ainsi établi l’égalité, l’apôtre va plus loin, il ajoute ce qui lui donne l’avantage sur l’autre. « Car quand je me glorifierais un peu davantage de la puissance que le Seigneur m’a donnée, pour votre édification, et non pour votre destruction, je n’aurais pas sujet d’en rougir ». Il s’apprête à dire de lui quelque chose de grand, voyez comme il s’y prend d’avance pour ne pas blesser.
C’est que rien ne choque tant la foule que d’entendre quelqu’un faire son propre éloge. Aussi, pour prévenir le mauvais effet de ses paroles, l’apôtre dit-il. « Quand je me glorifierais un peu davantage ». Et il ne dit pas : Si quelqu’un a la confiance qu’il appartient à Jésus-Christ, que celui-là réfléchisse à la distance qui le sépare de nous, car moi, je tiens de lui un grand pouvoir, et ceux, qu’il me plaît, je les punis, je les châtie ; non, mais que dit-il ? « Quand je me glorifierais un peu davantage ». Il lui est impossible de dire la grandeur de son pouvoir, toutefois il en parle modestement, il ne dit pas : je me glorifie, mais : « Quand je me glorifierais », supposez que j’en eusse la volonté ; cette expression, toute mesurée qu’elle est, montre toute l’étendue de son pouvoir. « Quand donc je me glorifierais », dit-il, « de la puissance que le Seigneur m’a donnée ». Ici encore, il rapporte tout à Jésus-Christ, et il montre que le don n’est pas pour lui seul. « Pour votre édification, et non pour votre destruction ». Vous voyez de quelle manière il s’y prend pour prévenir le mauvais effet de la louange qu’il se décerne à lui-même, et, pour se concilier l’auditeur, il lui parle de l’emploi à faire du don qu’il a reçu. Pourquoi donc dit-il : « Détruisant les raisonnements humains ? » C’est que l’édification consiste surtout à détruire de la sorte, à faire disparaître les obstacles, à confondre la corruption, à donner de la solidité à la vérité. « Pour votre édification ». Voilà donc pourquoi nous avons reçu nos pouvoirs, c’est pour édifier. Si on s’acharne contre nous, si l’on persiste à nous combattre, si l’on se montre incurable, nous aurons recours à une autre arme puissante, nous détruirons le coupable en le terrassant. De là encore ce qu’ajoute l’apôtre : « Je n’aurais pas sujet d’en rougir », c’est-à-dire, on verra bien que je ne suis ni un menteur, ni un fanfaron. « Mais afin qu’il ne semble pas que nous « voulions vous intimider par des lettres, « parce que les lettres de Paul, disent-ils, sont graves et fortes ; mais lorsqu’il est présent, il paraît bas en sa personne, et méprisable en son discours ; que celui qui est dans ce sentiment, considère, que ce que nous sommes, par les paroles de nos lettres, à distance, nous le sommes également, de « près, par nos actions (9-11) ». Ce qui revient à dire : Je pourrais sans doute me glorifier, mais on pourrait m’objecter encore que je me vante dans mes lettres, tandis que, de près, je suis méprisable ; donc je ne dirai rien de grand à mon sujet. Sans doute, dans la suite il célèbre sa vie, mais il ne dit rien de la puissance par laquelle il intimidait ses adversaires, il ne parle que des révélations qui lui ont été faites, et plus encore de ses épreuves. Donc, afin qu’il ne semble pas que nous voulions vous intimider : « Que celui qui est dans ce sentiment, considère que ce que nous sommes par les paroles de nos lettres, à distance, nous le sommes également, de près, par nos actions ». Comme on disait que, dans ses lettres, il parlait de sa personne avec fierté ; mais que, vu de près, il paraissait misérable ; par cette raison, il s’arrête à cette manière de présenter sa pensée avec modestie et réserve. Et il ne dit pas : Si nos lettres ont de la grandeur, il y a de la grandeur aussi dans les actions que nous faisons quand on nous voit de près ; non, ses paroles sont plutôt modestes. Il disait plus haut : « Je vous prie que, quand je serai présent, je ne sois point obligé d’user avec confiance de cette hardiesse, qu’on m’attribue envers quelques-uns » ; il y avait de la vivacité ; mais ici, ce n’est plus que de la modestie. « Nous sommes également, de près, ce que nous sommes à distance » ; c’est-à-dire, humbles, modestes, ne nous vantant jamais. C’est ce qui résulte de la suite : « Car nous n’osons pas nous mettre au rang de quelques-uns, qui se relèvent eux-mêmes, ni nous comparer à eux (12) ».
2. Ces paroles font voir que l’orgueil travaille ces hommes, qu’ils aiment à se louer ; l’apôtre les représente comme remplis de jactance. Quant à nous, dit-il, ce n’est pas notre habitude. Dans le cas même où nous faisons quelques grandes œuvres, c’est à Dieu que nous