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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/147

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suis le premier à le reconnaître, mais ce Dieu plein de bonté pour les hommes, n’en a pas moins fait mourir ces coupables dont j’ai parlé ; et qu’arrivera-t-il si, après avoir reçu du temps, vous demeurez semblables à vous-mêmes ? Le lâche restera lâche jusque dans sa vieillesse. Non, me réplique-t-on : mais je connais bien cette manière de compter ; après quatre-vingts ans, on en demande quatre-vingt-dix ; après quatre-vingt-dix, cent ; et après cent années on se montre plus lâche encore, et, de cette manière, c’est en vain que cette vie tout entière se dépense. Il vous arrivera à vous aussi, ce qui a été dit au sujet des Juifs : « Leurs jours les ont abandonnés dans la vanité » (Ps. 77,33), et plût au Ciel que ce fût seulement dans la vanité, et non de manière à vous conduire à votre perdition ; car si nous devons partir, d’ici chargés du lourd fardeau de nos péchés (voilà ce qui produit la perdition), nous apporterons un aliment au feu éternel, une riche pâture aux vers. C’est pourquoi je vous en prie, je vous en conjure, sachons donc nous arrêter avec une généreuse fierté, rompre avec la corruption, afin d’obtenir les biens (lui nous sont annoncés ; puissions-nous tous entrer dans ce partagé, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient, comme au Père, comme au Saint-Esprit, la gloire, la puissance, l’honneur, maintenant et toujours, dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.


HOMÉLIE XXIII.


PLUT À DIEU QUE VOUS VOULUSSIEZ UN PEU SUPPORTER MON IMPRUDENCE ! ET SUPPORTEZ-LA, JE VOUS PRIE. (XI, 1, JUSQU’À 12)

Analyse.

  • 1. Dans ce monde on est vierge jusqu’au mariage ; il n’en est plus de môme après ; dans l’Église, c’est tout le contraire : ceux mômes qui n’étaient pas vierges avant leur mariage avec Jésus-Christ, après ce mariage, deviennent des vierges.
  • 2 et 3. Contre les orgueilleux qui, tout en prêchant la môme doctrine que les apôtres, se croient supérieurs à eux, parce qu’ils disent tout autant en plus de mots.
  • 4. Du peu d’instruction de Paul en ce qui concerne les beaux discours ; mais la vérité de Jésus-Christ était en lui.— De son abaissement pour élever les autres.— De son mépris de l’argent et de sa fierté dans sa pauvreté.— Infatuation des orgueilleux qui se glorifient de ne rien recevoir de personne.
  • 5 et 6. Du vrai mépris de, la richesse, fondé sur la vanité des choses humaines ; non sur l’orgueil, mais sur la vertu.— L’avarice, cause de tous les maux.


1. Au moment de se mettre à faire son propre éloge, il prend une foule de précautions. Ce n’est pas une fois ou deux seulement qu’il montre cette réserve ; cependant la nécessité du sujet devait être pour lui une excuse suffisante, outre tant de preuves d’humilité déjà données par lui. Celui qui gardait le souvenir des péchés que Dieu avait oubliés, celui qui, en rappelant sa vie première, se déclarait indigne du titre d’apôtre, celui-là, même aux yeux des hommes les plus dépourvus de sens, ne peut pas paraître un glorieux, débitant, pour se vanter, les paroles qu’il va maintenant faire entendre. En effet, pour dire quelque chose d’étrange, sa gloire même était fort compromise en ce qu’il parlait de ses actions, car se louer, c’est se rendre à charge au grand nombre. Toutefois il ne s’arrête à aucune des considérations de ce genre, il ne voulut voir qu’une chose, le salut de ses auditeurs. Donc, pour ne