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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/166

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HOMÉLIE XXVI.


IL NE M’EST PAS AVANTAGEUX DE ME GLORIFIER, CEPENDANT JE VIENDRAI MAINTENANT AUX VISIONS ET AUX RÉVÉLATIONS DU SEIGNEUR. (XII, 1, JUSQU’À 10)

Analyse.


  • 1 et 2. Visions et révélations de Paul.— Pourquoi il en parle, et pourquoi il ne le fait qu’a mots couverts.
  • 3. Sur cet aiguillon que Paul ressentait dans sa chair, et qu’il appelait un ange de Satan, chargé de lui donner des soufflets. – Sens du mot Satan dans l’Écriture. – Humilité de Paul ; de la confession qu’il fait de ses faiblesses ; pourquoi il s’y complaît.— Les souffrances endurées pour Jésus-Christ sont pleines de consolations.
  • 4. Sur la divinité ridiculement et honteusement attribuée à Alexandre-le-Grand, à un infâme comme Antinoüs.— L’empire d’Alexandre après sa mort, et l’empire du Christ, après sa mort. — Vive opposition.
  • 5. Des apôtres, des martyrs. — Les sépulcres des martyrs, plus triomphants que les palais des rois. — Texte éloquent.


1. Qu’est-ce que cela veut dire ? Après tout ce qu’il vient de dire, pourquoi une réflexion de ce genre : « Il ne m’est pas avantageux de me glorifier », comme s’il n’avait rien dit ? Ce n’est pas qu’il trouve qu’il n’a rien dit, mais c’est qu’il va passer à une autre espèce de glorification ; ce n’est pas que ce dont il veut parler lui donne des droits à une glorieuse récompense, mais c’est que les faits qu’il va dire rendraient, aux yeux du grand nombre, sa gloire encore plus éclatante, quoique les sages ne soient pas de cet avis ; voilà pourquoi l’apôtre dit : « Il ne m’est pas avantageux de me glorifier ». En effet les grands titres de gloire étaient ceux qu’il a énumérés, ceux qui étaient fondés sur ses épreuves ; mais maintenant il va en produire d’autres ; ce sont des révélations, d’ineffables mystères. Pourquoi dit-il : « Il ne m’est pas avantageux », sinon parce qu’il craint que ce souvenir ne lui donne de l’orgueil ? Que dites-vous?quand vous ne parleriez pas de ces insignes faveurs, n’en avez-vous pas conscience ? Mais c’est que nous ne sommes pas aussi portés à nous enorgueillir de ce dont nous avons conscience, que de la communication que nous en faisons aux autres. Ce n’est pas la vertu des bonnes œuvres qui provoque l’orgueil, mais le grand nombre des témoins qui connaissent nos mérites. Voilà donc pourquoi il dit : « Il ne m’est pas avantageux », c’est-à-dire, je ne veux pas donner une trop haute idée de moi, à ceux qui m’écoutent. En effet, – les faux apôtres parlaient même des vertus qu’ils n’avaient pas ; Paul, au contraire, cache même les vertus qu’il a, et cela ; quand une nécessité si impérieuse devrait le faire parler, et il dit : « Il ne m’est pas avantageux », ce qui démontre éloquemment combien tous doivent flair l’ostentation. Il n’y a aucun profit à y céder, elle est funeste ; il faut pour parler de soi, une nécessité de nature à déterminer la volonté.
L’apôtre donc, après avoir rappelé ses dangers, ses épreuves, les pièges qui lui ont été tendus, ses chagrins, ses naufrages, passe à un tout autre ordre de faits à sa gloire, il dit : « Je connais un homme, il y a quatorze ans, (fut-ce avec son corps ? je ne le sais ; fut-ce sans son corps ? je ne le sais ; Dieu le sait) qui fut ravi jusqu’au troisième ciel. Et je sais qu’il fut ravi dans le paradis ; (fut-ce avec son corps ? je ne le sais ; fut-ce sans son corps ? je ne le sais) ; et il y entendit des paroles ineffables, qu’il n’est pas permis à un homme de rapporter. Je pourrais me glorifier en « parlant d’un tel homme, mais je ne me glorifierai pas de moi-même (2, 3, 4, 5) ». Ce fut là une grande révélation, mais ce ne fut pas la seule qu’il eut, il en reçut beaucoup d’autres encore ; mais il n’en dit qu’une dans