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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/186

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que je triomphe le plus, que j’ai la victoire sur ceux qui veulent me nuire, et je la dois à l’abondance de la grâce qui réside en moi.
C’est dans le troisième sens que Paul emploie ici le mot faiblesse, et ce qu’il dit revient à ceci : Il veut, comme je l’ai déjà dit, ruiner ce qu’on affirmait de sa personne qui paraissait vile et méprisable à ces gens-là. Ce n’est pas assurément qu’il voulût se faire valoir, ni paraître ce qu’il était réellement, ni étaler la puissance qu’il avait de châtier et de punir ; ce qui est si vrai, que c’était précisément pour cette raison qu’il passait pour méprisable. Donc comme ces pensées où l’on était, produisaient un grand relâchement, l’engourdissement des esprits, empêchaient les repentirs, l’apôtre saisit une occasion favorable, s’exprime vigoureusement à ce sujet, et montre que ce n’est pas par faiblesse qu’il s’abstient, mais par longanimité. Ensuite, jé l’ai déjà dit, cessant de parler de lui, il fait intervenir le Christ pour augmenter la terreur et grandir l’effet de la menace. Ce qu’il dit revient à ceci : Eh bien, supposez que j’agisse que je soumette les pécheurs à des punitions, à des châtiments, est-ce que c’est moi qui inflige la punition, le châtiment ? C’est celui qui habite en moi, le Christ lui-même. Si vous n’avez pas la foi sur ce point, si vous tenez à faire l’expérience, les œuvres réelles de celui qui habite en moi, vous apprendront vite la vérité : car il n’est point faible devant vous, mais-il est puissant. Pourquoi l’apôtre a-t-il ajouté « Devant vous », car le Christ est puissant partout ? Il n’a qu’à vouloir pour châtier les infidèles, les démons, tout ce qu’il lui plaît. Pourquoi donc cette addition ? C’est une parole très-incisive pour rappeler aux gens une expérience qu’ils ont déjà faite ; ou peut-être Paul entend-il leur dire que la puissance de Jésus-Christ s’est, assez montrée à eux pour qu’ils doivent se corriger. C’est ce qu’il exprimait ailleurs : « Qu’ai-je à faire de juger ceux qui sont dehors ? » (1Cor. 5,12)
3. Pour ceux qui sent dehors, dit l’apôtre, c’est au jour du jugement qu’ils s’entendront demander la réparation de leurs péchés ; mais pour vous, c’est maintenant que vous la subirez, afin d’être affranchis de l’autre. Eh bien, cette pensée pleine d’une sollicitude qu’inspire l’affection paternelle, voyez comme il l’exprime d’une manière terrible et avec quelle passion : « Qui n’est peint faible devant vous, mais puissant parmi vous. Car encore qu’il ait, été crucifié, selon la faiblesse, il vit néanmoins par la vertu de Dieu ». Qu’est-ce à dire : « Encore qu’il ait été crucifié selon la faiblesse ? » Quoiqu’il ait consenti, dit l’apôtre, à subir un supplice qui semble autoriser des soupçons de faiblesse, il n’y a rien en cela qui diminue sa puissance ; elle subsiste inexpugnable, et ce qui semble une preuve réelle de faiblesse, ne lui a porté aucune atteinte ; au contraire, c’est la preuve la plus éclatante de la force qui est en lui, qu’il ait pu supporter un pareil traitement sans que sa puissance en ait été amoindrie. Donc il ne faut pas que le mot de faiblesse vous trouble en effet, ailleurs encore, il dit : La folie de « Dieu est plus sage que l’homme, et la faiblesse de Dieu est plus forte que l’homme » (1Cor. 1,25) ; évidemment il n’y a en Dieu ni folie ni faiblesse, mais c’est une allusion qu’il fait à la croix pour exprimer les idées des incrédules à ce sujet. Écoutez donc l’apôtre s’expliquant lui-même : « La parole, de la croix est une folie pour ceux qui se perdent, mais pour ceux qui se sauvent, pour nous, c’est la puissance de Dieu et encore : « Nous prêchons, nous, un Dieu crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les Grecs, le Christ qui est, pour ceux qui sont appelés ou Juifs ou Grecs, la puissance et la sagesse de Dieu » (1Cor. 1,18, 23-24) ; et encore « L’homme animal ne reçoit pas les choses de l’esprit ; car, pour lui, c’est folie ». (1Cor. 2,14) Voyez-le partout exprimant les idées, des infidèles qui regardent comme une folie, comme une faiblesse, l’acte de ta croix. C’est de cette manière qu’ici encore il ne parle pas d’une faiblesse réelle, mais de Ce qui était regardé comme une faiblesse par les infidèles. Il ne dit donc pas que celui qui fut mis en croix était un être faible ; loin de nous cette pensée. Qu’il lui fut possible d’échapper à là croix, c’est ce qu’il a montré par tous les moyens, tantôt renversant ceux qui veulent le saisir, tantôt détournant les rayons du soleil, desséchant le figuier, aveuglant ceux qui l’approchent, opérant d’autres actes innombrables de sa1puissance ; que signifie donc ce que dit l’apôtre, « Selon la faiblesse ? » C’est que si le Christ a été crucifié, s’il a supporté d’être victime des dangers et des haines (nous avons montré qu’aux dangers, aux attaques de la haine l’apôtre donne le nom d’astheneia,