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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/187

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de « faiblesse »), sa force pourtant n’en a reçu nulle atteinte. Mais l’apôtre parlait ainsi pour s’approprier ce qui ressort de cet exemple. Comme on voyait que les apôtres persécutés ; chassés, méprisés, ne songeaient ni à se défendre, ni à attaquer, Paul enseigne que ce n’est ni par faiblesse qu’ils supportent de pareils traitements, ni par impuissance de les écarter, et il s’élève jusqu’au souverain Maître du monde pour en déduire sa démonstration ; lui-même, dit-il, a été mis en croix, chargé de fers, a souffert d’innombrables douleurs, et il ne repoussait pas ses ennemis, il endurait tout, il supportait tous les traitements qui semblent des preuves de faiblesse, et par là il manifestait la force qui est en lui, puisque, tout en s’abstenant de repousser les attaques et de se venger, il n’a reçu absolument aucune atteinte. La croix n’a donc pas supprimé la vie, n’a pas mis obstacle à la résurrection, le Christ est ressuscité et il vit. Lorsqu’on vous parle de croix et de vie, entendez cela de l’humanité de Jésus-Christ, car c’est le sujet de tout ce discours. Si l’apôtre dit : « Par la vertu de Dieu » (ce n’est pas que Jésus-Christ ne fut pas assez puissant pour revenir de lui-même à la vie quant à la chair ; il n’aurait pas refusé de dire par la vertu du Père et élu Fils. En disant : « Par la vertu de Dieu »), c’est de la vertu de Jésus-Christ qu’il parle. Ce qui preuve que c’est le Christ lui-même qui a ressuscité, (lui a le pouvoir de ressusciter sa chair, écoutez : « Détruisez ce temple, et je le rétablirai en trois jours ». (Jn. 2,19) S’il dit que tout ce qui lui appartient, appartient à son Père, ne vous troublez pas : « Car tout ce qui appartient à mon a Père est à moi », dit-il (Jn. 16,15) ; et encore : « Tout ce qui est à moi est à vous, et a tout ce qui est à vous est à moi ». (Id. 17,10) Donc, dit l’apôtre, de même que ce Dieu crucifié n’a reçu aucune atteinte, de même ne souffrons-nous aucun mal, nous que l’on persécute, nous à qui l’on fait la guerre. Voilà pourquoi Paul ajoute : « Nous sommes faibles aussi avec lui, mais nous vivrons avec lui par la vertu de Dieu ». Que veut dire : « Nous sommes faibles avec lui ? » Nous sommes persécutés, chassés, nous souffrons les maux les plus rigoureux. Mais que signifie « Avec lui ? » Par la prédication ; dit-il, et par la foi en lui. Que si nous endurons des choses sinistres, des afflictions à cause de lui, il est évident que nous devons aussi être heureux avec lui ; voilà pourquoi Paul a ajouté « Mais nous sommes sauvés avec lui par la vertu de Dieu. Examinez-vous vous-mêmes pour voir si vous êtes dans la foi ; éprouvez-vous vous-mêmes. Ne reconnaissez-vous pas vous-mêmes que Jésus-Christ est en vous, si ce n’est que vous soyez déchus ? Mais j’espère que vous reconnaîtrez que nous, nous ne sommes pas déchus (5, 6) ». En effet, après leur avoir dit que, s’il ne les traite pas sévèrement, ce n’est pas qu’il ne porte pas le Christ en lui, mais c’est qu’il veut imiter la longanimité du Christ crucifié, du Dieu qui ne se défend point ; il s’y prend encore d’une autre manière pour arriver au même but ; il trouve dans les disciples une preuve encore plus forte à l’appui de son discours. Mais est-il nécessaire de vous parler de moi, d’un maître chargé, dit-il, de tant de soins, à qui la terre entière a été confiée, et qui a donné tant de signes de sa mission ? Vous n’avez, sous, simples disciples, qu’à vous examiner vous-mêmes, vous verrez que même en vous réside le Christ ; s’il réside en vous, à bien plus forte raison réside-t-il dans le maître. Oui, si vous avez la foi, le Christ est aussi en vous. Car ceux qui avaient la foi faisaient des miracles alors. Voilà pourquoi Paul ajoute. « Examinez-vous vous-mêmes, éprouvez-vous vous-mêmes, pour voir si vous êtes dans la foi. Ne reconnaissez-vous pas vous-mêmes que Jésus-Christ est en vous, si ce n’est que vous soyez déchus ? » Or, s’il est en vous, à bien plus forte raison est-il dans le Maître. Quant à moi, il me semble parler ici de la foi qui fait des miracles. Car, dit-il, si vous avez cette foi, le Christ est en vous, « si ce n’est que vous soyez déchus ».
4. Voyez-vous comme il prend de nouveau un accent terrible, comme il leur montre victorieusement que le Christ est en lui ? L’apôtre me semble ici faire allusion à leur conduite. En effet, la foi ne suffisant pas pour attirer la vertu active de l’Esprit, et lui leur disant, si vous êtes dans la foi, vous avez le Christ en vous, comme il arrivait que plusieurs n’avaient pas cette vertu active, quoiqu’ils eussent la foi, il leur dit résolument : « Si ce n’est que vous soyez déchus », si ce n’est que vos mœurs soient corrompues. « Mais j’espère que vous reconnaîtrez que nous, nous ne sommes pas déchus ». La suite naturelle des