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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/194

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l’amour de l’Esprit. Et dans l’épître aux Corinthiens : « Il est fidèle, ce Dieu par qui vous avez été appelés à la communication de son Fils ». (1Cor. 1,9) Ainsi, la Trinité est indivisible, et où se trouve la communication de l’Esprit, se trouve aussi celle du Fils ; et où se trouve la grâce du Fils, se trouve aussi celle du Père et du Saint-Esprit : « Car la grâce », dit-il, « vous vient de Dieu le Père ». Et, dans un autre passage, après avoir énuméré les nombreuses espèces de grâces, il ajoute : « Or, ce qui opère toutes ces choses, c’est un seul et même Esprit, distribuant ces dons en particulier à chacun, selon qu’il lui plaît ». (1Cor. 12,11) Ce que je dis, ce n’est pas pour confondre les personnes, loin de moi cette erreur, mais pour reconnaître, tout à la fois, la propriété qui les distingue, et l’unité de leur essence.
3. Demeurons donc attachés à ces dogmes, maintenons-en la pureté, et emparons-nous de l’amour de Dieu. D’abord, nous n’avions pour lui que de la haine, et il a commencé par nous aimer ; nous étions ses ennemis, et il nous a communiqué ses faveurs ; maintenant nous l’aimons et il veut nous aimer. Demeurons donc attachés à son amour, de manière à être aimés de lui. Si, quand nous sommes aimés des hommes puissants, nous devenons redoutables pour tous, à plus forte raison, quand c’est Dieu qui nous aime. Nos biens, nos corps, notre vie même, quoi qu’il faille donner ; livrons tout pour son amour, ne ménageons rien. Il ne suffit pas des paroles qui disent que nous ressentons cet amour, il faut des actions qui le prouvent ; ce n’est pas seulement par des paroles, c’est aussi par des actions qu’il a prouvé son amour pour nous. Montrez donc, vous aussi, montrez, par vos actions, que vous l’aimez, que vous cherchez son plaisir ; car vous profiterez ainsi doublement. Il n’a aucun besoin de nous ; et que c’est bien là la plus belle preuve de la pureté de son amour, que de n’avoir aucun besoin, et de ne pas cesser de tout faire pour être aimé de nous ! Aussi Moïse disait-il : « Que demande de vous le Seigneur votre Dieu, sinon que vous l’aimiez, que vous soyez prêts à marcher dans ses voies ? » (Deut. 10,12) De sorte que c’est surtout en vous invitant à l’aimer, qu’il montre son amour pour vous. Rien n’assure aussi solidement notre salut que de l’aimer. Voyez donc comme tous ses commandements tendent à notre repos, à notre salut et à notre gloire. Quand il dit : « Bienheureux les miséricordieux ; bienheureux ceux qui ont le cœur pur ; bienheureux ceux qui sont doux ; bienheureux les pauvres d’esprit ; bienheureux les pacifiques » (Mt. 5,7, 8, 4, 3, 9), lui-même n’en retire aucun fruit, c’est pour nous embellir de la sagesse des vertus qu’il nous donne ces commandements ; quand il dit : « J’ai eu faim », ce n’est pas qu’il ait besoin de nous, c’est pour répandre sur vous l’onction de la bonté. Car il pouvait, même en se passant de vous, nourrir le pauvre, mais il a voulu réserver en votre faveur le plus précieux de tous les trésors ; de là ces commandements. Si le soleil, qui n’est qu’une créature, n’a ancien besoin de nos yeux, (car il subsiste, gardant l’éclat qui lui est propre, alors même que nul ne le contemple), si c’est nous qui recevons de lui des bienfaits, en jouissant de ses rayons, à combien plus forte raison faut-il appliquer de telles paroles à Dieu. Mais encore une autre preuve, écoutez : Quelle idée vous faites-vous de la distance entre Dieu et nous ? est-ce comme entre les moucherons et nous ? faut-il concevoir un intervalle beaucoup plus grand encore ? Évidemment, la distance est bien plus considérable, distance infinie. Si donc nous, gale la vaine gloire gonfle, nous n’avons besoin ni du secours des moucherons, ni de la gloire qu’ils donnent, à bien plus forte raison faut-il appliquer cette réflexion à Dieu, si fort au-dessus de toutes les passions de l’homme et de tous les besoins. Il ne jouit de nous qu’en raison des bienfaits que nous recevons dé lui, du plaisir qu’il prend à notre salut. Voilà pourquoi, si souvent, il s’oublie pour vous. « Si un fidèle », dit l’apôtre, a une femme infidèle, « et si elle consent à demeurer avec lui, qu’il ne la renvoie pas. Celui qui renvoie sa femme, si ce n’est en cas d’adultère, la rend adultère ». (1Cor. 7,12 ; Mt. 5,32) Comprenez-vous l’ineffable bonté ? Si la femme est adultère, dit-il, je ne vous force pas à la cohabitation ; et si elle est infidèle, je ne l’interdis pas. Voyez encore ; dans le cas d’une offense, voici ce que j’ordonne : C’est qu’avant de m’apporter son offrande, celui qui a quelque chose contre quelqu’un, coure à qui l’a offensé : « Si, lorsque, vous présenterez votre offrande, vous vous souvenez que votre frère a quelque chose contre vous, laissez là votre don ; au pied de l’autel, et allez vous réconcilier