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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/204

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Montré, déclaré, jugé, confessé par le suffrage de tous, par les prophètes, par sa naissance inouïe selon la chair, par la puissance des miracles, par l’Esprit en qui il a donné la sanctification, par la résurrection qui a brisé la puissance de la mort.

« Par qui nous avons reçu la grâce et l’apostolat pour faire obéir à la foi (5) ». Voyez la reconnaissance du serviteur : il ne s’attribue rien, mais renvoie tout au Maître. Or le Seigneur lui-même a donné cet Esprit. Aussi disait-il : « J’ai encore bien des choses à vous dire, mais vous ne les pouvez porter à présent. Mais quand cet Esprit de vérité sera venu, il vous enseignera toute vérité ». (Jn. 16,12) Et encore : « Séparez-moi Paul et Barnabé ». (Act. 13,2) Et Paul nous dit dans l’Épître aux Corinthiens : « À l’un est donné par l’Esprit la parole de sagesse, à un autre la parole de science ». (1Co. 12,8) Et encore : « Lui-même distribue tout comme il veut ». (1Co. 12,11) Prêchant aux Milésiens, il leur dit : « Dans lequel l’Esprit-Saint vous a établis pasteurs et évêques ». Voyez-vous comme il attribue au Fils ce qui est à l’Esprit, et à l’Esprit ce qui est au Fils ? « La grâce et l’apostolat » ; c’est-à-dire, ce n’est pas nous qui avons mérité d’être apôtres. Ce n’est point par nos travaux et nos peines que nous avons obtenu cette dignité ; mais nous avons reçu la grâce, et ce ministère est un don d’en-haut. « Pour faire obéir à la foi ».

3. Ce n’était donc point là l’œuvre des apôtres, mais de la grâce qui les prévenait. Les voyages et la prédication étaient bien leur fait, mais la persuasion venait de Dieu qui agissait mieux ; comme saint Luc nous le dit : « Il a ouvert leur cœur » ; et encore : « Ceux à qui il avait été donné d’entendre la parole de Dieu. – Pour faire obéir ». Il ne dit point : Pour chercher, pour démontrer ; mais « Pour faire obéir ». Ce qui signifie : Nous n’avons pas été envoyés pour faire des raisonnements, mais pour rendre ce que nous avons reçu. Car quand le Maître prononce quelque chose, les auditeurs n’ont point à scruter et à s’enquérir curieusement, mais seulement à accepter. Les apôtres ont été envoyés pour dire ce qu’ils avaient entendu, et non pour y rien ajouter du leur ; et nous, nous n’avons qu’à croire. Et quoi croire ? « À son nom » (Act. 3,6) ; non pour nous livrer à des recherches curieuses sur sa substance, mais pour croire à son nom : car c’est ce nom qui opérait les miracles : comme il est écrit : « Au nom de Jésus-Christ, lève-toi et marche ». (Id) Ici il faut la foi, et nous ne pouvons rien comprendre par le raisonnement.

« Toutes les nations parmi lesquelles vous avez été, vous aussi, appelés par Jésus-Christ ». Quoi donc ? Paul a-t-il prêché à toutes les nations ? On voit clairement par ce qu’il écrit aux Romains, qu’il est allé de Jérusalem en Illyrie, et de là aux extrémités de la terre. Mais quand il ne serait pas allé partout, sa parole n’en serait pas moins vraie : car il ne parle pas seulement de lui, mais des douze apôtres et de tous ceux qui ont évangélisé après eux. D’ailleurs quand vous prouveriez qu’il parle de lui seul, vous ne pourriez encore le contredire, si vous tenez compte de son ardeur, et si vous considérez qu’il ne cesse de prêcher par toute la terre même après sa mort. Voyez comme il exalte la grâce de l’Évangile, et fait voir qu’il est grand et bien au-dessus de la première, car l’ancien ordre de choses ne regardait qu’un seul peuple, tandis que le nouveau a conquis la terre et la mer ! Voyez encore comme l’âme de Paul est éloignée de toute flatterie ! Il parle aux Romains qui se trouvaient comme placés à la tête de l’univers entier, et pourtant il ne leur accorde pas plus qu’aux autres nations ; bien qu’ils régnassent sur les autres, il ne leur attribue rien de plus dans l’ordre spirituel : nous vous prêchons, leur dit-il, comme à toutes les autres nations ; il les met au rang des Scythes et des Thraces ; sinon, il eût été inutile de dire : « Parmi lesquelles vous avez été, vous aussi ». Il fait cela pour détruire leur orgueil, corriger leur vanité, et leur apprendre qu’ils ne sont point au-dessus des autres. Aussi ajoute-t-il : « Parmi lesquelles vous avez été, vous aussi, appelés par Jésus-Christ (6) ». C’est-à-dire, avec lesquelles vous avez été. Il ne dit point : a appelé les autres avec vous, mais vous a appelés avec les autres. Car, si dans le Christ Jésus il n’y a ni esclave ni libre, à plus forte raison ni roi ni particulier : aussi avez-vous été appelés et vous n’êtes point venus de vous-mêmes.

« À tous ceux qui sont à Rome, aux bien-aimés de Dieu, appelés saints, grâce à vous et paix de la part de Dieu notre Père et de Notre-Seigneur Jésus-Christ ». Voyez comme il répète continuellement le mot d’appelé : « Appelé à l’apostolat ; parmi lesquelles vous