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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/224

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les espèces en particulier et avec hyperbole. « Pleins d’envie, de meurtre ». Car l’un naît de l’autre, comme on l’a vu pour Abel et pour Joseph. Puis, après avoir ajouté : « De l’esprit de contention, de fraude, de malignité, délateurs, détracteurs, haïs de Dieu, « insolents… (30) », et avoir rangé parmi les crimes des choses qui passent pour indifférentes aux yeux d’un grand nombre, il aggrave encore son accusation et porte, pour ainsi dire, le mal au faîte en disant : « Arrogants ». En effet, l’orgueil dans le péché est plus grave que le péché lui-même ; c’est pourquoi il fait ce reproche aux Corinthiens : « Et vous êtes gonflés d’orgueil ? » (1Cor. 5,2) En effet, si l’homme qui s’enorgueillit d’une bonne action, en perd tout le mérite, quel ne sera pas le châtiment de celui qui s’enorgueillit dans le péché ? Car la résipiscence lui devient impossible. Il continue : « Inventeurs de nouveaux crimes » ; faisant voir que non contents des maux qui existaient, ils en inventaient d’autres : preuve qu’ils agissaient avec préméditation et par calcul, et non par surprise et par entraînement. Après avoir détaillé les genres de malice et montré que là encore ils résistaient à la nature, « Désobéissants à « leurs parents », dit-il, il attaque le mal même à sa racine, en les appelant « Sans « affection, sans fidélité ». Le Christ avait aussi assigné cette origine au vice, en disant « Et parce que l’iniquité aura abondé, la charité d’un grand nombre se refroidira ». (Mt. 24,12) C’est ce que Paul dit ici, en les appelant : « Dissolus, sans affection, sans fidélité, sans miséricorde… (31) », et montrant qu’ils ont trahi les dons mêmes de la nature. Car nous avons un penchant naturel les uns pour les autres, lequel se retrouve même chez les animaux. « Tout animal aime son semblable et l’homme aime son prochain ». (Sir. 13,15) Mais ils ont été plus sauvages que les animaux.
Par là l’apôtre nous fait comprendre la maladie que de fausses croyances ont introduite dans le monde, et nous montre clairement que ce double mal est le fruit de la négligence des malades. Du reste il les déclare encore inexcusables ici, comme il l’a déjà fait à propos des croyances : ce qui lui fait dire : « Qui, ayant connu la justice de Dieu, n’ont pas compris que ceux qui font ces choses sont dignes de mort, et non seulement ceux qui les font, mais quiconque aussi approuve ceux qui les font… (32) ». Il pose ici deux objections et les détruit victorieusement. Pourquoi, leur dit-il, objecter que vous ne saviez pas ce qu’il fallait faire ? Quand cela serait, vous seriez encore coupables d’avoir abandonné le Dieu qui vous l’aurait fait connaître. Mais maintenant nous vous prouvons de plus d’une manière que vous lé saviez et que vous péchiez volontairement. Vous étiez, dites-vous, entraînés par la passion. Pourquoi alors coopérer au mal et l’approuver ? « Non seulement ceux qui les font, mais quiconque approuve aussi ceux qui les font ». Après avoir d’abord établi pour la détruire la supposition la plus grave, celle où le pardon ne peut s’admettre, (car celui qui approuve le péché est bien plus coupable que celui qui le commet) : après avoir, dis-je, d’abord établi ce point, il l’attaque encore plus vivement dans ce qui suit : « C’est pourquoi, ô homme, qui que tu sois, tu es inexcusable de juger. « Car en jugeant autrui, tu te condamnes toi-même (2, 1) ». Il parle ici comme à des princes : car Rome était alors chargée du gouvernement de l’univers. Il débute donc ainsi : Qui que vous soyez, vous vous ôtez tout moyen de défense : car en condamnant l’adultère, quand vous êtes vous-même adultère, bien que personne ne vous juge et ne vous condamne, vous avez porté contre vous la sentence dont vous frappez le coupable. « Nous savons, en effet, que Dieu juge selon la vérité ceux qui font ces choses (2) ». Pour que personne ne dise. J’ai cependant échappé, il les épouvante en disant qu’il n’en est pas devant Dieu comme devant les hommes. Ici l’un est puni, et l’autre, aussi coupable, échappe au châtiment ; là, il n’en est pas de même ; ce juge connaît la justice, nous dit l’apôtre ; il n’ajoute pas comment il la connaît : ce serait inutile. Il démontre donc ces deux points touchant l’impiété : Que l’impie faisait le mal quoiqu’il connût Dieu, et qu’il connaissait Dieu par la création. Mais comme cela n’était pas évident pour tout le monde, il en a donné la raison : ici il l’omet comme étant chose convenue. Toutefois quand il dit:.« Quiconque juge », il ne parlé pas seulement aux princes, mais aux particuliers et aux sujets.
2. Car tous les hommes, bien qu’ils ne soient pas sur le trône et n’aient à leur disposition ni