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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/259

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Voyez-vous que le meilleur est encore de souffrir l’injustice, quand elle devrait aller jusqu’au meurtre ? Apprenez que le pire est de la commettre, quand même on serait assez fort pour donner la mort. Caïn a frappé et abattu son frère, mais Abel a été couronné et Caïn a été puni ; Abel a été tué et immolé contre toute justice, mais, en mourant il accusait son frère, il le tuait, il s’en emparait ; et Caïn vivant gardait le silence, rougissait, était surpris en flagrant délit, et atteignait un résultat opposé à celui qu’il avait envié. En effet, il tuait son frère parce qu’il le voyait aimé ; et il se proposait de le priver de cet amour ; et au contraire, il n’a fait que l’augmenter, puisque Dieu s’attachait davantage à la victime, jusqu’à dire : « Où est ton frère Abel ? » (Id. 9) Bien loin d’avoir éteint l’amour par la jalousie, tu n’as fait que l’enflammer ; loin de diminuer son honneur par le meurtre, tu n’as fait que l’augmenter. Dieu l’avait d’abord fait ton inférieur ; mais puisque tu lui as donné la mort, du fond de son tombeau il se vengera contre toi : tant est grand l’amour que je lui porte. Quel est donc le condamné, de celui qui a puni, ou de celui qui a été puni ? De celui que Dieu honore jusqu’à ce point, ou de celui qui est livré à un supplice nouveau ? Tu ne l’as pas craint vivant, dis-tu ; crains-le donc mort ; tu n’as pas frémi en lui enfonçant le glaive, après avoir versé son sang, tu seras sous le poids d’une terreur continuelle ; vivant, il était ton serviteur et tu n’as pu le supporter : mort, il est devenu pour toi un maître redoutable. Pensons à cela, mes bien-aimés, et fuyons l’envie, éteignons la malice, aimons-nous mutuellement, afin de recueillir les fruits de la charité dans cette vie et dans l’autre, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartiennent la gloire et la force, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.


HOMÉLIE IX.


OR, CE N’EST PAS POUR LUI SEUL QU’IL A ÉTÉ ÉCRIT QUE CELA LUI FUT IMPUTÉ A JUSTICE, MAIS POUR NOUS AUSSI, A QUI IL SERA IMPUTÉ, SI NOUS CROYONS EN CELUI QUI A RESSUSCITÉ D’ENTRE LES MORTS JÉSUS-CHRIST NOTRE-SEIGNEUR. (IV, 23, 24, JUSQU’À V, 11)

Analyse.

  • 1. Justifiés par la foi, ayons désormais la pais avec Dieu par la sainteté de notre vie.
  • 2. Glorifions-nous non seulement dans l’espérance des biens qui nous sont promis, parce que les promesses divines ne sont pas trompeuses, mais glorifions-nous même des maux apparents de la vie présente.
  • 3. Qu’est-ce que Dieu nous peut refuser après qu’il nous a donné son Fils unique et le Saint-Esprit ?
  • 4. Aimer Dieu. – Peines et afflictions de la vie utiles à l’âme, et avantageuses pour le salut. – Avis pour bien supporter une affliction. – Bénir Dieu dans les maux. – Avis pour les malades.


1. Après avoir beaucoup parlé et dit de grandes choses d’Abraham, de sa foi, de sa justice, de l’honneur que Dieu lui a fait, de peur que l’auditeur ne dise. Qu’est-ce que cela nous fait ? C’est lui qui a été justifié ; il nous rapproche du patriarche. Telle est la vertu des paroles spirituelles. Le Gentil, le nouveau-venu, celui qui n’a rien fait, non seulement l’apôtre a affirmé qu’il n’est point au-dessous du Juif fidèle, mais pas même au-dessous du