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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/268

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tous ont été punis pour le péché d’un seul, de l’autre, tous ont pu être aussi justifiés par un seul. C’est pourquoi il ajoute : « Comme c’est donc par le péché d’un seul que tous les hommes sont tombés dans la condamnation, ainsi c’est par la justice d’un seul que tous les hommes reçoivent la justification de la vie ». Et il insiste encore là-dessus en ces termes : « Car de même que par la désobéissance d’un seul homme beaucoup ont été constitués pécheurs, de même aussi par l’obéissance d’un seul, beaucoup sont constitués justes (19, 19) ». Ces paroles semblent soulever une question assez grave ; mais avec un peu d’attention, on la résoudra sans peine. Quelle est donc cette question ? C’est que l’apôtre affirme que beaucoup sont devenus pécheurs par la désobéissance d’un seul. Qu’un homme ayant péché et étant devenu mortel, ses descendants le soient aussi, il n’y a rien là d’invraisemblable : mais qu’on détienne pécheur par la désobéissance d’un autre, est-ce logique ? Il semble que personne ne peut être puni que pour une faute personnelle.
3. Que signifie donc ici ce mot « pécheurs ? » c’est-à-dire, ce me semble, sujets au : châtiment et condamnés à mort. Qu’après la mort d’Adam nous soyons tous devenus mortels, l’apôtre l’a prouvé clairement et de plus d’une façon ; mais la question est de savoir pourquoi il en est ainsi. Il ne le dit pas encore, parce que le sujet actuel ne le comporte pas : il combat ici le Juif qui élève des doutes et se moque de la justice obtenue par un seul. C’est pourquoi, après avoir montré que le châtiment s’est, transmis d’un seul homme à tous, il n’en donne point encore la raison : car il n’aime pas les paroles inutiles et ne s’attache qu’au nécessaire. La loi de la discussion ne l’obligeait pas plus que le Juif à résoudre cette difficulté ; aussi la laisse-t-il sans solution que si quelqu’un de vous désire Dette solution, nous lui répondrons que bien loin de souffrir de la mort et de la condamnation, nous gagnons beaucoup, si nous sommes sages, à être devenus mortels : d’abord de ne pas pécher dans un corps immortel ; secondement, de trouver là mille motifs d’être sages. – En effet, la mort toujours présentée, toujours attendue, nous engage à être modérés, à être chastes, à nous contenir, à nous dégager de tous les vices. En outre, elle nous procure d’autres biens en grand nombre et plus considérables que ceux-là. Delà, en effet, les couronnes des martyrs, les palmes des apôtres ; par là Abel fut justifié et aussi Abraham après avoir immolé son fils ; par là Jean fut tué pour le christ ; par là les trois enfants et Daniel triomphèrent. Si nous le voulons, non seulement la mort, mais pas même le démon ne pourra nous nuire : Outre cela il faut encore dire que l’immortalité nous attend ; qu’après quelque temps d’épreuve, nous jouirons, en sécurité des biens à venir ; qu’exercés dans cette vie, comme à une école, par la maladie, l’affliction, la tentation, là pauvreté et fout ce qui semble être un mal, nous deviendrons aptes à posséder ces biens futurs.
« Mais la loi est survenue pour que le péché abondât (20) ». Après avoir montré que le monde a été condamné à cause d’Adam, puis sauvé et délivré de la condamnation par le Christ, il s’occupe très-à-propos de la loi et réfute l’opinion qu’ils en avaient non seulement, leur dit-il, elle n’a servi à rien, non seulement elle n’a été d’aucun secours, mais en survivant elle n’a fait qu’augmenter la maladie. – Le mot « Pour que » ne désigne point ici là cause, mais le résultat. Car elle n’a point été donnée pour augmenter le péché, mais pour le diminuer, et le détruire ; cependant le contraire est arrivé, non par la nature même de la loi, mais parla lâcheté de ceux qui l’ont reçue. Pourquoi ne dit-il pas : La loi a été donnée, mais « La loi est survenue ? » Pour indiquer que son utilité n’était que momentanée, et non majeure ni de première importance ; ce qu’il exprime déjà, mais d’une autre manière, dans son épître aux Galates : « Car avant que la foi vînt, nous étions sous la garde de la loi, réservés pour cette foi qui devait être révélée ». (Gal. 3,23) Ainsi ce n’était point pour elle-même, mais pour un autre, que la loi gardait le troupeau. En effet, comme les Juifs étaient grossiers, dissolus, attachés aux seuls dons qu’ils recevaient, la loi leur a été donnée pour les convaincre de leurs péchés, pour leur faire voir clairement en quel état, ils se trouvaient, pour renforcer l’accusation et resserrer encore leur lien. Toutefois ne craignez pas : ce n’est pas pour aggraver le châtiment que ceci a lieu, mais pour mieux faire apparaître la grâce. Aussi l’apôtre ajoute-t-il : « Où, le péché abonde ; la grâce a surabondé ». Il ne dit pas : A abondé, mais : « A surabondé ». Car non seulement