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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/284

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détruire la loi. De peur que ces deux points ne leur fussent une occasion de se négliger, il y a intercalé tout ce qu’il avait à dire de la vie régulière, excitant sans cesse l’auditeur à la pratique de la vertu. Après avoir appelé la mort solde du péché, il les effraie de nouveau et les fortifie contre l’avenir. Car par là même qu’il leur rappelle le passé, il les porte à la reconnaissance et les rend plus forts contre tes événements qui peuvent survenir. Après avoir traité ce point de morale, il revient ensuite à la question dogmatique, en disant : « Ignorez-vous, mes frères (je parle à ceux qui connaissent la loi), que la loi ne domine sur l’homme que pour autant de temps qu’elle vit ? » (7,1)
Après leur avoir dit que nous sommes morts au péché, il leur fait voir ici que non seulement ils ne sont plus sous l’empire du péché, mais pas même sous celui de la loi. Or si la loi ne les domine plus, à bien plus forte raison le péché. Mais adoucissant le torr, il rend cela sensible par un exemple tiré de l’ordre des choses humaines. Il semble bien ne dire qu’une chose, mais il donne deux preuves à l’appui : l’une, qu’après la mort de l’époux, la femme n’est plus soumise à son : autorité et que rien ne l’empêche de passer à un autre ; l’autre, qu’ici, non seulement l’époux est mort, mais aussi la femme ; en sorte qu’il y a une double liberté. Si en effet, après la mort du mari, la femme est affranchie de sa domination, à bien plus forte raison en est-elle affranchie si elle meurt elle-même. Car si l’une des deux suppositions lui rend la liberté, à bien plus, forte raison les deux réunies. Sur le point d’aborder cette démonstration, il commence par un éloge adressé à ses auditeurs en disant : « Ignorez-vous, mes frères ? je parle à ceux qui connaissent la foi… », c’est-à-dire, je parle d’une chose évidente, reconnue par tout le monde, et à des gens qui connaissent tout cela parfaitement. Ignorez-vous « Que la loi domine sur l’homme pendant le temps qu’elle vit ? » Il ne dit pas : Sur le mari, ni sur la femme, mais : « Sur l’homme », expression qui renferme les deux sexes. « Car celui qui est mort », dit-il, « est justifié du péché ». Donc la loi est faite pour les vivants, et non pour les morts. Voyez-vous comme il fait voir que la liberté est double ? Après avoir fait allusion à cela dès le début, il en vient à la preuve tirée de la femme, et dit : « Car la femme qui est soumise à un mari, le mari vivant, est liée par la loi ; mais si son mari meurt, elle est affranchie de la loi du mari. Donc son mari vivant, elle sera appelée adultère, si elle s’unit à un autre homme ; mais si son mari meurt, elle est affranchie de la loi du mari, de sorte qu’elle n’est point adultère, si elle s’unit à un autre homme (2, 3) » :
Il revient souvent et avec jan soin particulier à cette comparaison, parce qu’il a grande confiance dans son argumentation. Il compare la loi au mari, et les sujets de la loi à la femme. Mais sa conclusion n’est point en rapport avec sa proposition : car il eût été logique de dire : Donc, mes frères, la loi ne dominera plus sur vous, car elle est morte. Il ne dit pas cela seulement, il le fait entendre dans sa proposition ; mais enfin dans sa déduction, pour ne pas être trop désagréable, il introduit la comparaison de la femme-morte, en disant : « Ainsi, mes frères, vous aussi, vous êtes morts à la loi », Puisque l’un et l’autre événement procuraient la même liberté, qu’est-ce qui empêchait de faire à la loi une concession qui ne nuisait pas à la preuve ? « Car la femme qui est soumise à un mari ; le mari vivant ; est, liée par la loi ». Où sont maintenant ceux qui calomnient la foi ? qu’ils apprennent comment Paul, forcé d’en parler, ne lui ôte point sa dignité, mais parle magnifiquement de son autorité, puisque tant qu’elle a vécu, le Juif était lié, et qu’on appelait adultère ceux qui la transgressaient ou l’abandonnaient ; et si Paul l’abandonne lui-même depuis qu’elle est morte, il n’y a rien d’étonnant, puisque chez les hommes une telle conduite n’est point blâmée. « Mais si son mari meurt, elle est affranchie de la loi du mari ».
3. Voyez-vous comme il montre par cet exemple que la loi est morte ? Mais il ne le dit point dans sa conclusion. « Donc, son mari vivant, elle sera appelée adultère ». Voyez comme il persiste à accuser ceux qui transgressaient la loi, quand – elle était vivante. Mais comme il l’a déclarée abrogée, il peut en toute sécurité et sans aucun préjudice lui rendre foi et hommage. « Car », dit-il, « son mari vivant, la femme sera appelée adultère, si elle s’unit à un autre homme ».
« Ainsi, mes frères, vous aussi… (4) ». La conséquence était : La loi étant morte, vous ne serez plus accusé d’adultère, si vous vous