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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/29

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le témoignage que nous rend notre conscience ? Elle nous dit. « que nous avons vécu dans la simplicité et la sincérité ». C’est-à-dire, que nous n’avons point trompé, que nous n’avons point été hypocrites, ni dissimulés, ni flatteurs, que nous n’avons jamais dressé d’embûches, ni tendu de pièges, ni commis d’injustices en quoi que ce soit ; que nous allons toujours agi avec franchise et droiture, avec une intention pure et exempte de toute malice, de toute ruse, au grand jour et sans aucune dissimulation. « Non pas avec la sagesse de la chair », c’est-à-dire, non pas avec méchanceté et perversité, non pas avec l’habileté du langage, et la subtilité des sophismes car c’est là ce qu’il appelle la sagesse de la chair. Les faux apôtres mettaient en cela toute leur gloire ; saint Paul repousse et rejette bien loin tous ces artifices ; et il s’applique à faire voir qu’on ne doit point s’en glorifier, puisque lui-même, loin de les rechercher, les écarte et les déclare honteux. « Mais nous avons vécu selon la grâce de Dieu ». Que veulent dire ces paroles : « selon la grâce de Dieu ? » Cette sagesse et cette puissance qu’il nous a données, nous la manifestons par des miracles. Bien plus, nous qui sommes sans instruction, dénués de toute science profane, nous triomphons des savants, des orateurs, des philosophes, des rois et des peuples. Quel motif de consolation, quel sujet de gloire pour l’apôtre et son disciple de pouvoir se dire qu’ils n’ont pas eu recours à la puissance de l’homme, pour faire le bien, mais uniquement à la grâce du Seigneur !
« Dans le monde », non pas seulement à Corinthe, mais dans tout l’univers. « Mais plus abondamment auprès de vous ». Qu’est-ce à dire : « plus abondamment auprès de vous ? » Ces paroles se rattachent aux précédentes : « Nous avons vécu selon la grâce de Dieu ». Car chez vous nous avons fait des prodiges et des miracles, nous y avons déployé plus de zèle et mené une vie irréprochable. C’est là encore un effet de la grâce de Dieu ; c’est à elle qu’il attribue ses bonnes œuvres. A Corinthe, l’apôtre était allé plus loin que les préceptes : pour épargner leur faiblesse, il leur avait annoncé l’Évangile, sans rien recevoir d’eux. – « Nous ne vous écrivons rien autre chose que ce que vous lisez ou connaissez déjà (13) ». L’apôtre vient de se rendre à lui-même un magnifique témoignage, et pour ne point scandaliser les Corinthiens, il en appelle à leurs propres souvenirs. Ce n’est pas un vain étalage de paroles, dit-il ; tout ce que nous vous disons, vous le savez déjà ; et vous pouvez mieux que tous les autres rendre témoignage de notre sincérité. En lisant notre lettre, vous reconnaissez que nous ne faisons que rappeler des choses bien connues de vous. Vous ne pouvez nous contredire ; mais tout ce que vous savez est parfaitement, d’accord avec ce que vous lisez : « Car vous nous connaissez, en partie du moins (14) ». C’est par modestie qu’il écrit ces derniers mots. Ces restrictions lui sont en effet habituelles, quand il est obligé de faire son propre éloge : il ne les emploie pas en d’autres circonstances ; et si alors il en fait usage, c’est pour écarter tout soupçon d’orgueil. – « Or, j’espère que vous me connaîtrez jusqu’à la fin ».
2. Voyez-vous comment le passé garantit l’avenir, non seulement le passé, mais encore la puissance de Dieu ? Il n’affirme rien d’une manière absolue, mais c’est en Dieu qu’il met toute son espérance. « Vous connaissez que nous sommes votre gloire, comme vous êtes la nôtre, au jour de Jésus-Christ Notre-Seigneur ». Si les précédentes paroles avaient soulevé quelque mécontentement, tout mécontentement doit disparaître, maintenant qu’il associe les Corinthiens à ses œuvres et à sa gloire. Ces œuvres, elles ne sont pas seulement notre partage, dit-il, mais elles vous appartiennent aussi, et nous nous en renvoyons mutuellement la gloire. Il venait de faire son propre éloge. Le passé, disait-il, est une garantie pour l’avenir : il ne veut ni les scandaliser, ni les mécontenter, ainsi que je l’ai dit ; et c’est pourquoi maintenant il les fait entrer en participation de sa gloire et du mérite de ses bonnes œuvres. Notre gloire, dit-il, est aussi la vôtre ; et en retour, à la vue de vos triomphes, nous tressaillons d’allégresse et nous partageons vos trophées. N’y a-t-il pas dans ces paroles une nouvelle preuve de son humilité ? Ce n’est pas un maître qui parle à ses disciples, mais un disciple qui s’entretient avec ses condisciples sur le ton d’une amicale familiarité..
Mais voyez maintenant comme il les élève haut, quelle philosophie sublime il leur enseigne, en les renvoyant à ce terrible jour des jugements de Dieu ! Ne me parlez point du présent, leur dit-il, ni des outrages, ni des injures,