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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/335

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d’ignominie ? » Gardez-vous d’entendre cela d’un travail d’ouvrier ni d’une nécessité imposée à la volonté, mais du pouvoir de la Providence et de ses différentes manières d’agir. Et si nous ne l’entendions pas ainsi, il s’ensuivrait plus d’une absurdité. En effet, si cela voulait dire que la volonté est forcée, Dieu serait l’auteur du bien et du mal, et l’homme ne pourrait jamais être coupable : en quoi Paul se contredirait, lui qui partout attribue du mérite à la bonne volonté. L’apôtre n’a donc point d’autre but ici que de convaincre l’auditeur qu’il faut en tout céder à Dieu, et ne jamais lui demander compte de rien. De même, nous dit-il, que 1e potier fait de la même masse ce qu’il lui plaît, sans que personne y trouve à redire : ainsi ne jugez point témérairement ne scrutez point, quand, dans la même race d’hommes, Dieu punit les uns et honore les autres ; mais adorez simplement et imitez l’argile ; et comme l’argile obéit à la main du potier, ainsi soumettez-vous à la volonté de Celui qui règle tout cela. Car il ne fait rien au hasard, rien sans but, bien que vous ne pénétriez pas les secrets de sa sagesse. Vous permettez au potier de faire des vases différents avec la même masse et vous ne l’en blâmez point ; et vous demandez compte à Dieu de ses punitions et de ses récompenses vous ne lui permettez pas de discerner qui est digne ou indigne, et parce que la niasse est composée d’une même substance, vous voulez que les volontés soient toutes les mêmes ? Quelle folie que celle-là ! Or, dans le vase à potier, l’honneur ou l’ignominie ne sont pas le résultat de la masser mais de l’usage auquel le vase est employé ; ainsi en est-il en fait de volontés. Du, reste, comme je l’ai dit, le seul point à saisir dans cet exemple est celui-ci qu’il ne faut pas disputer avec Dieu, mais tout abandonner à son incompréhensible sagesse. D’ailleurs il faut que les exemples dépassent le but que l’on se propose et pour lequel on les produit, afin de frapper davantage l’auditeur ; car s’il en était autrement, s’ils n’étaient pas hyperboliques, ils ne pourraient pas frapper le contradicteur et le couvrir de confusion. C’est donc par une habile exagération que Paul a réfuté une objection déplacée ; après quoi il aborde la solution. Quelle est cette solution ?
« Que si Dieu voulant manifester sa colère et signaler sa puissance, a supporté avec une patience extrême les vases de colère propres à être détruits ; afin de manifester les richesses de sa gloire sur les vases de miséricorde qu’il a préparés pour la gloire, en nous qu’il a de plus appelés, non seulement d’entre les Juifs, mais aussi d’entre les gentils (22-24 »). Voici ce que cela veut dire : Pharaon était un vase de colère, c’est-à-dire un homme qui excitait la colère de Dieu par sa dureté personnelle ; car après avoir été l’objet d’une longue patience, il n’en était pas devenu meilleur et était resté incorrigible, voilà pourquoi Paul l’appelle non seulement vase de colère mais propre à être détruit, c’est-à-dire préparé pour la destruction, par lui-même, cependant, et de sa faute. Car Dieu n’avait rien négligé de ce qui pouvait le corriger, et lui n’avait rien, négligé de ce qui pouvait le perdre et lui ôter tout espoir de pardon. Bien que Dieu sût cela, il déploya néanmoins une grande patience à son égard, dans le désir de l’amener à pénitence ; en effet sans ce désir, il n’eût pas montré tant de longanimité. Mais comme Pharaon ne voulut point user de cette patience pour venir à résipiscence, qu’il se prépara lui-même à être un vase de colère, Dieu se servit de lui pour l’instruction des autres, pour les rendre plus vigilants par le châtiment qu’il lui infligea ; et faire ainsi éclater sa puissance. Que Dieu n’aime point à manifester ainsi sa puissance, mais qu’il préfère la signaler par des bienfaits, par des actes de libéralité, c’est ce que Paul a fait voir plus haut de toutes les manières. Car si Paul lui-même n’aime pas à être puissant de cette façon ; « Non pas », dit-il quelque, part, « pour que nous paraissions nous-mêmes approuvés, mais que vous fassiez-vous, ce qui est bon » (2Cor. 13,7) ; à bien plus forte raison Dieu. Mais Dieu ayant montré une grande patience pour amener Pharaon au repentir, et Pharaon ne s’étant point converti, Dieu le supporte encore longtemps, pour faire éclater tout à la fois sa bonté et sa puissance, puisque ce prince ne voulait pas profiter de tant de longanimité. De même donc que Dieu a prouvé sa puissance en punissant un incorrigible ; ainsi a-t-il fait voir sa bonté en prenant pitié de ceux qui avaient grandement péché, mais qui s’étaient repentis.
9. L’apôtre ne dit pas : La bonté, mais « La gloire », pour montrer que c’est là qu’éclate principalement la gloire de Dieu et que Dieu y tient plus qu’à tout le reste. Mais quand il dit : « Qu’il a préparés pour la gloire », il n’entend