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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/347

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le prophète s’en allait avec eux, pour les montrer, les proclamer et dire : Voilà ceux que j’ai annoncés dès les anciens temps, ceux dont j’ai chanté les pieds à cause de l’objet de leur prédication. Il est donc clair que s’ils n’ont pas cru, c’est de leur faute : car Dieu a tout fait de son côté.
« Mais tous n’ont pas obéi à l’Évangile. Car Isaïe dit : Seigneur, qui a cru à ce qu’il a ouï de nous ? Donc la foi vient par l’audition et l’addition par la parole de Dieu » (16, 17) On faisait une autre objection en disant : Si ceux-là étaient les envoyés, et les envoyés de Dieu, comment n’ont-ils pas persuadé tout le monde ? Or, voyez la prudence de Paul, et comme il démontre que ce qui causait le trouble des incrédules était précisément ce qui devait l’empêcher. Qu’est-ce qui vous scandalise ? ô Juif, leur dit-il. Vous vous étonnez de ce que tous n’ont pas cru à l’Évangile, après un témoignage d’une telle nature, d’une telle autorité, après la démonstration par les faits ? C’est précisément ce fait que tous n’ont pas obéi, qui, joint aux autres preuves, doit vous faire ajouter foi à ce que nous disons. Car le prophète l’avait prédit dès les temps anciens. Voyez – cette admirable sagesse, comme il démontre plus qu’on ne s’y attendait, plus qu’on n’en pouvait réfuter. Qu’objectez-vous ? leur dit-il. Que tous n’ont pas obéi à l’Évangile ? Mais Isaïe l’avait annoncé d’avance ; il avait non seulement annoncé cela, mais beaucoup plus encore. En effet, vous objectez que tous n’ont pas obéi à l’Évangile ; or, Isaïe en a prédit davantage. Que dit-il donc ? « Seigneur, qui a cru à ce qu’il a ouï de nous ? »
Ensuite, après avoir détruit cette cause de trouble en citant le témoignage du prophète, Paul revient à son premier sujet. En effet, après avoir dit qu’il faut pour se sauver invoquer le nom de Jésus-Christ, que, pour l’invoquer, il faut croire, que pour croire, il faut entendre, que pour entendre, il faut des prédicateurs à qui on prête l’oreille ; que pour prêcher il faut être envoyé, et avoir démontré que des prédicateurs ont été envoyés et que la prédication a eu lieu ; sur le point de présenter une autre objection, il prend occasion de l’autre témoignage du prophète, qui lui a servi à résoudre l’objection qu’il vient dé rapporter, et il rattache et entrelace ainsi la seconde objection à la première. En effet, comme il a cité cette parole du prophète : « Seigneur, qui a cru à ce qu’il a ouï de nous ? » Saisissant à propos ce témoignage, il dit : « La foi vient donc par l’audition ». Il ne se contente pas de dire cela ; mais comme en tout temps les Juifs demandaient continuellement des miracles, et voulaient tous les jours voir ressusciter des morts, il leur dit que le prophète a annoncé que la foi doit nous venir par l’audition. Voilà pourquoi il commence par là et dit : « La foi vient donc par l’audition ». Ensuite, comme ce point paraissait de peu d’importance, voyez comme il le relève : Je ne prétends pas simplement, dit-il, qu’il faut écouter, ni qu’il faut écouter des paroles humaines et y croire, mais je parle d’une audition de grande importance : L’audition de la parole de Dieu. Car les apôtres ne parlaient pas d’eux-mêmes, mais ils annonçaient ce qu’ils avaient appris de Dieu : ce qui est le plus grand des miracles. Car il faut également croire et obéir à Dieu, soit qu’il parle, soit qu’il fasse des prodiges. Car les œuvres et les miracles sont les fruits de sa parole, puisque c’est ainsi que le ciel et la terre ont été créés.
2. Après avoir démontré qu’il faut croire aux prophètes qui annoncent toujours la parole de Dieu et qu’il ne faut rien demander de plus que l’audition, il produit l’objection dont j’ai parlé et dit : « Cependant, je le demande : est-ce qu’ils n’ont pas entendu ? » – Mais, dira-t-on, si les prédicateurs ont été envoyés, et s’ils ont prêché ce qu’ils avaient reçu l’ordre de prêcher, et qu’on n’ait point entendu ? – Voici la solution complète de l’objection. « Certes, leur voix a retenti par toute la terre, et leurs paroles jusqu’aux extrémités du monde (18) ». Que dites-vous ? Demande-t-il. Ils n’ont pas entendu ? Le monde entier et les extrémités de la terre out entendu et vous chez qui les prédicateurs ont passé si longtemps, de la race desquels ils étaient, vous n’avez pas entendu ? Est-ce possible ? Si les extrémités de la terre ont entendu, à plus forte raison vous.
Puis vient une autre objection. « Je demande encore : Est-ce qu’Israël n’a point connu (19) ?  » Et que direz-vous s’ils ont entendu et qu’ils n’aient point compris ce qu’on disait ni su que les prédicateurs étaient envoyés de Dieu ? Cette ignorance ne les excuse-t-elle pas ? Nullement. Car Isaïe a caractérisé les prédicateurs en disant : « Qu’ils