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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/389

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HOMÉLIE XXIV.

SACHANT DE PLUS, QUE LE TEMPS PRESSE, ET QUE C’EST L’HEURE DE NOUS RÉVEILLER DE NOTRE ASSOUPISSEMENT. (XIII, JUSQU’À LA FIN DU CHAPITRE)

Analyse.

  • 1. De la nécessité de se réveiller, parce que le jour approche.
  • 2. Sur les œuvres de ténèbres et sur les armes de lumière. — Se revêtir de Jésus-Christ. —. Contre les débauches, l’ivresse, l’impudicité.
  • 3. Contre ceux qui se croient éveillés et qui dorment ; le démon, voleur de nuit, perçant les murs, égorgeant ceux qui sont couchés, dévastant toute la maison.
  • 4. Des festins : contre les orgies, tableaux divers ; qu’est-ce que se revêtir de Jésus-Christ ?

1. Après leur avoir donné tous les préceptes convenables, il les excite à la pratique du bien par la considération de l’urgence. Le jugement, dit-il, est à nos portes ; c’est ainsi qu’il écrivait aux Corinthiens : « Le temps est court » (1Co. 7,29), et aux Hébreux : « Encore un peu de temps, et celui qui doit venir, viendra et ne tardera pas ». (Heb. 10,37) Mais, dans ces lettres, il ranimait les fidèles au milieu de leurs épreuves ; ses paroles avaient pour but de rafraîchir les combattants inondés de sueur, de les consoler des persécutions qu’ils subissaient coup sur coup ; ici, au contraire, l’apôtre réveille des endormis ; car voilà la double utilité que nous pouvons retirer de ses réflexions. Mais que signifie ce qu’il dit : « Que c’est l’heure de nous réveiller de notre assoupissement ? » Cela veut dire, la résurrection approche ; le jugement redoutable approche ; le jour approche qui sera comme un four embrasé, il faut enfin secouer notre engourdissement. « Puisque nous sommes plus proches de notre salut que lorsque nous avons reçu la foi ». Voyez-vous comme il leur montre déjà la résurrection ? Le temps marche, dit-il, la vie présente se consume, la vie à venir se rapproche de nous. Si donc vous êtes prêt, si vous avez accompli toutes les prescriptions, voici le jour du salut ; si vous n’en avez rien fait, il n’en est pas de même. Mais, jusqu’à ce moment, ce ne sont pas les pensées tristes, mais les pensées riantes qui lui fournissent ses exhortations ; et, par ce moyen, il les affranchit de tout regret des choses présentes. Ensuite, comme il était à croire qu’ils avaient été plus ardents au commencement, quand leur ferveur était dans toute sa force ; qu’à la longue leur zèle s’était refroidi, l’apôtre leur dit que c’est une disposition toute contraire qu’ils doivent faire paraître ; qu’ils ne doivent pas se relâcher au fur et à mesure que le temps avance, mais bien plutôt montrer plus d’ardeur que jamais. C’est en effet quand le roi est sur le point d’arriver qu’il convient de faire de plus grands préparatifs ; c’est quand l’heure des prix approche, qu’il convient de s’animer le plus aux combats ; ainsi font les coureurs ; c’est vers la fin de la course, au moment de recevoir les prix, qu’ils s’animent le plus. Voilà pourquoi l’apôtre dit : « Puisque nous sommes plus proches de notre salut que lorsque nous avons reçu la foi. La nuit est déjà fort avancée, et le jour s’approche (12) ».

Donc si la nuit s’en va, si le jour approche, faisons désormais les œuvres du jour, non celles de la nuit. C’est la conduite que nous tenons dans la vie ordinaire ; quand nous voyons venir le point du jour qui hâte le départ de la nuit, quand nous entendons chanter l’hirondelle, chacun de nous réveille son voisin, quoique la nuit n’ait pas encore disparu ; quand elle a tout à fait cédé la place au