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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/394

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que compromettre une santé que la mollesse énerve. Pour qu’elle soit l’heureux véhicule de votre âme, pour que le pilote tienne ferme le gouvernail, pour que le soldat manie facilement ses armes, sachez bien disposer toutes choses. Ce n’est pas la richesse, c’est le petit nombre des besoins, qui met l’homme hors d’atteinte. Le riche, même quand il n’éprouve aucune perte, a peur d’en éprouver ; le pauvre, même quand il subit l’injustice, est mieux disposé que ceux qu’on n’a pas lésés, et grâce à son esprit, il ressent mieux l’allégresse et la joie. Donc ne cherchons pas à nous préserver des outrages, mais à rendre impossibles les outrages que l’on voudrait nous faire. Or nous n’y réussirons qu’à la condition de nous contenir dans les limites du nécessaire, sans rien désirer par de là. C’est ainsi qu’il nous sera donné de goûter même ici-bas les plaisirs, et d’obtenir les biens futurs, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient, comme au Père, comme au Saint-Esprit, la gloire, la puissance, l’honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE XXV.


CELUI QUI EST ENCORE FAIBLE DANS LA FOI, RECEVEZ-LE AVEC CHARITÉ SANS CONTESTER AVEC LUI. CAR L’UN CROIT QU’IL LUI EST PERMIS DE MANGER DE TOUTES CHOSES ; ET L’AUTRE, AU CONTRAIRE, QUI EST FAIBLE DANS LA FOI, NE MANGE QUE DES LÉGUMES. (XIV, 1, JUSQU’À 13)

Analyse.

  • 1-3. Des chrétiens judaïsants ; conduite à tenir avec eux. – Des effets de la réprimande indirecte ; exemple donné par saint Paul. – Ne pas prendre les intérêts de Dieu plus qu’il ne fait lui-même. – De la diversité de conduite chez ceux qui veulent tous également plaire au Seigneur. – Ne point se juger les uns les autres.
  • 4-6. Éviter, sur toute chose, d’être un sujet de scandale. – Pourquoi Dieu, dans ce monde, punit les uns et non les autres. – De l’enfer ; qu’il existe.


1. Je sais que le grand nombre trouvent ce passage difficile. Aussi est-il nécessaire d’exposer d’abord tout ce qui fait le sujet de ce texte, tout ce que l’apôtre s’est proposé, par ces paroles, de corriger et de redresser. Que veut-il donc corriger ? On comptait, parmi les fidèles, un grand nombre de Juifs qui, retenus par l’ancienne loi, même après avoir reçu l’Évangile, gardaient encore les observances relatives aux aliments, parce qu’ils n’osaient pas rompre entièrement avec la loi. En outre, pour ne pouvoir pas être convaincus de ne s’abstenir que de la viande du porc, ils s’abstenaient de toute espèce de viandes, ne mangeaient que des légumes, afin qu’on pût croire qu’ils pratiquaient un jeûne plutôt qu’une observance légale. D’autres, au contraire, plus avancés, ne pratiquaient aucune abstinence, et attaquaient, outrageaient, querellaient, tourmentaient ceux qu’ils voyaient s’abstenir des viandes, et ils leur rendaient la vie insupportable. Le bienheureux Paul eut donc peur que, pour vouloir corriger un petit travers, on n’arrivât à tout bouleverser, et que ceux qu’on prétendait amener à l’indifférence en fait d’aliments ne finissent par abandonner la foi, que, par un zèle inconsidéré qui cherche à tout corriger avant le temps, on ne portât