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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/400

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quel châtiment n’ont-ils pas subi, vous le savez tous ». (Act. 5,1) Ne voyez-vous pas tous le : jours des calamités publiques ? Ne sont-ce pas là des réalités ? Ne voyez-vous pas même encore maintenant des malheureux que la faim consume ? Ne voyez-vous pas des lèpres, d’autres maladies encore ? Des vies qu’afflige une indigence perpétuelle ? Et ceux qui souffrent mille maux insupportables ?
Comment serait-il juste que les uns fussent frappés, que les autres ne fussent pas frappés ? Si Dieu n’est pas injuste, et il est certain que Dieu n’est pas injuste, il est absolument nécessaire que vous soyez puni de vos péchés ; si son amour pour les hommes lui défend de les punir, selon vous, tels et tels ne devaient donc pas être punis. C’est donc pour confondre cette fausse espérance des pécheurs que Dieu punit dès ici-bas tant de monde. C’est afin que si vous ne croyez pas aux menaces, vous croyiez au moins aux supplices réellement infligés ; il y a une autre raison encore : comme les anciennes vengeances nous inspirent moins de terreur, Dieu les renouvelle de siècle en siècle pour réveiller les lâches. Mais pourquoi, dira-t-on, ne pas châtier ici-bas tous les hommes ? C’est pour donner aux autres le temps du repentir. Pourquoi n’attend-il pas l’autre vie pour les, punir tous ? C’est afin qu’on ne doute pas, de sa providence. Que de brigands ont été pris, et combien sont partis d’ici-bas, sans avoir été punis ? Où est donc la bonté de Dieu, où est la justice de son jugement ? Car à présent, c’est moi qui ai le droit de vous interroger. Si personne absolument n’avait été puni, vous pourriez vous prévaloir de cette observation ; mais s’il est vrai que les uns sont punis, que les autres ne le sont pas, même pour des péchés plus graves, peut-il être raisonnable que les mêmes fautes n’entraînent pas les mêmes expiations ? Peut-on soutenir que ceux qui ont été punis ne l’ont pas été injustement ? Pourquoi donc tous ne sont-ils pas châtiés ici-bas ? Écoutez la justification que vous fait entendre le Christ, à ce sujet.
Quelques hommes ayant été tués par la chute d’une tour, certaines personnes ne savaient que penser, Jésus leur dit : « Pensez-vous que ce fussent les plus grands pécheurs ? Non, je vous en assure ; mais si vous ne faites pas pénitence, vous tous, vous périrez semblablement » (Lc. 13,3) ; exhortation pour nous à ne pas prendre confiance lorsque les autres étant punis, nous qui sommes de si grands coupables, nous ne subissons pas de punition. Car, si nous ne changeons pas, nous serons punis sans aucun doute. – Et pourquoi, dira-t-on, une punition éternelle pour si peu de temps qu’ici-bas nous avons péché ? – Et pourquoi l’homme qui a mis si peu de temps ici-bas à commettre un meurtre, et qui n’en a commis qu’un, est-il condamné pour toujours à la peine des mines ? – Mais Dieu n’agit pas de même, répond-on. Comment donc se fait-il qu’il – ait retenu, pendant trente-huit ans, le paralytique sous le coup d’un châtiment si rigoureux ? La preuve qu’il le punissait de ses péchés, écoutez, le Christ l’a donnée lui-même : « Vous voyez que vous êtes guéri, ne péchez plus à l’avenir, de peur qu’il ne vous arrive quelque chose de pis ». (Jn. 5,14), Toutefois, direz-vous, le châtiment a eu un terme. Mais, dans l’autre monde, les choses ne se passeront pas de même : châtiment sans fin ; écoutez le Christ : « Leur ver ne mourra point, leur feu ne s’éteindra point ». (Mc. 9,44) Et encore : « Ils iront, ceux-ci dans la vie éternelle, ceux-là dans l’éternel supplice ». (Mt. 25,46) Si la vie est éternelle, le supplice aussi est éternel. Voyez les menaces qu’il a faites aux Juifs ? N’ont-elles pas eu leur effet ? N’ont-elles été que vaines paroles ? « Il n’en restera pas pierre sur pierre ». (Mt. 24,2) En est-il resté ? Et encore, quand le Christ a dit : « L’affliction de ce temps-là sera si grande qu’il n’y en a pas eu de pareille ? » (Id. 5,21) L’événement a-t-il eu lieu ? Lisez l’histoire de Josèphe, et vous pourrez à peine respirer, rien qu’au récit de ce qu’ils ont souffert pour leurs fautes. Ce que j’en dis, ce n’est pas pour vous affliger, c’est pour vous rendre plus fermes dans votre marche ; je ne veux pas par d’inutiles caresses vous conduire à d’affreux malheurs. Car enfin, je vous le demande, ne méritez-vous pas un châtiment si vous péchez ? Ne vous a-t-il pas tout prédit ? Ne vous a-t-il pas menacé ? Ne vous a-t-il pas inspiré des craintes ? N’a-t-il pas tout fait pour votre salut à vous ? Ne vous a-t-il pas donné l’eau qui régénère, ne vous a-t-il pas remis tout ce que vous aviez fait auparavant ? Après cette rémission, après cette ablution, ne vous a-t-il pas encore donné, à vous pécheur, le secours de la pénitence ? Ne vous a-t-il pas encore, même après tous ces dons,