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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/403

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HOMÉLIE XXVI.


JE SAIS ET JE SUIS PERSUADÉ, DANS LE SEIGNEUR JÉSUS, QUE RIEN N’EST IMPUR DE SOI-MÊME, ET QU’IL N’EST IMPUR QU’A CELUI QUI LE CROIT IMPUR. (XIV, 14, JUSQU’À 24)

Analyse.

  • 1 et 2. II n’y a rien d’impur dans la nourriture ; toute l’impureté consiste à en faire usage lorsqu’on croit que la nourriture est impure. – Éviter de faire, de cette question, nu sujet de scandale. – Avant tout, la paix, la joie, la concorde dans le Seigneur. – Il vaut mieux même s’abstenir des aliments purs, que de forcer le prochain à manger des aliments qu’il a tort de regarder comme impurs.
  • 3 et 4. Laisser Dieu agir. – Jamais la vraie religion n’a été plus facile à découvrir. – Éloge de la piété d’Abraham, en dépit des profondes ténèbres de son temps. – Tous connaîtront Dieu, depuis le plus petit jusqu’au plus grand. – De la conduite que les chrétiens doivent tenir pour amener, par l’exemple de leur vie, les païens à la religion.


1. Après avoir réprimandé d’abord celui qui jugeait son frère, et l’avoir ainsi détourné de l’habitude d’adresser au prochain des paroles amères, il prononce sur le dogme, et instruit paisiblement le moins avancé ; et il montre, dans l’accomplissement de cette tâche, une grande douceur. Il ne parle point de punition, ni de rien de pareil ; mais il écarte seulement toute espèce de crainte en cette affaire, afin que l’on écoute plus facilement ses paroles. Il dit donc : « Je sais, et je suis persuadé ». Ensuite, pour qu’un de ceux qui ne croyaient pas encore, ne lui dise pas : Et que nous importe que vous soyez persuadé ? Vous n’avez pas assez d’autorité pour vous opposer à, une loi si digne de nos respects, à des oracles appointés d’en haut ; l’apôtre ajoute : « Dans le Seigneur » : C’est-à-dire, c’est d’en haut que me vient ce que je sais, c’est du Seigneur que je tiens ma persuasion ; n’y voyez pas l’opinion d’un homme. Eh bien donc, de quoi êtes-vous persuadé, et que savez-vous ? Parlez. « Que rien n’est impur de soi-même ». Par le fait de la nature, dit-il, rien n’est souillé ; ce qui produit la souillure, c’est l’intention de celui qui use des choses ; c’est pour celui-là seul qu’il y a souillure, et non pour tous. « Rien n’est impur », dit l’apôtre, « qu’à celui qui le croit impur ». Pourquoi donc ne pas corriger son frère, pour qu’il ne croie pas la chose impure ? Pourquoi ne pas détourner de la croyance qui lui est habituelle, pourquoi ne pas user d’autorité afin qu’il ne rende pas, par sa manière de penser, la chose impure ? Je crains, dit l’apôtre, de l’affliger : aussi ajoute-t-il : « Mais si, en mangeant de quelque chose, vous attristez votre frère, dès lors vous ne vous conduisez plus par la charité (15) ».
Voyez-vous comme l’apôtre se concilie les cœurs ? Il montre au chrétien faible qu’il a pour lui tant de considération que, pour ne pas l’affliger, il n’ose pas même lui prescrire ce qui est cependant très-nécessaire, qu’il aime mieux l’attirer par une condescendance pleine de charité. Et, après avoir écarté de lui la crainte, il ne lui fait pas violence, mais il le laisse entièrement maître de sa conduite. Car l’avantage de faire renoncer à un genre de nourriture, ne vaut pas l’inconvénient d’attrister son frère. Voyez-vous jusqu’où il porte le zèle de la charité ? L’apôtre sait bien que la charité peut tout redresser. Voilà pourquoi il réclame, ici, une plus grande vertu des fidèles. non seulement, dit-il, vous ne devez pas user de contrainte à l’égard de ceux qui sont faibles, mais s’il faut même user de condescendance, vous ne devez pas hésiter. Voilà pourquoi il ajoute ces paroles. « Ne faites pas périr par