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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/434

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un tel, mon maître ? C’est que les éloges qu’il donne sont bien autrement expressifs ; ces termes qu’il n’emploie pas, n’expriment que la considération ; les paroles de l’apôtre rendent témoignage de la vertu. Et, dans ces pensées, Paul ne prodigue pas indifféremment ses marques d’honneur, il a soin de mêler un grand nombre de personnes, d’un rang inférieur, aux personnages élevés et puissants. En les nommant, en les saluant tous ensemble, et cela dans la même épître, il les associe tous également à l’honneur qu’il leur fait ; d’ou autre côté en décernant à chacun les éloges qu’il mérite spécialement, il nous montre la vertu propre de chacun d’eux ; de cette manière il n’excite pas l’envie qui résulterait de l’honneur fait aux uns, refusé aux autres, et en même temps il n’autorise pas le relâchement des mœurs, et il évite la confusion qui s’ensuivrait, s’il eût décerné à tous des éloges qui ne seraient pas tous mérités.
3. Voyez donc maintenant comment il arrive aux femmes d’une admirable vertu. Après avoir dit, en continuant : « Saluez la famille d’Aristobule, et Hérodion, mon cousin, et ceux de la famille de Narcisse (11) », (peut-être n’y trouvait-on pas tout ce qu’on voyait dans les précédents, aussi Paul ne donne-t-il pas les noms propres de tous ceux de la famille, tout en leur rendant l’hommage qui leur est dû, à savoir qu’ils sont fidèles ; car c’est là ce que veut dire, ce qu’il ajoute : « Qui sont dans le Seigneur) » ; eh bien ! maintenant, c’est aux femmes qu’il arrive : « Saluez Tryphène et Tryphose, qui travaillent dans le Seigneur (12) ». Il a déjà dit, à propos de Marie, qu’elle a beaucoup travaillé pour nous ; il dit maintenant, de celles-ci, qu’elles travaillent encore. Ce n’est pas un mince éloge que de savoir s’occuper tout à fait, et non seulement s’occuper, mais travailler, se fatiguer. Quant à Perside, c’est sa chère Perside qu’il l’appelle, montrant par là qu’elle est supérieure aux autres. « Saluez », dit-il, « ma chère Perside », et il témoigne de ses labeurs considérables en disant : « Qui a beaucoup travaillé dans le Seigneur ». C’est ainsi qu’il s’entend à les nommer individuellement selon leurs mérites, il veut ranimer leurs courages, en leur payant tout ce qu’il leur doit, en publiant, même leur moindre titre de distinction ; il provoque, en même temps, un zèle plus ardent de la part des autres, il les invite à mériter les éloges : qu’il distribue. « Saluez Rufus, l’élu du Seigneur, et sa mère, qui est aussi la mienne (13) ». Ici, rien ne manque, c’est la plénitude de tous les biens ; avec un tel fils, avec une telle mère, la maison est remplie de bénédictions, racine et fruit conformes. L’apôtre n’aurait pas dit à la légère : « Sa mère, qui est aussi la mienne », s’il ne voulait pas rendre témoignage de la grande vertu de cette femme. « Saluez Asyncrite, Phlégon, Hermas, Patrobe, Hermes, et nos frères qui sont avec eux (14) ». Ici, ne faites pas la remarque qu’il en parle sans ajouter à leurs noms des paroles d’éloges ; mais remarquez plutôt, qu’il ne dédaigne pas de nommer, même les moins importants de tous ; ou plutôt il leur décerne un grand éloge, en les appelant du nom de frères, comme les saints qui viennent ensuite : « Saluez », dit-il, « Philologue, et Julie, et Nérée, et sa sueur, et Olympiade, et tous les saints qui sont avec eux (13) ». C’était là la marque de la plus grande dignité, l’honneur d’une grandeur inexprimable.
Ensuite, pour prévenir toute jalousie querelleuse qui proviendrait de ce qu’il parle des uns, d’âne manière, des autres, d’une manière différente ; de ce qu’il y en a qu’il nomme, tandis qu’il ne distingue pas les autres, de ce qu’il fait plus d’éloges des uns, moins d’éloges des autres, il se met à les confondre tous ensemble dans l’égalité de la charité, il les rapproche par le saint baiser : « Saluez-vous, les uns les autres, par un saint baiser (16) » ; baiser pacifique, qui lui sert à bannir toute pensée qui les troublerait ; il ne laisse ainsi aucune prise aux sentiments de rivalité ; il s’arrange de telle sorte que le plus grand ne méprise pas te plus petit, que le petit ne soit pas envieux du plus grand, que l’orgueil et la jalousie disparaissent, sous ce baiser qui égale et adoucit tout. Aussi ne leur conseille-t-il pas seulement de se saluer, mais il leur envoie de même le salut de toutes les Églises. « Recevez », dit-il, « le salut », non pas de tel ou tel en particulier, mais le salut commun, de tous, « de toutes les Églises de Jésus-Christ ». Comprenez-vous quels fruits qui ne sont pas à dédaigner, nous avons recueillis de ces salutations ? Que de trésors nous aurions négligés, si nous n’avions pas étudié cette partie de la lettre avec toute la sagacité dont nous sommes capables ? Qu’un homme habile, et pénétré de l’Esprit, s’y applique,