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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/440

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ignorance, autoriser leur relâchement ; de là ce qu’il leur fait entendre par ces paroles : « Mais je désire que vous soyez sages dans le bien, et simples dans le mal ». Voyez-vous maintenant comme il les attaque, quoiqu’il le fasse sans qu’on puisse lui répondre ? Il veut faire entendre que quelques uns parmi eux se sont laissé séduire. « Que le Dieu de paix brise bientôt Satan sous vos pieds (20) ». Après avoir parlé de ceux qui causent les dissensions et les scandales, il les entretient du Dieu de paix pour leur donner la confiance de se voir délivrer des hommes dangereux. Car celui qui aime la paix, fera disparaître ce qui peut la troubler. Et il ne dit pas : Que Dieu soumette ; l’expression est plus énergique : que Dieu « Brise », et non seulement ces pervers, mais leur chef, l’auteur de tous ces désordres, « Satan ». Et non seulement brise, mais : « Sous vos pieds » ; c’est vous qui remporterez la victoire, c’est vous que rendra illustres un glorieux trophée. Autre consolation encore, prise du temps : « Bientôt ». Et il y a là tout ensemble urge prière et une prophétie. « Que la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ soit avec vous ». C’est l’arme la plus puissante, le mur indestructible, la tour inébranlable ; c’est pour raviver leur ardeur qu’il rappelle la grâce à leurs pensées. Si vous avez été délivrés des maux les plus redoutables, et cela uniquement par la grâce, à bien-plus fore raison vous sauvera-t-elle de ceux (lui le sont moins, parce que vous serez devenus les amis de Dieu, parce que vous aurez contribué de tout ce qui dépend de vous.
2. Voyez-vous comme il ne veut ni de la prière sans les œuvres, ni des œuvres sans la prière ? Ce n’est qu’après avoir rendu témoignage de leur obéissance qu’il prie pour eux, montrant par là le double besoin que nous avons, et d’agir par nous-mêmes, et d’être assistés de Dieu, si nous devons assurer notre salut à force de soins. Nous n’avons pas eu, autrefois seulement, besoin de la grâce, si forts que nous soyons, quelques preuves que nous ayons données, maintenant encore ce secours nous est nécessaire. « Recevez-le salut « de Timothée, compagnon de mes travaux (2l) ». Voyez-vous encore les éloges accoutumés ? « Comme aussi de Lucius, de Jason et de Sosipatre, mes parents ? » Luc fait mention de ce Jason, et nous donne une haute idée de son courage, en le montrant traîné, au milieu des cris du peuple, devant les magistrats de la ville ». (Act. 17,5-9) Il est à croire que les autres étaient aussi des personnages remarquables ; car l’apôtre ne les nommerait pas pour la seule raison de la parenté, si leur piété ne les rendait semblables à lui-même. « Je vous salue, moi, Tertius qui ai écrit cette lettre (22) ». Voilà encore un titre qui a bien son prix, être le secrétaire de Paul, mais il ne l’a pas dit pour se louer, mais pour se concilier vivement leur affection par son ministère. « Recevez aussi le salut de Caïus, mon hôte, et l’hôte de toute l’Église (23) ».
Voyez quelle couronne il tresse en son honneur, lorsqu’il constate cette hospitalité si large, qui réunit toute l’Église dans sa maison ! Hôte, en effet, ici, veut dire, qui donne l’hospitalité. Maintenant, quand on vous dit qu’il donnait l’hospitalité à Paul, ce n’est pas cette hospitalité seulement qui mérite d’être célébrée par vous, mais la régularité d’une vie parfaite ; si ce saint personnage n’avait pas été digne de recevoir Paul, certes l’apôtre n’aurait pas séjourné chez lui. Car celui dont le zèle ardent voulait dépasser la rigidité d’un grand nombre de préceptes du Christ, n’aurait pas, à coup sûr, enfreint la loi qui ordonne de s’enquérir avec le plus grand soin des hôtes qui vous reçoivent, et de ne demeurer que chez des personnes recommandées par leur vertu. « Recevez le salut d’Eraste, trésorier de la ville, et de notre frère Quartus ». Ce n’est pas sans raison qu’il ajoute : « Trésorier de la ville » ; il écrivait aux Philippiens : « Ceux de la maison de César vous saluent » (Phil. 4,22), pour montrer que la prédication touchait de grands personnages ; de même ici, il a son but quand il mentionne la charge importante d’Eraste, il montre que celui qui prête son attention à la parole, ne trouve d’obstacles ni dans sa fortune, ni dans les soucis de l’autorité, ni dans rien de ce qui y ressemble. « Que la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous. Amen (24) ». Comprenez-vous quel doit être le point de départ et le point d’arrivée pour toutes choses ? Ce qui a fait la première base de sa lettre, lui sert à en faire le couronnement ; les mêmes expressions sont une invocation à cette mère de tous les biens désirés par lui pour eux, et en même temps elles rappellent tout ce qu’il y a en lui d’active bonté. Car ce qui distingue un maître