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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/449

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du Dieu Verbe. « Qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle, des dons célestes dans le Christ ». Il fait allusion ici à la bénédiction judaïque, qui était bien une bénédiction, mais non une bénédiction spirituelle. Quels en étaient les termes, en effet ? « Que Dieu te bénisse ; il bénira les fruits de tes entrailles ; il bénira ton entrée et ta sortie ». (Nb. 6 ; Deut. 7,13) Ici ce n’est pas la même chose : de quoi s’agit-il ? de toute bénédiction spirituelle. En effet, que vous manque-t-il encore ? Vous êtes désormais immortel, libre, fils, juste, frère, cohéritier ; vous avez part à la royauté et aux hommages ; tout vous a été octroyé. « Comment, avec lui », est-il écrit, « ne nous donnerait-il pas aussi toutes choses ? » (Rom. 8,32) Vos prémices sont adorées par des anges, des chérubins, des séraphins. Que vous manque-t-il encore ? « De toute bénédiction spirituelle ». Rien de charnel ici. S’il nous a ôté les choses de ce genre par ces paroles. « Vous aurez tribulation dans le monde » (Jn. 16,33), c’est parce qu’il nous a conviés à d’autres. Car ainsi que ceux qui possédaient les biens de la chair, étaient incapables d’entendre le langage de l’Esprit ; de même ceux qui possèdent les dons de l’Esprit, n’ont pu les recevoir avant de s’être détachés des choses charnelles. Qu’est-ce à dire : « Des dons célestes ? » Entendez qu’il ne s’agit pas de biens terrestres, comme chez les Juifs : « Vous mangerez les biens de la terre. Sur une terre où coulent le lait et le miel. Dieu bénira ta terre ». (Is. 1,19 ; Ex. 33,3 ; Ps. 84,13) Ici, rien de pareil : mais quoi donc ? « Celui qui m’aime gardera mes commandements, et moi et le Père nous viendrons vers lui, et nous ferons notre demeure en lui. (Jn. 14,23) Celui qui entend les paroles que je dis, et les accomplit, sera assimilé à un homme sage qui a bâti sa maison sur la pierre ; et les vents ont soufflé, et les fleuves sont venus, et ils ont fondu sur cette maison ; et elle n’est pas tombée : car elle était fondée sur la pierre ». Qu’est-ce que cette pierre, sinon les choses célestes, qui sont supérieures à tous les changements ? « Celui qui m’aura confessé devant les hommes, moi aussi, je le confesserai devant mon Père qui est dans les cieux ; mais celui qui me reniera je le renierai » ; et encore : « Bienheureux ceux dont le cœur est pur, parce qu’ils verront Dieu » ; et encore : « Bienheureux les pauvres d’esprit, parce que le royaume des cieux leur appartient » ; et aussi : « Bienheureux vous êtes, vous qui avez été persécutés pour la justice, parce que votre salaire est grand dans les cieux ». Voyez-vous les cieux partout, la terre nulle part, pas plus que les choses terrestres ? Et ailleurs : « Pour nous, notre vie est dans les cieux : c’est de là aussi que nous attendons le Sauveur, notre Seigneur Jésus ». (Phil. 3,20) Enfin : « Ne songeant pas aux choses de la terre, mais à celles du ciel ».

« En Jésus-Christ ». C’est par Jésus-Christ et non par Moïse que s’est opérée cette bénédiction. Ce n’est pas seulement la nature de la bénédiction qui fait notre supériorité, c’est encore le médiateur qui nous l’a procurée. C’est ainsi qu’on lit dans l’épître aux Hébreux : « Moïse, à la vérité, a été fidèle dans toute la maison de Dieu comme serviteur, pour rendre témoignage de tout ce qu’il devait dire ; mais le Christ est comme fils dans sa maison ; et cette maison, c’est nous ». (Héb. 3,5-6) « Comme il nous a élus en lui avant la fondation du monde, afin que nous fussions saints et sans tache en sa présence (4) ». Voici le sens de cette parole : « Il nous a élus par le médiateur, par lequel il nous a bénis ». C’est donc lui qui nous donnera toutes ces choses, lui qui est le juge, lui qui dira : « Venez, les bénis de mon père ; possédez le royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde ». (Mt. 25,34) Et encore : « Là où je suis, je veux que ceux-ci soient également ». (Jn. 17,24)

2. De même, dans presque toutes ses épîtres, il s’attache à montrer qu’il n’y a pas d’innovation en ce qui nous touche, que tout cela provient d’un antique dessein, et non d’un repentir, que la Providence en avait statué et décidé ainsi : et c’est la marque d’une grande sollicitude. Qu’est-ce à dire : « À élus en lui ? » Par sa foi en lui le Christ a opéré ce bienfait avant notre naissance ou plutôt avant la fondation du monde. Ce mot de fondation, qui suppose abaissement, est bien placé ici. En effet, la sublimité de Dieu est grande, ineffable, non par la distance, mais par la supériorité de nature ; et l’intervalle est immense entre la créature et le créateur. Rougissez, hérétiques ; en entendant ces mots. Mais pourquoi nous a-t-il élus ? « Afin que nous fussions saints et