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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/475

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et des prophètes ». En d’autres termes, le fondement, ce sont les apôtres et les prophètes. Et en première ligne il place les apôtres, venus les derniers : sans doute pour indiquer que le fondement est formé des uns et des autres, que le tout forme un édifice unique reposant sur une base unique. Représentez-vous les païens ayant pour base les patriarches. Ici l’expression est encore plus propre que celle de greffe qu’on trouve ailleurs, et qui est plus frappante.

Ensuite il poursuit : « Le Christ Jésus étant pierre angulaire », montrant que c’est le Christ qui retient tout dans l’union. Car c’est la pierre angulaire qui retient assemblés et les murs et les fondations. « Sur lequel tout l’édifice construit s’élève ». Voyez comment le Christ relie le tout. Il montre Jésus tantôt rassemblant d’en haut et retenant dans l’union toutes les parties de l’ensemble, tantôt supportant d’en-bas tout l’édifice, et lui servant de base. Cette parole : « Il a créé en lui pour former un seul homme nouveau », fait voir aussi que la réunion des deux parois s’est opérée par son intermédiaire, et encore que la création a été faite en lui. « Premier-né de toute créature », est-il écrit (Col. 1,15) ; c’est-à-dire, qu’à lui seul il soutient tout. « Sur lequel tout l’édifice construit s’élève ». Nommez le toit, les murs, tout ce que vous voudrez : c’est lui qui supporte tout. Ailleurs il est nommé fondement : « Personne ne peut poser un autre fondement que celui qui est posé, lequel est Jésus-Christ ». (1Co. 3,11) « Sur lequel tout l’édifice construit »… Ici il indique et montre une vie irréprochable, comme la condition indispensable, à défaut de laquelle on ne peut être posé là. « S’élève comme un temple sacré dans lequel vous êtes bâtis vous-mêmes ». Il répète souvent cela : « Dans le temple sacré pour être une demeure de Dieu dans l’Esprit ». À quoi bon cette construction ? À ce que Dieu habite en ce temple. Car chacun de vous est un temple, et vous tous pris ensemble, et il habite comme dans le corps du Christ, et il habite comme en un temple spirituel. Voilà pourquoi il ne dit pas « Accès », mais « Introduction » : c’est que nous ne sommes pas venus de nous-mêmes : c’est lui qui nous a introduits ; car il est écrit : « Personne ne vient vers le Père, sinon par moi » ; et encore : « Je suis la voie, et la vérité et la vie ». — « Un temple sacré dans lequel vous êtes bâtis vous-mêmes ».

2. Il revient à son premier exemple, et il les joint aux saints, ne permettant jamais qu’ils soient détachés du Christ. Ce saint édifice durera donc jusqu’à son avènement, et c’est pour cela que Paul a dit : « Comme un habile architecte j’ai posé le fondement ». Et encore au même endroit : « Personne ne peut poser un autre fondement que celui qui est posé, lequel est le Christ ». (1Co. 3,10-11) Voyez-vous qu’il faut prendre les exemples non dans le sens absolu, mais dans le sens relatif au sujet en question ? Il use d’exemples en cet endroit, comme lorsque le Christ dit que le Père est un laboureur, et que lui-même est une racine.

« C’est pour cela que moi, Paul, je suis le prisonnier du Christ Jésus, pour vous, gentils. (Eph. 3,1) » Il a dit l’infinie sollicitude du Christ : il passe maintenant à la science, petite sans doute, nulle en comparaison de la première, mais suffisante elle-même à gagner les âmes. Voilà pourquoi moi-même, dit-il, je suis enchaîné. Car si mon Maître a été crucifié pour vous, à bien plus forte raison suis-je enchaîné. non seulement il a été lié, mais il permet encore que ses serviteurs le soient pour vous, les gentils. Voilà qui donne à penser : non seulement nous ne vous détestons point, mais nous sommes enchaînés à cause de vous, et moi j’ai obtenu cette grâce inestimable. « Car vous avez appris sans doute que Dieu m’a confié la dispensation de sa grâce en votre faveur (2) ». Il fait allusion à la prédiction que Dieu avait faite à Damas touchant lui-même à Ananie : « Va, car cet homme m’est un vase d’élection pour porter mon nom devant les gentils et les rois ». Par « Dispensation de sa grâce », il entend la révélation. C’est comme s’il disait : Ce ne sont pas les hommes qui m’ont instruit, Dieu a daigné me faire une révélation particulière à cause de vous. « Il m’a dit : Va, parce que je t’enverrai loin chez les gentils ». (Act. 22,21) C’est justement qu’il emploie ce mot de « Dispensation ». En effet, c’était une grande marque de providence que d’appeler d’en haut celui que rien ne pouvait convaincre, de lui dire : « Saül, Saül, pourquoi me persécutes-tu ? » et de l’aveugler de cette lumière ineffable.

« Car vous avez appris sans doute que Dieu