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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/476

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m’a confié la dispensation de sa grâce en votre faveur, puisque, par révélation, il m’a fait connaître ce mystère, comme je vous l’ai écrit plus haut en peu de mots (3) ». Sans doute il les en avait informés par quelques personnes, ou il leur avait écrit peu de temps auparavant. Il montre ici que tout vient de Dieu, que nous n’avons contribué pour rien. En effet, dites-moi, ce grand, cet admirable Paul, qui avait étudié la loi, qui avait reçu une instruction si parfaite aux pieds de Gamaliel, n’est-ce point la grâce qui le sauva ? C’est à bon droit qu’il nomme cela mystère : c’est bien un mystère que d’avoir élevé subitement les gentils à une noblesse supérieure à celle des Juifs. — « Comme je, vous l’ai écrit plus haut en peu de mots ». — « De sorte que, lisant, vous pouvez comprendre (4) ». Ah ! ainsi il n’écrivait pas tout, ni tout ce qu’il fallait écrire. Mais ici c’était la nature de la chose qui le voulait : ailleurs, c’était la perversité, comme chez les Hébreux, comme chez les Corinthiens. « De sorte que, lisant, vous pouvez comprendre l’intelligence que j’ai du mystère du Christ… ». En d’autres termes, comment j’ai compris ou que Jésus est assis à droite, ou de semblables paroles de Dieu. Ensuite, il fait valoir leur privilège ; comment « Dieu n’a pas fait ainsi à toute nation » ; et il poursuit en montrant, quel est ce peuple à qui Dieu a fait ainsi. « Mystère qui, dans les autres générations, n’a pas été découvert aux enfants des hommes, comme il est maintenant révélé par l’Esprit à ses saints apôtres et aux prophètes (5) ».

Qu’est-ce donc, dites-moi, que les prophètes ne savaient pas ? Comment donc le Christ peut-il dire que Moïse et les prophètes avaient voulu parler de lui ; et encore : « Si vous aviez cru en Moïse, vous auriez cru en moi » ; et ailleurs : « Scrutez les Écritures, puisque vous pensez avoir en elles la vie éternelle, car ce sont elles qui rendent témoignage de « moi ». (Jn. 5,46, 39) Il veut dire, ou que tous les hommes n’ont pas reçu cette révélation ; car il ajoute : « Mystère qui, dans les autres générations, n’a pas été découvert aux enfants des hommes, comme il est maintenant révélé » ; ou que la chose n’a pas été révélée aussi clairement par les faits, quelle est maintenant révélée à ses saints apôtres et aux prophètes par l’Esprit. Voyez en effet : Pierre, s’il n’avait pas été averti par l’Esprit, ne serait point allé chez les gentils. Écoutez en effet ses paroles : « Ainsi Dieu leur a donné l’Esprit-Saint comme à nous », S’il dit : « Par l’Esprit », c’est que Dieu a voulu qu’ils reçussent la grâce par l’Esprit. Les prophètes parlaient, mais ils ne se rendaient point de ces merveilles un compte précis ; puisque les apôtres eux-mêmes ne les comprenaient pas parfaitement après en avoir été instruits : car cela dépassait de beaucoup la raison humaine et la commune espérance. « Que les gentils sont cohéritiers, membres d’un même corps et participant avec eux de la promesse (6) ».

3. Qu’est-ce à dire : « Cohéritiers, participant avec eux de la promesse, et membres d’un même corps ? » Voilà la grande chose, cette réunion en un seul corps, ce complet rapprochement. On savait que les gentils seraient appelés ; mais que ce devait être à ces conditions, on l’ignorait. De là cette expression : « Mystère de promesse ». Les Israélites avaient part, les gentils avaient part également à la promesse de Dieu. « Dans le Christ par l’Évangile ». En d’autres termes, par son envoi vers eux, et par leur conversion : car il ne dit pas seulement : « Dans le Christ », mais ajoute : « Par l’Évangile ». Mais c’est peu : Paul nous révèle quelque chose de plus grand ; à savoir que cela était ignoré non seulement des hommes, mais des anges, des archanges eux-mêmes, de toute puissance créée : c’était un mystère, et personne n’en avait eu la révélation. « Comprendre l’intelligence que j’ai ». Sans doute il fait allusion à ce qu’il leur a dit dans les actes, que s’il invite les gentils eux-mêmes, c’est en lui l’effet d’une certaine intelligence. Il veut parler de l’intelligence du mystère dont il a parlé, à savoir que Jésus créera en lui-même et formera un seul homme nouveau. Il a appris par révélation, ainsi que Pierre, qu’il ne faut pas avoir les gentils en abomination, et saint Pierre le déclare lorsqu’il se justifie d’avoir été chez les gentils. « Dont j’ai été fait le ministre en vertu du don de la grâce de Dieu, qui m’a été donnée par l’opération de sa vertu (7) ». Il a dit qu’il est prisonnier, ce qui ne l’empêche pas ici de faire honneur de tout au Seigneur, en disant : « En, vertu du don de la grâce de Dieu » ; car c’est par la vertu de ce don que cet honneur lui a été fait. Mais le don ne suffisait pas, si la force ne