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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/51

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hommes ; ne vomissez point le venin des aspics ; vous êtes hommes ; ne vous changez pas en bêtes féroces. La bouche vous a été donnée, non pour mordre, mais pour guérir les blessures du prochain. Souvenez-vous de mes commandements, dit le Seigneur ; je vous ai prescrit de remettre et de pardonner. Et vous me demandez de me joindre à vous pour renverser mes préceptes ; vous rongez votre frère, vous ensanglantez vos dents, vous ressemblez à ces furieux qui enfoncent leurs dents dans leurs propres chairs. Quelle joie doit ressentir le démon, quels éclats de rire il doit poisser, en entendant votre prière ! Mais aussi que le Seigneur doit être irrité contre vous, et qu’il doit vous haïr, quand vous le priez de la sorte. Rien de plus fâcheux qu’une telle conduite. On ne peut s’approcher des saints mystères avec du ressentiment contre ses ennemis ; mais si, non contents de les haïr, vous faites des imprécations contre eux, on doit vous interdire jusqu’à l’entrée du temple. Pleins de ces pensées, nous rappelant l’objet de l’auguste sacrifice, dans lequel le Christ s’est immolé pour ses ennemis, mettons tous nos soins à n’avoir pas même un ennemi ; si nous en avons un, prions pour lui ; afin d’obtenir nous-mêmes le pardon de nos fautes, et de pouvoir nous présenter avec confiance devant le tribunal du Christ, à qui soit gloire, empire, honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE VI.


COMMENCERONS-NOUS A FAIRE ENCORE UNE FOIS NOTRE ÉLOGE ? AVONS-NOUS BESOIN, COMME QUELQUES-UNS, DE RECOMMANDATIONS AUPRÈS DE VOUS, OU BIEN AVONS-NOUS BESOIN DE RECOMMANDATIONS DE VOTRE PART ? (III, 1, JUSQU’À 6).

Analyse.


  • 1 et 2. Éloge des Corinthiens.
  • 3. Parallèle entre la Loi ancienne et la Loi nouvelle ; développement de ces paroles : la lettre tue, mais l’esprit vivifie.
  • 4. De l’âme plongée dans la mort.


1. On ne manquera pas de reprocher à l’apôtre qu’il se comble lui-même d’éloges. C’est ce reproche qu’il veut prévenir. Sans doute il a expliqué le sens de ses paroles ; il a dit : « Qui est capable de ces choses ? » Et encore : « Nous parlons avec sincérité ». Mais cela ne suffit pas. Telle est la coutume de saint Paul. Il insiste : tant il craint d’avoir l’air de parler de lui-même avec orgueil, tant il met d’ardeur et de zèle à foie même l’apparence de ce vice l’Remarquez ici l’étendue de sa prudence. Ce qu’il y a de plus triste, ce semble, c’est-à-dire, les afflictions, il les relève à ce point, il en montre si bien la grandeur et l’éclat, que son langage peut sembler orgueilleux. Il en agit de même à la fin de l’épître. Après avoir passé en revue les innombrables périls qu’il a courus, les outrages qu’il a essuyés, ses besoins, ses angoisses, et le reste, il ajoute : « Nous ne prétendons point faire notre éloge, mais vous donner à vous-mêmes l’occasion de vous glorifier ». Il dit la même chose plus loin avec une certaine force, afin d’encourager de plus en plus les Corinthiens. Ici c’est le langage de l’affection « Avons-nous besoin, comme plusieurs, de