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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/559

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Jésus-Christ, avec qui gloire, puissance, honneur au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE XXI.

ENFANTS, OBÉISSEZ A VOS PARENTS DANS LE SEIGNEUR ; CAR CELA EST JUSTE. HONORE TON PÈRE ET TA MÈRE (C’EST LE PREMIER COMMANDEMENT FAIT AVEC UNE PROMESSE), AFIN QUE BIEN T’ARRIVE, ET QUE TU VIVES LONGTEMPS SUR LA TERRE. (VI, 1-3, 4)

Analyse.

  • 1 et 2. De l’obéissance et du respect filial.
  • 3. De l’éducation.— Danger des études profanes quand on n’y allie point celle des saintes Écritures.
  • 4. Réfutation de l’objection tirée de ce que l’enfant est destiné à vivre dans le monde. – Exemples divers : le saint solitaire Julien. – Que les parents peuvent être responsables de l’indocilité de leurs enfants.

1. Celui qui façonne une statue, donne la première place à la tête ; puis vient le cou ; enfin les pieds. Saint Paul ne procède pas autrement dans ce discours. Il a parlé de l’homme, il a parlé de la femme, puissance subordonnée : il passe au troisième degré de la hiérarchie, les enfants. Car si la femme a pour maître le mari, les enfants sont soumis à la fois au mari et à la femme. Considérez donc ce que dit l’apôtre : « Enfants, obéissez à vos parents dans le Seigneur. C’est le premier commandement fait avec une promesse ». Il ne parle plus ici du Christ ni des choses d’en haut : car il s’adresse à des esprits faibles encore ; par la même raison, il ne prolonge pas son exhortation : il sait que les enfants sont incapables de suivre un long discours. De même, il ne dit rien du royaume de Dieu : car, à cet âge, on n’est pas apte à entendre ce langage. Il se borne à la promesse la plus flatteuse pour une âme enfantine, celle d’une longue vie. En effet, si l’on venait à s’enquérir de la raison pour laquelle il a passé le royaume de Dieu sous silence, et s’est borné à répéter le précepte contenu dans la loi, nous répondrions que c’est à cause de l’âge de ceux à qui il s’adresse, et parce que, à supposer que le père et la mère soient dans des dispositions conformes à la loi qu’il leur donne, la soumission des enfants ne sera pas bien difficile à obtenir. Car, partout où la base est solide, le début heureux, le reste marche aisément et régulièrement. Le difficile, c’est de jeter les bases, de poser les fondements. « Enfants, obéissez à vos parents dans le Seigneur », c’est-à-dire, selon le Seigneur ; ou encore : C’est Dieu qui vous l’ordonne. Mais s’ils ordonnent des actions criminelles ? D’abord il n’arrive jamais qu’un père, fût-il criminel lui-même, donne des ordres semblables ; de plus, Paul a prévenu cette objection en disant : « Dans le Seigneur », c’est-à-dire, dans les choses qui n’offensent pas Dieu ; en sorte que, si le père est païen ou hérétique, il ne faut plus lui obéir : car l’obéissance ne serait plus selon le Seigneur.

Mais comment Paul peut-il dire : « C’est le premier commandement ». Le premier commandement, n’est-ce pas : Tu ne commettras point l’adultère, tu ne tueras point ? En disant : « Le premier », Paul ne pense point au rang de ce précepte, mais à la promesse qu’il