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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/57

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corps : il se sert d’un raisonnement pour en faire voir l’excellence. « Si la dispensation de la mort fut glorieuse, comment la dispensation de l’Esprit ne le serait-elle pas ? »
Par dispensation de la mort ; il entend la loi. Et voyez cependant comme il prend garde de donner prise à l’hérésie ? Il ne dit pas : la loi produit la mort, mais « elle produit une dispensation de la mort. ». Elle dispensait la mort, mais, ne l’enfantait point. Ce qui produisait la mort, c’était le péché. La loi infligeait le supplice, elle faisait ressortir la faute, mais né la faisait point. Oui, elle faisait ressortir le mal et le punissait, mais elle ne poussait pas au mal. Elle se présentait non pour produire le péché ou pour donner la mort, mais uniquement pour punir celui qui avait péché, et de la sorte elle effaçait le péché. En montrant tout ce qu’il y a d’horrible dans le péché, elle excitait à l’éviter, Celui qui prend un glaive et qui tranche la tête à un scélérat, prête sors ministère au juge qui prononce la sentence ; bien qu’il tranche la tête, ce n’est pas lui cependant qui donne la mort. Ce n’est pas non plus celui qui prononce une sentence de condamnation, mais bien le crime du coupable que l’on punit. De même ici, ce n’est pas la loi qui donnait la mort, c’était le péché qui faisait mourir et condamnait. Pour elle, par ses menaces, elle abattait la violence de la passion, et la comprimait par la crainte des châtiments. Mais l’apôtre ne se contente point de montrer ainsi la supériorité de la loi de grâce ; il ajoute : « Gravée avec des lettres sur des tables de pierre ». Voyez comme il rabaisse l’orgueil des Juifs. La loi, ce n’était pas autre chose que des lettres gravées sur la pierre. Mais quel secours pouvaient-elles fournir ? Pouvaient-elles animer les combattants, comme fait le baptême ? C’étaient des tables gravées qui menaçaient de mort ceux qui en violaient les préceptes. Voyez-vous comme il confond les prétentions des Juifs ? Comment, par les noms qu’il lui donne, il affaiblit la dignité de leur loi : ce sont des tables de pierre, ce sont des caractères qui sont les ministres de la mort, des caractères empreints, gravés sur la pierre. N’est-ce pas comme s’il disait que cette loi n’était établie qu’eu un seul lieu, bien différente en cela de l’Esprit, qui, présent partout, partout aussi inspire la force et le courage ? Ne veut-il pas dire aussi que ces lettres respirent toutes sortes de menaces, et de ces menaces qui ne peuvent disparaître, qui demeureront toujours, vu qu’elles sont gravées sur le roc ?
Et ensuite, tout en donnant des louanges à cette loi de Moïse, cependant il n’épargne pas les reproches au peuple juif. Après avoir dit « Gravée avec des caractères sur des tables de pierre, elle fut entourée de gloire », il ajoute « En sorte que les fils d’Israël ne pouvaient contempler le visage de Moïse », paroles qui font bien voir la faiblesse des Juifs et leurs tendances vers les choses de la terre. Il dit encore, non pas à cause de la gloire des tables de la Loi, mais, « à cause de la gloire de son visage, laquelle gloire, a disparu bientôt ». C’était donc lui, Moïse, qui était environné de gloire, et non pas les tables de la Loi. Saint Paul ne dit pas en effet qu’ils ne pouvaient contempler ces tables de pierre, mais « le visage de Moïse » ; et il ajoute, non pas à cause de la gloire des tables, mais, « à cause de la gloire de son visage ». Et après avoir fait briller cette gloire, voyez comme il la fait disparaître, en disant : « laquelle a cessé de briller ». Ce n’est pas un reproche qu’il adresse à Moïse, il veut simplement diminuer son mérite. Il ne dit pas : laquelle a été corrompue, laquelle a été mauvaise ; mais seulement, laquelle a cessé, laquelle a disparu. « Comment donc la dispensation de l’Esprit ne serait-elle point plus glorieuse encore ? » C’est avec la plus ferme assurance qu’il célèbre la dignité du Nouveau Testament, comme tout à fait hors de doute. Et voyez ce qu’il fait : au cœur il oppose une pierre ; aux lettres, l’Esprit-Saint. Après avoir indiqué les conséquences des deux Lois, il n’y revient plus. Il se contente de rappeler les effets de la lettre, à savoir, la mort et la condamnation, et ne parle point de ceux de l’Esprit qui sont la vie et la justice ; aux effets de la Loi il oppose l’Esprit-Saint lui-même. Le discours y gagne en énergie. Car le Nouveau Testament ne donne pas seulement la vie, mais il communique l’Esprit-Saint lui-même, auteur de la vie. Il donne donc beaucoup plus que la vie. C’est pourquoi l’apôtre dit : « La dispensation de l’Esprit-Saint ». Ensuite il reprend la même pensée, en disant : « Car si la dispensation de la condamnation est accompagnée de gloire ».
2. II expose plus clairement ici le sens de ces paroles : « La lettre tue ». Il dit en effet ce que nous disions tout à l’heure, à savoir que