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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/58

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la Loi fait connaître le péché, sans le produire elle-même. « À plus forte raison la dispensation de la justice surabonde-t-elle en gloire (9) ». Les tables de la Loi indiquaient les pécheurs et les punissaient ; quant à la Loi de grâce, non seulement elle ne punit point, mais encore elle justifie ; tel est en effet le don salutaire du baptême. « Et la gloire de la Loi n’est point une véritable gloire, si on la compare avec la gloire sublime de l’Évangile (10) ». Plus haut il montrait déjà la gloire de l’Évangile, non une gloire quelconque ; mais une gloire abondante ; il n’a pas dit simplement Comment le ministère de l’Esprit ne serait-il pas accompagné de gloire ? Mais bien : « il surabonde en gloire ». Et il en donne les preuves que nous avons vues. Maintenant, il fait voir jusqu’à quel point la gloire de l’Évangile l’emporte sur celle de la Loi de Moïse. Si vous les comparez l’une à l’autre, dit-il, la gloire de l’Ancien Testament ne, peut même s’appeler gloire. Il ne parle point d’une manière absolue, mais il établit un parallèle ; aussi ajoute-t-il : « à ce point de vue », c’est-à-dire, en comparaison. Ce n’est point là condamner l’Ancien Testament, c’est le louer au contraire, car on ne compare que des objets analogues.
Puis il invoque un autre argument qui démontre d’une autre manière encore la supériorité de l’Évangile. Et quel est cet argument ? Il est pris de la durée des deux Lois. « Si ce qui finit est accompagné de gloire, à plus forte raison ce qui demeure est-il accompagné de gloire (11) ». L’Ancien Testament a fini, le Nouveau subsistera toujours. – « C’est parce que nous avons une telle espérance, que nous sommes remplis de confiance (12) ». L’auditeur qui vient d’entendre un éloge si magnifique du Nouveau Testament, souhaitait de voir de ses yeux cette gloire si excellente. Aussi voyez comme il le transporte au siècle futur ! Il fait luire à ses yeux l’espérance : « Parce que nous avons un tel espoir », dit-il. Et quel espoir ? Parce que nous avons été jugés dignes de plus grandes choses que Moïse lui-même, non seulement nous qui sommes apôtres, mais vous aussi qui êtes de simples fidèles, pour cette raison, « nous sommes remplis de confiance ». Auprès de qui ? Auprès de Dieu, ou auprès de nos disciples ? Auprès de vous, dit-il, qui êtes mes disciples. C’est-à-dire, partout nous parlons avec liberté, sans rien cacher, sans rien dissimuler, sans aucune arrière-pensée, mais avec une entière franchise. Nous ne craignons pas d’éblouir vos yeux, comme Moïse éblouissait les yeux des Juifs. Que telle soit la pensée de l’apôtre, la suite vous le montrera. Racontons d’abord ce qui se passa dans le désert ; l’apôtre d’ailleurs y revient sans cesse. Que se passa-t-il donc alors ? Moïse, ayant reçu de nouveau les tables de la Loi, descendit de la montagne, et son visage resplendissait d’un tel éclat, que les Juifs ne purent ni s’approcher de lui, ni converser avec lui, tant qu’il n’eut pas voilé son visage. C’est ce que dit l’Exode : « Lorsque Moïse fut descendu de la montagne, il tenait dans ses mains les deux tables de la Loi. Il ne savait pas que son visage fût resplendissant de gloire ; et les Juifs n’osaient s’approcher de lui. Moïse les appela et leur adressa la parole. Et quand il eut cessé de leur parler, il mit un voile devant sa face. Mais quand il s’avançait devant a le Seigneur, pour s’entretenir avec lui, il « enlevait le voile et restait la tête découverte, jusqu’à ce qu’il eut quitté le Seigneur ». (Ex. 34,29-34)
L’apôtre rappelle ce récit en disant : « Et non pas comme Moïse qui mettait un voile « sur son visage, de manière que les fils d’Israël ne vissent point son visage. Mais tout cela a fini (13) ». Comme s’il disait : Il n’est pas nécessaire que nous nous voilions le visage comme faisait Moïse. Vous pouvez contempler cette gloire qui nous environne de sa splendeur, bien que cet éclat soit bien plus vif que l’éclat de la gloire de Moïse. Voyez les progrès que les Corinthiens ont faits ! Dans sa première épître, il leur disait : « Nous vous avons donné du lait à boire, mais pas de nourriture solide ». (1Cor. 3,2) Il leur dit maintenant : « Nous sommes remplis de confiance ». Il fait paraître Moïse, et par les comparaisons qu’il emploie, il élève son discours afin d’élever en même temps ses auditeurs. Et d’abord il les met avant les Juifs, quand il dit : Nous n’avons pas besoin de nous couvrir d’un voile, comme Moïse était obligé de – le faire en présente de son peuple. Ce qui vient ensuite se rapporte à la dignité du Législateur, ou à quelque chose de plus grand peut-être. Mais écoutons maintenant ce que dit l’apôtre : « Leurs esprits étaient endurcis. Jusqu’à ce jour le même voile est étendu devant leurs