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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/574

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ne nous inquiétons point d’habiter des maisons superbes : car nous sommes des voyageurs, et non des habitants stationnaires. Si donc on est bien persuadé que la vie est un voyage, une expédition militaire, que nous vivons ici dans ce que les soldats appellent une tranchée, on se souciera peu de constructions magnifiques. Qui s’aviserait, dites-moi, quelle que puisse être son opulence, d’élever sur une tranchée de superbes bâtiments ? Personne : ce serait encourir la risée, bâtir pour l’ennemi, travailler à l’attirer : ainsi nous ne ferons rien de semblable, si nous sommes sages. Une campagne, une tranchée, voilà la vie actuelle. Je vous en conjure donc, ayons bien soin de ne pas thésauriser ici-bas : car si le voleur vient, notre fuite sera plus prompte. « Veillez, parce que vous ne savez pas à quelle heure vient le voleur » : le voleur, c’est-à-dire la mort. En conséquence, avant qu’il ne vienne, envoyons tout dans notre patrie. Et portons ici-bas une ceinture qui nous permette de triompher de nos ennemis : puissions-nous, vainqueurs, au jour des couronnes, être jugés dignes de la gloire immortelle, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec qui gloire au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE XXIV.

SOYEZ DONC FERMES, CEIGNANT VOS REINS DE LA VÉRITÉ, ET REVÊTANT LA CUIRASSE DE LA JUSTICE, ET CHAUSSANT VOS PIEDS POUR VOUS PRÉPARER À L’ÉVANGILE DE LA PAIX ; PRENANT SURTOUT LE BOUCLIER DE LA FOI, DANS LEQUEL VOUS PUISSIEZ ÉTEINDRE TOUS LES TRAITS ENFLAMMÉS DU MALIN. PRENEZ AUSSI LE CASQUE DU SALUT, ET LE GLAIVE DE L’ESPRIT, QUI EST LA PAROLE DE DIEU. (VI, 14-17, JUSQU’À LA FIN)

ANALYSE.

  • 1-3. De la lutte contre le démon. – De la prière.
  • 4 et 5. Exemple d’Anne. – De la corruption de l’âme.

1. « Ceignant vos reins de la vérité ». Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie, nous l’avons dit dans notre précédent entretien, qu’il faut nous tenir dispos et en état de courir sans obstacle. « Et revêtant la cuirasse de la justice ». La justice est comme une cuirasse elle est invulnérable. Par justice, il faut entendre ici la vie vertueuse, en général. L’homme ainsi muni, nul ne pourra le terrasser : Si on le blesse souvent, le diable lui-même ne saurait le mettre en pièces. Cela revient à dire : La justice dans le cœur. C’est de ces hommes que parle le Christ, en disant : « Bienheureux ceux qui sont affamés et altérés de la justice, parce qu’ils seront rassasiés ». (Mat. 5,6) L’homme qui a la justice dans le cœur est fort comme une cuirasse. Il ne se laissera jamais aller à la colère. « Et chaussant vos pieds pour vous préparer à l’Évangile de paix ». Il y a ici quelque obscurité. Qu’est-ce que cela signifie ? Voilà une glorieuse chaussure, qui nous prépare à l’Évangile. Ou il veut dire qu’ils doivent être prêts pour l’Évangile, user de leurs pieds pour cela, lui préparer, lui frayer la voie : ou bien qu’il faut nous préparer à la sortie. Dès lors, la préparation à l’Évangile,