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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/575

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n’est pas autre chose qu’une vie irréprochable. Comme dit le prophète : « Votre oreille a entendu la préparation de leur cœur ». (Psa. 10,19) « A l’Évangile de paix », dit-il. En voici la raison. Il a parlé de guerre et de combats : il montre maintenant que c’est aux démons qu’il faut faire la guerre : car l’Évangile est un Évangile de paix. Cette guerre-là met fin à une autre guerre, la guerre contre Dieu : quand nous combattons le diable, nous sommes en paix avec Dieu. Ne craignez donc rien, mon cher auditeur ; voici l’Évangile : la victoire est assurée. « Prenant surtout le bouclier de la foi ». Par foi il entend ici, non la doctrine, car il ne l’aurait pas mise au second rang, mais la grâce, par laquelle se font les signes. Et c’est à bon droit qu’il nomme la foi un bouclier : car, si un bouclier forme une sorte de rempart autour du corps tout entier, la même chose est vraie de la foi ; tout lui cède : « Dans lequel vous puissiez éteindre tous les traits enflammés du malin ». En effet, rien ne peut briser ce bouclier. Écoutez ce que le Christ dit à ses disciples : « Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne : Passe d’ici là, et elle y passerait ». (Mat. 17,19) Mais comment faire pour avoir la foi ? Il faut accomplir ces prescriptions. Par ces mots : Traits du malin, il entend les tentations, les passions déréglées. C’est à propos qu’il ajoute : « Enflammés ». Car telles sont les passions. Si la foi a pu commander aux démons, à plus forte raison peut-elle se faire obéir des passions. « Prenez aussi le casque du salut » : entendez : « Pour votre salut ». Il les revêt d’une armure, comme s’il les menait au combat. « Et le glaive de l’Esprit qui est la parole de Dieu ». Ceci doit être entendu soit de l’Esprit, soit du glaive de l’Esprit, glaive au moyen duquel on peut tout fendre, tout couper, et décapiter le dragon.

« Priant en esprit en tout temps, par toute sorte de prières et de supplications, et dans le même esprit, veillant en toute instance et supplication pour tous les saints ; et pour moi, afin que, lorsque j’ouvrirai la bouche, des paroles me soient données pour annoncer avec assurance le mystère de l’Évangile, dont j’exerce la légation dans les chaînes, et qu’ainsi j’ose en parler comme je dois (18-20) ». Si là parole de Dieu peut tout, il en est de même de celui qui a le don de l’Esprit. « Car la parole de Dieu est vivante, efficace, et plus pénétrante que tout glaive à deux tranchants ». (Heb. 4,12) Voyez la sagesse de ce saint. Il les a armés avec le plus grand soin ; maintenant il montre comment ils doivent invoquer le roi, pour qu’il leur tende la main : « Priant en esprit, en tout temps, par toutes sortes de prières et de supplications ». On peut, en effet, marmotter des prières, et ne pas prier en esprit. « Et dans le même esprit veillant ». C’est-à-dire, restant sages : tel doit être l’homme armé, l’homme debout auprès du roi : vigilant, de sang-froid. « En toute instance et supplication pour tous les saints, et pour moi, afin que, lorsque j’ouvrirai la bouche, des paroles me soient données ». Que dis-tu, ô bienheureux Paul ? tu as besoin des disciples ? Il a bien soin de dire : « Quand j’ouvrirai la bouche ». Il ne méditait donc pas ses paroles : Le Christ l’a dit : « Lorsque l’on vous livrera, ne pensez ni comment ni ce que vous devrez dire ; il vous sera donné en effet à l’heure même ce que vous devrez dire ». (Mat. 10,19) Ainsi Paul faisait tout par foi, tout par grâce. « Pour annoncer avec assurance le mystère de l’Évangile ». En d’autres termes, afin que je plaide ma cause comme il faut. Tu es dans les fers, et tu as besoin d’autrui ? Oui, répond-il. Car Pierre aussi était chargé de chaînes ; et néanmoins on priait pour lui sans relâche. « Dont j’exerce la légation dans les chaînes, et qu’ainsi j’ose en parler comme je dois » : c’est-à-dire, afin que je réponde avec assurance, courage, intelligence. « Et pour que vous sachiez les circonstances où je me trouve, et ce que je fais, Tychique, notre frère et fidèle ministre du Seigneur, vous apprendra toutes choses (21) ».

2. Après avoir fait mention de sa captivité, il s’en remet à Tychique du soin d’en dire davantage de sa part. Pour ce qui était des dogmes et de l’exhortation, il s’expliquait dans son épître : mais il laissait au porteur de sa lettre tout ce qui était pur message. Voilà pourquoi il ajoute : « Pour que vous sachiez ce qui nous concerne ». Par là il fait voir et son affection pour eux, et leur affection pour lui. « Lequel j’ai envoyé vers vous exprès pour que vous sachiez ce qui nous concerne, qu’il console vos cœurs (22) ». Ceci est motivé par ce qui précède : « Vous étant revêtus et ceints », ce qui indique une prière continuelle et ininterrompue. Écoutez plutôt le