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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/586

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montrer que ses idées ont beaucoup de partisans, il réunit les frères en un seul groupe, et prouve que ce qu’il écrit, il l’écrit en conformité de sentiment avec eux., « Aux Églises de « Galatie ». Ce n’était pas une seule ville, ni deux, ni – trois, mais toute la nation des Galates qui était consumée par ce fléau de l’erreur. Voyez encore ici une preuve de sa profonde indignation. Il n’a pas dit : A nos bien-aimés, ni à nos saints de Galatie ; mais « Aux Églises de Galatie »..C’était bien là le langage d’un homme dont le cœur est ulcéré, d’un homme qui témoigne son affliction, que de s’adresser à eux sans employer de termes d’amitié ou de politesse, de les désigner seulement par un nom collectif, et de ne pas dire : « Aux Églises de Dieu », mais tout simplement : « Aux Églises de Galatie ». D’ailleurs il est pressé dès le début de les arrêter dans leur tentative de séparation : c’est pour cela qu’il les comprend tous sous ce nom d’Église, afin de les faire rentrer en eux-mêmes et de les réunir en un seul corps. Car ceux qui sont divisés en plusieurs partis ne sauraient être désignés parce nom-là. Ce nom d’Église est synonyme d’accord et de bonne intelligence.
Que la grâce et la paix vous soient données « par la bonté de Dieu le Père, et par Notre «  Seigneur Jésus-Christ ». Dans toutes ses épîtres, il met cette formule nécessaire, à plus forte raison dans cette épître qu’il adresse aux Galates. C’est parce qu’ils étaient en danger de perdre la grâce, qu’il leur souhaite de pouvoir l’acquérir de nouveau. C’est parce qu’ils s’étaient mis en guerre avec Dieu, qu’il prie Dieu de ramener la paix parmi eux.
« Par la bonté de Dieu le Père ». – Voilà encore qui nous permet de confondre les hérétiques. Ils prétendent que Jean qui a dit au commencement de ses Évangiles : « Et le Verbe était Dieu », a mis le mot Dieu sans article pour marquer que la divinité du Fils était inférieure[1], et ils font : encore observer que Paul, en disant que le Fils avait la forme de Dieu, n’a pas voulu parler du Père, puisqu’il a employé le mot Dieu sans le faire précéder de l’article. Que diront-ils donc maintenant ? Car Paul ne dit pas : Ἀπὸ τοῦ Θεοῦ mais Ἀπὸ Θεοῦ Πατρος. S’il donne à Dieu, dans ce passage, là qualification de Père, ce n’est pas pour flatter les Galates ; loin de là, il les reprend vivement en leur rappelant la cause par laquelle ils sont devenus les fils de Dieu. Cet honneur, ils le doivent non pas à la loi, mais au baptême qui les a régénérés. Aussi partout, même dès le début, répand-il les preuves de la bienfaisance de Dieu. Ses paroles peuvent se traduire ainsi : Vous qui étiez esclaves, ennemis, étrangers, comment se peut-il que vous appeliez tout à coup Dieu votre Père ? Est-ce à la loi que vous devez cette parenté ? Pourquoi donc, laissez-vous celui qui vous a tant rapprochés de Dieu, et courez-vous encore au pédagogue ? non seulement en ce qui concerne le Père, mais aussi en ce qui concerne le Fils, les noms dont on les désigne suffisaient à rappeler aux Galates la bienfaisance dont ils étaient l’objet. Le nom de Jésus-Christ, si nous l’examinons avec soin, retrace à notre esprit tous ses bienfaits. Car Jésus, dit l’Écriture, sera ainsi appelé : « Parce qu’il sauvera lui-même son peuple de ses propres péchés » (Mt. 1,21) ; et le nom du, Christ rappelle l’onction qu’il reçut du Saint-Esprit : « (Et par Notre Seigneur Jésus-Christ) qui s’est donné lui-même pour nos péchés (4) ».
4. Vous voyez que Jésus n’a pas exécuté des ordres avec l’obéissance forcée d’un esclave, et qu’il n’a pas été livré par un autre que par lui. Il s’est donné lui-même : ainsi donc, quand vous entendrez Jean dire, élue le Père a donné son Fils unique pour nous, n’allez pas rabaisser à cause de cela la majesté du Fils unique, rejetez toute comparaison avec ce qui se passe parmi les hommes. Si on dit que le Père l’a donné, on le dit non pour vous faire croire qu’il s’agisse d’une mission imposée à un esclave, mais pour que vous compreniez que cette résolution plaisait aussi au Père, et c’est ce que Paul démontre dans ce même passage quand il dit : « Selon la volonté de Dieu notre-Père ». Il n’a pas dit : « Selon le commandement », mais : « Selon la volonté ». En effet, comme le Père et le Fils n’ont qu’une seule et même volonté, ce que le Fils voulait, le Père le voulait aussi. – « Pour nos péchés ». Nous nous étions, dit-il, plongés nous-mêmes dans une infinité de maux, et nous méritions les plus terribles châtiments. La loi, bien loin dé nous tirer du danger, ne faisait que nous condamner en faisant ressortir nos fautes avec plus d’évidence, elle ne pouvait ni nous délivrer, ni faire cesser la colère de Dieu ; tandis que le Fils de Dieu

  1. C’est l’argument d’Eusèbe de Césarée. Contra Marcellum, 16, 17.