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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/599

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CHAPITRE II. ENSUITE, AU BOUT DE QUATORZE ANS, J’ALLAI A JÉRUSALEM AVEC BARNABÉ, ET JE PRIS AUSSI TITE AVEC MOI. OR, J’Y ALLAI SUIVANT UNE RÉVÉLATION. (1, 2)

Analyse.

  • 1. Lorsque, quatorze ans plus tard, Paul se rendit de nouveau à Jérusalem pour exposer sa doctrine aux premiers apôtres, ils furent d’accord avec lui que Tite ne devait pas être circoncis.
  • 2. En quoi les faux apôtres différent des véritables. – Pourquoi Paul circoncit Timothée.
  • 3. Paul reconnu pour l’apôtre des gentils. – Prudence admirable de cet apôtre.
  • 4-6. Il reprend publiquement saint Pierre de ses ménagements intempestifs envers les Juifs. – Contre les chrétiens judaïsants.
  • 7 et 8. Conséquences absurdes auxquelles arrivent ceux qui veulent faire exister la loi ancienne avec la Loi de grâce.


1. La première fois qu’il se rendit à Jérusalem, ce fut, dit-il, à cause de Pierre et pour lui faire visite, et la seconde fois, ce fut par suite d’une révélation du Saint-Esprit. « Et j’exposai aux fidèles, et en particulier aux a plus considérables, l’Évangile que je prêche parmi les gentils, afin que mes courses ne a fussent pas ou n’eussent pas été vaines ». Que dis-tu, ô Paul ? Toi qui au début n’as pas voulu prendre conseil, qui ne l’as pas voulu non plus au bout de trois ans, tu t’y décides enfin après quatorze ans écoulés, de crainte que tes courses ne soient vaines ? Combien ne valait-il pas mieux agir ainsi tout d’abord et non pas après tant d’années ? Eh quoi ! tu courais sans avoir la conviction que tes courses ne seraient pas inutiles ? Quel est l’homme assez insensé pour prêcher pendant tant d’années sans savoir si son enseignement est bon ? Et ce qui augmente encore notre embarras, c’est qu’il déclare qu’il a fait ce voyage par suite d’une révélation. Ceci, je le répète, est bien plus extraordinaire que ce qui précède, mais suffit aussi à nous donner la solution de cette difficulté. S’il eût fait ce voyage de sa seule inspiration, cela surtout serait inexplicable, car cette âme bienheureuse n’avait pas coutume de tomber dans de telles contradictions. N’est-ce pas lui-même qui a dit : « Je cours, usais non sans but ; je frappe, mais non dans le vide ». (2Cor. 9,26) Si donc tu sais où tu cours, pourquoi dis-tu : « De peur que mes courses ne fussent ou n’eussent été vaines ? » Voilà qui prouve clairement que s’il était allé à Jérusalem sans y être conduit par une révélation, il aurait agi comme un insensé. Mais sa conduite fut loin d’être aussi absurde. Or, puisqu’il est entraîné par la grâce du Saint-Esprit, qui osera désormais concevoir contre lui un tel soupçon ? Et voilà pourquoi il ajoute ces mots : « Par suite d’une révélation », afin qu’on ne l’accusât pas d’inconséquence, même avant la solution de cette difficulté, quand on saurait que sa démarche ne lui avait pas été inspirée par des motifs humains, mais par la Providence qui voit les événements présents et les événements futurs. Quelle était donc la pause de ce voyage ? Pas plus cette fois que la première, lorsqu’il alla d’Antioche à Jérusalem, il ne le fit pour lui-même. Il savait très-bien qu’il faut suivre purement et simplement les préceptes du Christ, mais il voulait rétablir l’union parmi les dissidents. Ainsi donc il n’avait pas besoin de se renseigner pour savoir si ses courses étaient vaines, il voulait fournir aux opposants une entière garantie. Comme la réputation de Pierre et de Jean était plus grande que celle des autres apôtres, et qu’on les croyait en désaccord avec Paul, qui prêchait sans se préoccuper de la circoncision, tandis qu’eux-mêmes laissaient subsister cette pratique, et qu’on