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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/614

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étaient fiers d’appartenir à la postérité d’Abraham, et qu’ils craignaient, en abandonnant la loi, de lui devenir étrangers, Paul se sert de cet argument pour les ramener à des sentiments tout contraires, il met fin à leurs craintes, et montre que la foi est le meilleur moyen de se rapprocher de lui. Et cela il l’avait déjà prouvé avec beaucoup d’évidence dans son épître aux Romains (Rom. 4,3) ; il revient à la même démonstration dans l’épître de ce jour et avec autant de force : « Sachez donc », dit-il, « que ceux qui sont enfants de la foi sont les vrais enfants d’Abraham (7) ». Cette assertion même il l’appuie sur le témoignage de l’Ancien Testament : « Aussi Dieu dans l’Écriture prévoyant qu’il justifierait les nations parla foi, l’a annoncé par avance comme une bonne nouvelle à Abraham, en lui disant : Toutes les nations de la terre seront bénies en vous (8) ». Si donc ceux qui lui sont attachés par les liens de la parenté physique, ne sont pas en réalité ses enfants, et si ce privilège appartient à ceux qui imitent sa foi (tel est en effet le sens de ces mots, « Toutes les nations de la terre seront bénies en vous) », il est évident que les nations entrent par la foi dans la postérité d’Abraham.
3. Cette argumentation le conduit à un autre résultat très-important. Comme ils se troublaient en songeant que la loi était plus ancienne, que la foi était venue après elle, il dissipe encore ces craintes, en leur faisant voir, par l’exemple d’Abraham, que la foi est plus vieille que la loi, puisque ce patriarche a été justifié avant que celle-ci n’ait été établie. Il montre que ce qui arrive maintenant est conforme aux prophéties : « Car Dieu dans l’Écriture, prévoyant qu’il justifierait les nations par la foi, l’a annoncée par avance comme une bonne nouvelle à Abraham ». Quel est le sens de ces paroles ? Celui-là même, dit-il, qui a donné la loi, avait décidé, avant même de la donner, que les nations se justifieraient parla foi. Et l’Écriture n’a pas dit : « L’annonça par avance », mais « L’annonça par avance comme une bonne nouvelle », afin de nous faire comprendre que le patriarche se réjouissait de ce moyen de justification, et qu’il en désirait l’avènement. Comme ils étaient obsédés par une autre crainte (car il était écrit : « Maudit soit quiconque ne demeure pas dans les préceptes de cette loi et ne les accomplit pas dans ses œuvres) » (Deut. 27,26) ; il les rassure encore et fait servir simplement et habilement ce passage à leur prouver le contraire, en leur démontrant qu’ils sont bénis au lieu d’être maudits pour avoir abandonné la loi, tandis que ceux qui l’observent toujours ne sont pas bénis, mais maudits. Les faux apôtres prétendaient que celui qui n’observe pas la loi est maudit, et lui, prouve que celui qui l’observe est maudit, que celui qui ne l’observe pas est béni. Les faux apôtres prétendaient encore que celui qui s’en tient uniquement à la foi est maudit ; lui, prouve que celui qui s’en tient uniquement à la foi est béni. Comment donc vient-il à bout de prouver tout cela ? Car il ne faut pas supposer que nous avancions cela à la légère. Pour vous en convaincre, écoutez avec soin ce qui va suivre.
Cette preuve, il l’avait déjà donnée auparavant quand il avait fait remarquer que l’Écriture avait dit au patriarche : « Toutes les nations de la terre seront bénies en vous ». Alors ce n’était pas la loi, mais la foi qui agissait ; aussi poursuit-il son raisonnement en disant : « Ceux qui s’appuient sur la foi sont donc bénis avec le fidèle Abraham (9) ». Afin qu’on ne retourne pas cet argument contre lui et qu’on ne lui dise pas : Il était naturel qu’il fût justifié par la foi, puisque la loi n’existait pas encore ; montre-nous la foi justifiant après que la loi a été établie, il va doit de ce côté, et prouve plus qu’on ne lui demande, en faisant voir que non seulement la foi justifiait, mais que la loi était une cause de malédiction pour ceux qui l’observaient. Et pour vous bien pénétrer de ce que j’avance, écoutez les propres paroles de l’apôtre : « Au lieu que tous ceux qui s’appuient sur les œuvres de la loi sont dans la malédiction (10) ». Mais ce n’est là qu’une affirmation, ce n’est pas encore une preuve. Vous demandez la preuve ? La loi elle-même nous la fournit : « Maudit soit quiconque ne demeure pas dans les préceptes de cette loi et ne les accomplit pas dans ses œuvres. Et il est clair que nul par la loi n’est justifié devant Dieu (11) ». Car tous ont péché, et tous sont sous le coup de la malédiction. Mais il ne s’exprime pas en ces termes, pour ne pas paraître se contenter d’une simple affirmation, il a de nouveau recours au témoignage de l’Écriture qui, en peu de mots, porte une double conclusion, à savoir que nul n’a strictement observé la loi (ce qui entraîne comme conséquence la malédiction), et que la