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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/613

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au résultat contraire. Si vous n’aviez d’abord obtenu que les biens de la chair, vous auriez dû vous élever vers les biens de l’esprit maintenant, après avoir commence par les biens de l’esprit, vous les perdez pour vous en tenir à ceux de la chair, car faire des miracles provient de l’Esprit, et la circoncision ne concerne que la chair. Vous, après avoir fait des miracles, vous recherchez la circoncision ; après avoir possédé la réalité, vous revenez aux figures ; après avoir aperçu la lumière du soleil, vous recherchez celle de la lampe ; après avoir vécu d’aliments solides, vous recourez au lait. Et il n’a pas dit : « Vous finissez par la chair », mais : « Vous finissez ensuite par la chair », montrant qu’après s’être emparés d’eux comme de bêtes brutes ces faux apôtres, auxquels ils s’étaient livrés pour souffrir toutes leurs volontés, les mutilaient à leur gré. Ce serait comme si un général ou un homme distingué pour son courage venait après des milliers de trophées et de victoires, s’offrir pour partager le déshonneur des déserteurs, et soumettre son corps aux marques infamantes qu’on voudrait y graver.
« Est-ce donc en vain que vous avez tant souffert ? Si toutefois c’est en vain (4) ». Cet argument devait avoir bien plus d’effet que les précédents. Car la simple mention des miracles opérés ne pouvait pas produire autant d’effet que le récit des luttes qu’ils avaient soutenues, des souffrances qu’ils avaient endurées pour Jésus-Christ. Après que vous avez souffert toutes ces épreuves, les faux apôtres veulent vous en faire perdre le fruit et vous ravir la couronne que vous avez méritée. Ensuite, pour ne pas bouleverser leur âme, et pour soulager leur inquiétude, il n’insiste pas sur l’arrêt qu’il vient de prononcer, et ajoute : « Si toutefois c’est en vain ». Si vous voulez, dit-il, revenir à résipiscence et reprendre possession de vous-mêmes, ce, ne sera pas en vain. Où sont-ils maintenant ceux qui nient les effets du repentir ? Voilà des hommes qui avaient reçu le Saint-Esprit, qui avaient fait des miracles, avaient confessé le Christ, et supporté pour lui mille dangers et mille persécutions, et qui après tant de prodiges s’étaient laissé priver de la grâce. Cependant, leur dit-il, si vous le voulu, vous pouvez reprendre possession de vous-mêmes.
« Celui donc qui vous communique son Esprit, et qui fait des miracles parmi vous, le fait-il par les œuvres de la loi ou par la foi que vous avez ouï prêcher (5) ? » Ces dons abondants dont vous avez été comblés, tous ces prodiges que vous avez accomplis, en êtes-vous redevables à la loi ou bien à la foi ? – A la foi, évidemment. Comme les faux apôtres s’étaient ingéniés à leur faire croire que la foi n’a point de puissance, si la loi ne se joint à elle, il prouve au contraire qu’en s’adjoignant les prescriptions de la loi, la foi n’aura plus aucune efficacité ; la foi a précisément toute son efficacité lorsqu’elle est pure de tout mélange avec la loi : « Vous qui voulez être justifiés parla loi, vous êtes déchus de la grâce ». (Gal. 5,4) Mais cette parole il ne la prononce que plus tard, quand il s’exprime plus librement, et qu’il s’appuie sur les résultats qu’il a déjà produits, pour en obtenir de nouveaux : jusque-là il ne prend pour texte de ses observations que les événements passés. Car, leur dit-il, quand vous vous montriez fidèles non à la loi, mais à la foi, alors vous receviez le Saint-Esprit et vous faisiez des miracles. Ensuite, comme il était question de la Loi, il mettait en avant un argument qui était une arme excellente, et faisait intervenir Abraham avec beaucoup d’à-propos et une grande autorité, et disait : « Selon qu’il est écrit d’Abraham : qu’il crut ce que Dieu lui : avait dit, et que sa foi lui fut imputée à justice (6) ».
Les prodiges opérés par vous, dit-il, montrent bien la puissance de la foi, mais, si vous le voulez ; je vous la démontrerai aussi d’après les anciens textes. Comme on leur avait souvent parlé de ce patriarche, il le fait intervenir dans le débat, et montre que lui aussi a opéré, sa justification par la fui. S’il a pu être justifié avant la grâce qui résulte de la foi, (il est vrai qu’il était riche en bonnes œuvres), combien cela vous est-il plus facile à vous ! Quel dommage a-t-il éprouvé pour n’avoir pas vécu sous la foi ! Aucun, mais sa foi a suffi pour le justifier. Car la loi n’existait pas alors, dit-il, et elle n’existe pas plus aujourd’hui qu’elle n’existait alors. Pour démontrer l’inefficacité de la loi, il présente Abraham justifié avant l’établissement de la loi, et il gagne à cela de n’avoir pas à se défendre contre cette objection. S’il est vrai que la loi n’avait pas encore été donnée alors, et qu’elle ne le fut que depuis, il est vrai aussi que son règne a cessé maintenant. Voyant qu’ils