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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/616

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la postérité d’Abraham, c’est par lui que les gentils ont été bénis, c’est ainsi que se réalise la promesse qui nous avait été faite au sujet du Saint-Esprit, et c’est ce que Paul voulait faire entendre quand il ajoutait : « Afin, qu’ainsi nous reçussions par la foi le Saint-Esprit qui avait été promis ». Comme il n’était pas possible que la grâce du Saint-Esprit parvînt aux gentils qui n’étaient en état ni de la recevoir, ni de la comprendre, Jésus commencé par les bénir et par les délivrer de la malédiction après quoi, une fois qu’ils sont justifiés par la foi, ils attirent à eux la grâce du Saint-Esprit. Ainsi donc la croix a détruit la malédiction, la foi a introduit la justification, et la justification nous a procuré la grâce du Saint-Esprit.
« Mes frères, je vais me servir du langage des hommes : Lorsqu’un homme a fait un contrat en bonne forme, nul ne peut ni le casser, ni y introduire de nouveaux articles (15) ». Que signifient ces mots : « Je vais me servir du langage des hommes ? » Cela signifie qu’il va emprunter ses exemples à la vie commune. Comme il a jusqu’à présent appuyé ses raisonnements sur les Écritures, sur les miracles opérés par eux-mêmes, sur les épreuves du Christ, et sur les actes du patriarche Abraham, il va désormais prendre ses exemples dans la vie commune. C’est son invariable habitude : il donne ainsi plus de charme à sa parole, la rend plus accessible, plus intelligible pour les intelligences obtuses. Tel est aussi le tour qu’il prend dans sa lettre aux Corinthiens : « Quel est celui qui mène paître un troupeau, et n’en mange pas du lait ? Qui est-ce qui plante une vigne et n’en mange point du fruit ? » (1Cor. 9,7) C’est encore de la même manière qu’il parle aux Hébreux : « Parce que le testament n’a lieu que par la mort, n’ayant point de force tant que le testateur est encore en vie ». (Héb. 9,17) Il serait facile de s’assurer qu’il s’est plu souvent à – employer ce genre de preuves. C’est aussi de ce procédé que se sert continuellement le Seigneur dans l’Écriture, comme quand il dit : « Est-ce que la femme pourrait oublier son fils ? » Et ailleurs : « Le vase dit-il au potier : Que fais-tu ? » (Isaïe 49, 45, et 29, 16) Dans le livre d’Osée il parle comme un époux dédaigné par sa femme (Os. 1,2). Souvent il emprunte ses images à la vie humaine, comme lorsque le prophète reçoit une ceinture, ou pénètre sous le toit du potier (Jer. 18,2). Que peut donc prouver Paul par cet exemple ? Que la foi est plus ancienne, la loi plus nouvelle et seulement provisoire, et donnée aux hommes pour frayer la route à la foi. Voilà pourquoi il dit : « Frères, je vais me servir du « langage des hommes ». Plus haut, il les traitait d’insensés, et maintenant il les appelle ses frères, les consolant en même temps qu’il les frappe. « Lorsqu’un homme a fait un contrat en bonne forme ». Si un homme, dit-il, fait un testament, se trouvera-t-il quelqu’un qui vienne ensuite le modifier ou y ajouter quelque chose ? car tel est le sens de ces mots :… « On y introduit de nouveaux articles ». Si cela est vrai des hommes, combien plus quand il s’agit de Dieu ! Et en faveur de qui Dieu avait-il fait son testament ?
« Or les promesses de Dieu ont été faites à Abraham et à sa race. L’Écriture ne dit pas : A ceux de sa race, comme s’il en eût voulu marquer plusieurs ; mais, à sa race, c’est-à-dire à l’un de sa race, qui est Jésus-Christ. Ce que je veux donc dire est que Dieu ayant fait et autorisé comme un contrat en faveur de Jésus-Christ, la loi qui n’a été donnée que quatre cent trente ans après, n’a pu le rendre nul, ni en abroger la promesse. Car si c’est par la loi que l’héritage nous est donné ; ce n’est donc plus par la promesse. Or, c’est, par la promesse que Dieu l’a donné à Abraham (16-18) ». Vous le voyez donc, Dieu a fait un contrat en faveur d’Abraham, en disant que les bénédictions parviendraient aux gentils par l’intermédiaire de sa race. Eh bien ! comment la loi peut-elle le défaire ? Comme cet exemple ne convenait au sujet qu’en partie, l’apôtre avertit pour cette raison qu’il va « Se servir du langage des hommes ». C’est-à-dire, ne jugez pas de la générosité de Dieu par cet exemple seul, vous vous en feriez une idée trop étroite. Examinez et remontez plus haut ; Dieu n’a-t-il pas annoncé à Abraham que les gentils seraient bénis par l’intermédiaire de sa race ? Et sa race selon la chair, n’est-elle pas représentée par Jésus-Christ ? La loi n’est-elle pas venue quatre cent trente ans après ? Or, si la loi transmet la bénédiction, et la vie, et la justification, la promesse reste sans effet. Quoi ! nul ne pourra casser le testament fait par un homme, et le testament du Seigneur sera cassé au bout de quatre cent trente ans ! Car si