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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/617

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les dispositions contenues dans ce testament ne se réalisent pas par l’effet de ce testament, mais par une autre cause, c’est qu’il a été annulé, ce testament. Cela est-il admissible ?
« Pourquoi donc », dit-il, « la loi a-t-elle été établie ? à cause des prévarications (19) ». Car la loi non plus n’a pas été créée en vain. Voyez-vous comme ses regards embrassent tout ? On dirait qu’il a des yeux par milliers. Après avoir exalté la foi, et avoir montré qu’elle est plus ancienne, il ne veut pas que les Galates regardent la loi comme ayant été inutile, et il rectifie leur opinion à ce sujet, en expliquant qu’elle avait eu sa raison d’être et qu’elle avait eu une véritable utilité, à cause des prévarications. c’est-à-dire, parce qu’elle empêchait les Juifs de vivre sans rien qui les retînt, et de se laisser entraîner aux derniers excès du vice. Elle leur servait de frein ; elle les formait, réglait leur conduite, les empêchait de violer, sinon toutes, au moins quelques-unes de ses prescriptions. De sorte que la loi n’a pas procuré peu d’avantages aux hommes. Mais jusqu’à quelle époque cela doit-il durer ? « Jusqu’à l’avènement de ce Fils que la promesse regarde », et ce Fils, c’est Jésus-Christ. Si donc elle a été donnée pour durer jusqu’à l’avènement de Jésus-Christ, pourquoi vouloir mal à propos lui faire dépasser ce terme ? « Et cette loi a été donnée par les anges par l’entremise d’un médiateur ». Ou bien ce sont les prêtres qu’il appelle des anges, ou bien il veut dire que les anges eux-mêmes ont prêté leur ministère à l’établissement de la loi. Pour lui le médiateur est le Christ, et il fait entendre qu’il existait avant la loi, et que c’est lui-même qui l’a donnée. « Or, un médiateur n’est pas d’un seul, et il n’y a qu’un, seul Dieu (20) ».
5. Que vont répondre à cela les hérétiques ? Si ces mots : « Le seul vrai Dieu » (Jn. 17,3) ne permettent pas de croire que le Fils soit le vrai Dieu, il faut aussi en conclure qu’il n’est pas Dieu, puisqu’il a été dit : « Il n’y a qu’un seul Dieu ». (Deut. 6,4:) Mais si, malgré ces mots : « Un seul Dieu, le Père » (1Cor. 8,6), le Fils ne laisse pas d’être Dieu, il est évident que le Père étant le vrai Dieu, le Fils est aussi-le vrai Dieu. Mais un médiateur, dit-il, est le médiateur de deux personnes. De qui donc le Christ était-il le médiateur ? Bien évidemment il servait de médiateur entre Dieu et les hommes. Voyez-vous comme Paul démontre que le Christ lui-même a donné la loi ? Si donc il a donné la loi lui-même, il a le droit de l’annuler. – « La loi donc est-elle contre les promesses de Dieu (21) ? » Car si les bénédictions nous ont été données par l’intermédiaire de la race d’Abraham, et que la loi ait fait peser sa malédiction sur elle, elle s’est mise en contradiction avec les promesses de Dieu. Comment réfute-t-il cette objection ? D’abord il la repousse avec dégoût et s’écrie : « Loin de nous une telle supposition », puis il continue l’enchaînement de ses preuves et dit : « Car si la loi qui a été donnée avait pu donner la vie, on pourrait dire alors avec vérité que la justification s’obtiendrait par la loi ». Voici le sens de ses paroles : Si nous avions compté sur elle, dit-il, pour obtenir la vie, et si elle avait eu le pouvoir d’opérer notre salut, on aurait peut-être raison de parler ainsi ; mais si c’est la foi qui sauve, et que la loi attire la malédiction, nous ne pourrions rien perdre à l’avènement de la foi qui nous affranchit de tout. Si la promesse devait s’accomplir par l’intermédiaire dé la loi, on n’aurait pas tort de croire que s’écarter de la loi serait s’écarter de la justification. Mais si elle à été donnée pour nous circonscrire tous dans de certaines limites, c’est-à-dire, pour confondre notre négligence, pour nous faire sentir nos fautes, non seulement elle n’empêche pas l’effet de la promesse, mais encore elle en favorise l’accomplissement. C’est ce qu’il veut prouver quand il dit : « Mais l’Écriture a comme renfermé tous les hommes sous le péché, afin que ce que Dieu avait promis fût donné par la foi de Jésus-Christ à ceux qui croiraient en lui (22) ».
Comme les Juifs n’avaient pas conscience de leurs propres péchés, et que dans cet état ils ne désiraient pas s’en faire absoudre, Dieu leur donna la loi qui leur révéla leurs blessures, et leur fit désirer l’intervention du médecin. « L’Écriture », dit-il, « les enferma sous le péché », c’est-à-dire, qu’elle les convainquit de péché, et les retint, en faisant naître la crainte chez eux. Vous voyez donc que la loi, au lieu d’être contraire aux promesses de Dieu, n’a fait qu’en hâter l’accomplissement. Si la loi en revendiquait pour elle seule l’exécution et la responsabilité, on serait fondé à présenter cette objection ; mais si elle ne fait qu’obéir à une autre influence, à