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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/640

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Ne me parlez donc plus, dit-il, de la circoncision qui désormais n’a plus de puissance comment pourra-t-on la remarquer au milieu d’un changement si considérable et universel ? Recherchez au contraire ces biens nouveaux que nous apporte la grâce. Ceux qui suivent cette voie jouiront de la paix et s’attireront les bonnes grâces du Seigneur, et auront seuls le droit de prendre le nom d’Israël : tandis que ceux qui ont des opinions contraires, quand même ils descendraient d’Israël et porteraient son nom, se verront privés de tout cela, de cette communauté de nom et d’origine. Ceux qui ont le droit de s’appeler israélites, sont ceux qui se conforment à cette règle, qui se détachent des anciens errements, et suivent la voie de la grâce. « Au reste, que personne ne me cause de nouvelles peines (17) ».
Ici il ne s’exprime pas en homme qui est las et abattu, car, lui qui était prêt à tout frire et à tout souffrir pour ses disciples, comment aurait-il pu se fatiguer et se décourager, lui qui a dit : « Insistez toujours, soit à temps, soit à contre-temps » (2Tim. 4,2), et qui a dit : « Si Dieu leur donne la connaissance de la vérité, et qu’ils se dégagent des pièges du diable ? » (2Tim. 2,25, 26) Pourquoi donc tient-il ce langage aux Galates ? Pour raffermir leur esprit chancelant, pour augmenter leur appréhension, pour consolider la loi qu’il leur avait enseignée, et parce qu’il ne voulait pas cesser de les stimuler. « Car je porte imprimées sur mon corps les marques du Seigneur Jésus ». Il n’a pas dit : J’ai ; mais : « Je porte les marques », comme un homme fier de porter un trophée ou des insignes de la royauté, quoiqu’il semblât que ce fût un déshonneur. Lui, il ce glorifie de ses cicatrices, et, comme les porte-drapeaux d’une armée, il est fier de ses blessures et se plaît à les montrer. Dans quel but s’exprime-t-il ainsi ? Il n’y a pas de raisonnement, il n’y a pas de parole qui plaide plus éloquemment pour moi que ces marques imprimées sur mon corps, leur dit-il. Plus retentissantes que le bruit de la trompette, elles couvrent la voix de mes adversaires, de ceux qui prétendent que je prêche l’Évangile avec dissimulation, et que dans mon langage je recherche l’approbation des hommes. Si l’un voyait sortir des rangs un soldat couvert de sang et de blessures, on n’oserait pas le soupçonner de lâcheté, ni de trahison, en voyant sur son corps les preuves manifestes de son courage. C’est aussi ce que vous devez penser de moi, dit-il. Voulez-vous entendre ma défense, et connaître le fond de ma pensée, regardez mes blessures, elles vous offriront des arguments plus concluants que mes paroles et que mes lettres. Au commencement de son épître, il s’appuie sur sa brusque conversion, pour prouver que ses opinions étaient sincères, et à la fin il s’appuie sur les dangers qui en sont résultés pour lui, afin qu’on ne dise pas qu’après s’être écarté de la droite voie, il n’a même pas su persévérer dans ses nouveaux sentiments. Ses travaux, ses dangers, ses blessures sont là pour témoigner qu’il y a persévéré. Après avoir présenté son apologie claire et complète, et avoir montré qu’il n’y avait trace dans son langage ni de colère, ni de haine, mais qu’il conservait inébranlable son affection pour eux, il revient au même but qu’il a déjà poursuivi, et clôt son épître en leur souhaitant toutes sortes de biens : « Mes frères », dit-il, « que la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ demeure avec votre esprit. Ainsi soit-il. (48) ».
C’est par cette dernière parole qu’il scelle tout ce qu’il a dit précédemment. Il ne s’est pas contenté de dire : Soit avec vous, comme dans les autres circonstances, mais il a dit : « Que la grâce demeure avec votre esprit », pour les soustraire aux préoccupations de la chair, et leur montrer en toute occasion la bonté de Dieu, et leur rappeler la grâce dont ils ont joui, grâce qui le rendait assez fort pour qu’il les arrachât à tonte erreur judaïque. S’ils avaient reçu le Saint-Esprit, ils n’en étaient pers redevables à l’indigence de la loi, mais à la justification selon lu fui : et si, après l’avoir reçu, ils l’avaient gardé, c’était encore un effet, non de la circoncision, mais de la grâce. C’est pour cela qu’il termine ses exhortations par un vœu, et que, en même temps qu’il les appelle ses frères, il leur parle de la grâce et du Saint-Esprit, priant Dieu qu’ils puissent en jouir sans cesse, et assurant leur sécurité de deux manières : car les paroles dont il se sert contiennent à la fois un vœu et un enseignement qui, résumant tout ce qu’il a déjà dit, devient pour eux comme un double rempart. En effet, cet enseignement leur rappelait de quels biens ils avaient joui, et les rendait plus fidèles aux dogmes de l’Église, tandis que le vœu, en appelant sur eux la grâce et en les engageant