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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/65

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artères ? Figurez-vous cet œil si beau, débilité, épuisé par la vieillesse, abattu par le chagrin, gonflé par la colère ! Oh ! qu’il est hideux, que sa beauté s’est vite évanouie ! une peinture se dissipe moins rapidement. Élevez votre esprit jusqu’à la, véritable beauté. – Mais je ne vois pas, dites-vous, la beauté de l’âme. – Vous la verrez, si vous le voulez bien. Comme on peut admirer la beauté d’un visage en se le représentant par l’imagination, même en l’absence de ce visage ; de même, sans le secours des yeux, on peut voir la beauté de l’âme. Ne vous êtes-vous jamais représenté par la pensée une forme remarquable par sa, beauté, et n’avez-vous pas de la sorte éprouvé un vif sentiment ? Représentez-vous donc aussi la beauté de l’âme, et complaisez-vous dans cette image.
Mais je ne puis voir ce qui est incorporel. – Notre esprit le contemple mieux que nous ne contemplons les corps. N’admirons-nous pas les anges et les archanges, que nous ne voyons pas de nos yeux ? De même aussi, nous pouvons admirer les bonnes mœurs et la vertu de l’âme. Si vous voyez un homme de bien, modéré dans ses désirs, vous l’admirerez bien plus qu’un beau visage. Si vous le voyez supporter un outrage avec patience, aimez-le quand même il serait accablé par la vieillesse. Oui, la beauté de cette âme, malgré la vieillesse, a un grand nombre d’amants, elle ne se flétrit jamais, elle se conserve toujours dans sa fleur. Pour posséder nous-mêmes cette beauté, recherchons ceux qui la possèdent, et soyons épris d’amour pour eux. Ainsi pourrons-nous, à notre tour, une fois revêtus de cet éclat, parvenir aux biens éternels. Puissions-nous tous avoir ce bonheur, par la grâce et la bonté, etc.

HOMÉLIE VIII.


CHARGÉS DE CE MINISTÈRE, SELON LA MISÉRICORDE QUI NOUS A ÉTÉ FAITE, NOUS NE LE NÉGLIGEONS POINT ; MAIS NOUS AVONS DÉPOSÉ TOUTE HONTE CACHÉE. (IV, 1-7)

Analyse.


  • 1 et 2. Mauvaise foi des faux apôtres.
  • 3. Aveuglement des Juifs.
  • 4. Preuves de la divinité du Christianisme.


1. L’apôtre a dit de grandes choses ; il s’est mis, lui et, tous les fidèles, avant Moïse lui-même. S’apercevant qu’il vient encore de faire de lui-même un éloge magnifique, il se hâte de parler le langage de l’humilité. Il devait se louer de la sorte à cause des faux apôtres et de ceux auxquels il s’adressait, et ensuite tempérer son langage, sans se contredire pourtant c’eût été de la comédie. Il procède donc maintenant d’une autre minière, et il, fait voir qu’il faut rapporter toute cette gloire, non pas à nos mérites et à nos vertus, mais à la bonté de Dieu. C’est pourquoi il dit : « Chargés de ce ministère ». Tous les biens que nous vous avons distribués, c’est en qualité de ministres du Seigneur que nous vous les avons distribués ; nous n’avons fait que prêter notre ministère aux dons qui venaient du ciel. Aussi ne dit-il point : largesse ou donation, mais bien, ministère. Et encore cela ne lui suffit-il pas, il ajoute : « Selon la miséricorde qui nous a été faite ». Ce ministère lui-même dont nous