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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/67

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y avoir de difficulté : Ces mots ne peuvent servir à prouver que le Dieu dont parle l’apôtre n’est que le Dieu du siècle présent. Ne dit-on pas aussi : Le Dieu du ciel ? Et Dieu cependant n’est pas, seulement le Dieu du ciel. Ne dit-on pas encore : Le Dieu du jour présent ? Mais, en le disant, nous n’entendons point circonscrire la puissance de Dieu dans les bornes d’un seul jour. Dieu est encore appelé le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob ; et cependant il n’est pas seulement le Dieu de ces trois patriarches. On trouverait dans les Écritures beaucoup d’autres témoignages.
Mais comment Dieu les a-t-il frappés d’aveuglement ? Il n’a pas agi d’une manière positive ; il l’a seulement souffert et permis C’est la façon ordinaire de parler de la sainte Écriture, comme quand elle dit :.« Dieu les a livrés à leur sens réprouvé ». (Rom. 1,28) D’abord ils ont cessé de croire ; ils se sont ensuite montrés indignes de voir les mystères, et ensuite il a permis qu’ils fussent frappés d’aveuglement. Qu’eût fait le Seigneur ? Les eût-il amenés à lui par force ? Eût-il révélé ses mystères à des hommes qui ne voulaient point les contempler ? Mais ils les eussent méprisés, sans daigner les apercevoir. Aussi l’apôtre ajoute-t-il : « En sorte que la lumière glorieuse de l’Évangile du Christ ne rayonne « pas à leurs yeux » : Ce qu’il dit non pas en ce sens qu’ils ne croiront pas en Dieu, mais en ce sens que l’âme infidèle ne pénétrera point ses mystères. Ne nous fait-il pas, à nous, la même recommandation, quand il nous dit de ne pas jeter les pierres précieuses devant les pourceaux ? Révéler ses mystères aux incrédules, t’eût été accroître encore leur incrédulité. Forcez un homme qui a mal aux yeux à regarder les rayons du soleil, n’augmenterez-vous pas encore sa maladie ? Aussi les médecins les tiennent-ils dans les ténèbres, pour ne pas aggraver leur état. Comprenons donc ce passage en ce sens qu’ils sont devenus incrédules par leur faute. Une fois incrédules, ils n’ont pu contempler les mystères de l’Évangile : car Dieu leur a dérobé ses rayons. C’est ce qu’il disait à ses disciples : « Voilà pourquoi je leur parle en paraboles, parce qu’ils entendent, sans entendre ». (Mt. 13,13)
Un exemple vous, le montrera plus clairement. Supposez un gentil qui traite de fables les dogmes chrétiens. Vaudra-t-il mieux pour lui entrer dans nos temples, assister à nos mystères que rester dehors ? C’est pourquoi l’apôtre dit : « En sorte que la lumière de « l’Évangile ne rayonne pas à leurs yeux ». Il fait encore allusion à l’histoire de Moïse. Ce qui alors arriva aux Juifs, arrive à tous les infidèles depuis l’Évangile. Quels mystères sont voilés pour eux, quels mystères ne leur sont point révélés ? Écoutez ce que dit l’apôtre : « En sorte que la lumière glorieuse de l’Évangile du Christ ne brille point à leurs yeux, de l’Évangile du Christ, qui est l’image de Dieu ». C’est là ce qui ne leur avait pas été découvert : que la croix est le salut du monde et sa gloire ; que Celui qui a été crucifié reviendra entouré de splendeur ; et qu’avec lui apparaîtront le présent, l’avenir, ce qui est visible, ce qui est invisible ; et la manifestation d’un grand nombre de mystères qui sont l’objet de notre espérance et de notre attente : C’est pourquoi l’apôtre dit : « Afin que la lumière ne rayonne pas », pour que vous ne cherchiez point tout ici-bas, où l’on vous envoie seulement les rayons de l’Esprit-Saint. C’est dans le même dessein que plus haut il disait : « le parfum », ou « le gage » : la réalité, nous la trouverons dans, le ciel. Or tout cela leur est caché ; et c’est une conséquence de leur incrédulité. Ensuite pour montrer que ce n’est pas seulement la gloire du Christ qu’ils ignorent, mais aussi celle du Père, saint Paul ajoute : « Lequel est l’image de Dieu ». Ne vous arrêtez pas au Christ. Par lui vous voyez le Père ; et si vous ne connaissez point sa gloire, vous rie connaîtrez point non plus la gloire du Père. « Nous ne nous prêchons pas nous-mêmes, mais nous prêchons Jésus-Christ et nous nous déclarons vos serviteurs par Jésus-Christ (5) ».
3. Voyons la suite des idées. Comment ceci peut-il se rattacher à ce qui précède ? Peut-être fait-il encore allusion à, ces faux apôtres qui cherchent leur propre gloire, et qui persuadent à leurs disciples de se recommander de leurs noms, comme il disait dans sa première épître : « Moi, je suis de Paul, moi, au contraire, je suis d’Apollon ». (1Cor. 3,4) Peut-être aussi a-t-il en vue quelque chose de très-sérieux. Quoi donc ? Ne veut-il pas dire que cab faux apôtres lui faisaient une guerre acharnée et lui dressaient de toutes parts des embûches : Est-ce contre nous que vous combattez, dit-il. N’est-ce pas plutôt contre Celui que nous prêchons ? Car nous ne nous prêchons pas nous-