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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/68

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même ; je ne suis qu’un serviteur, je remplis auprès de ceux qui reçoivent ma prédication le ministère qu’un autre m’a confié, et tout ce que je fais, je le fais pour sa gloire. Donc en me faisant la guerre, vous renversez ce qui appartient à mon maître. Bien loin de rien m’arroger à moi-même des succès de ma prédication, je ne refuse pas d’être votre serviteur à cause du Christ, puisqu’il lui a plu de vous combler d’honneur, de vous environner de son amour, de faire tant de choses pour vous. C’est pourquoi il dit : « Nous nous déclarons nous-même votre serviteur à cause du Christ ». Voyez-vous quelle abnégation ? non seulement, dit-il, nous n’usurpons point ce qui appartient au Seigneur, mais nous nous faisons serviteur à cause de lui.
« Parce que le même Dieu qui a dit à la lumière de resplendir du sein des ténèbres, a lui-même brillé dans vos cœurs ». Ils désiraient voir le merveilleux éclat de cette gloire de Moïse, il la leur montre toute brillante d’une splendeur encore plus vive. La gloire brillait sur le visage de Moïse, elle brille aussi dans vos cœurs. Et d’abord il rappelle la première œuvre de la création, la lumière sensible et les ténèbres, et il montre que ce second ouvrage de – Dieu l’emporte sur le premier. Quand est-ce que Dieu dit : « Que la lumière brille du sein des ténèbres ! » Au premier jour de la création : « Les ténèbres », dit l’Écriture, « étaient étendues sur l’abîme ; et Dieu dit : Que la lumière soit, et la lumière fut ». (Gen. 1,2-3) Alors il disait : « Qu’elle soit, et elle fut ». Il ne le dit plus maintenant, mais c’est lui-même qui est notre lumière. L’apôtre ne dit pas en effet que Dieu ait parlé, mais qu’il a resplendi lui-même dans les cœurs. Ce ne sont donc point les choses sensibles que nous contemplons dans cette lumière, mais c’est Dieu lui-même par Jésus-Christ. Voyez-vous comme il n’y a aucune différence entre les personnes de la Trinité ? En parlant de l’Esprit-Saint l’apôtre dit : « Pour nous, contemplant sans voile la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en cette même image de la gloire pour la gloire, comme par l’Esprit qui est le Seigneur ». (2Cor. 3,18) Et en parlant du Fils : « Afin que la glorieuse lumière de l’Évangile du Christ, qui est l’image du Père, ne brille pas à leurs records ». Enfin en parlant du Père : « Celui qui a dit à la lumière de resplendir du sein des ténèbres, a lui-même brillé dans vos cœurs, pour vous éclairer de l’éclat de la science de Dieu par le visage du Christ (6) ». Après avoir dit : « L’Évangile du Christ », il ajoute : « Qui est l’image de Dieu », pour faire voir que les incrédules ont été privés aussi de la gloire de Dieu. De même après avoir dit : « La science de Dieu », il ajoute : « par le visage du Christ », pour montrer que c’est par Jésus-Christ que nous parvenons à la connaissance du Père, comme par l’Esprit-Saint nous arrivons à la connaissance du Fils ».
« Ce trésor, nous le portons dans des vases d’argile, afin que notre élévation soit l’œuvre de la puissance de Dieu, et non pas notre ouvrage (7) ». Après tant de beaux développements sur cette gloire ineffable, l’apôtre craint qu’on ne lui dise : Et comment pouvons-nous jouir d’une telle gloire, et vivre dans un corps mortel ? Oui, sans doute, reprend-il, c’est chose merveilleuse, et la plus grande preuve de la puissance divine, qu’un misérable vase déterre comporte tant d’éclat, et garde un tel trésor. Aussi l’apôtre s’écrie-t-il, saisi d’admiration : « Afin que notre grandeur soit l’œuvre de la puissance de Dieu, et non pas notre propre ouvrage », faisant allusion encore à ceux qui recherchaient leur propre gloire. La grandeur des dons, et la faiblesse de ceux qui les reçoivent font éclater la puissance de Dieu : il montre sa puissance non seulement en faisant des largesses, mais encore en les faisant à des êtres de si peu de prix. L’apôtre, par ces vases d’argile, représente la fragilité de la nature humaine et la faiblesse de notre chair. Elle ne vaut pas mieux en effet qu : un vase d’argile : elle est exposée à tant d’attaques ; la mort, les maladies, l’intempérie des saisons, mille autres maux, la détruisent si facilement ! Tout cela, saint Paul le disait tant pour rabattre l’orgueil des faux apôtres, que pouf montrer qu’en nous, chrétiens, il n’y a plus rien d’humain.
4. Dieu fait éclater surtout sa puissance, en accomplissant de grandes choses au moyen des plus faibles instruments. C’est pourquoi l’apôtre dit dans un autre endroit : « Ma puissance se montre tout entière dans la faiblesse ». (2Cor. 12,9) Dans l’Ancien Testament ne se servait-il pas de moucherons et de mouches pour mettre en fuite des armées de barbares ? [Il appelle « la Chenille », sa grande puissance.] (Jol. 2,25) Et par la confusion