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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/69

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des langages ne détruisait-il pas cette immense tour de Babel ? Trois cents hommes lui suffisaient pour mettre en déroute une innombrable armée, et le son de quelques trompettes pour renverser les villes : David encore enfant, si petit et si faible, triomphait de toute une armée. De même dans ces derniers temps il envoie douze hommes, et par eux soumet l’univers, et cela quand tout le monde les persécute et leur fait la guerre. Admirons donc la puissance du Seigneur, admirons-la, adorons-la. Demandons aux Juifs, demandons aux Gentils quels hommes ont persuadé aux peuples d’abandonner leurs mœurs pour embrasser un autre genre de vie ? Est-ce un pêcheur ou un faiseur de tentes ? Est-ce un publicain ou un ignorant, un homme étranger à toute espèce de connaissances ? Comment expliquer un pareil changement, si la puissance de Dieu n’eût opéré, ces merveilles tsar leur ministère ? Que disaient-ils pour persuader le monde ? Soyez baptisés au nom du Crucifié. – Quel est donc ce Crucifié ? – Un homme qu’ils n’avaient jamais vu : voilà ce qu’ils leur disaient, ce qu’ils leur prêchaient ; et ils persuadaient à leurs auditeurs, que ces dieux qui rendaient des oracles et qui avaient été transmis jusqu’à eux d’âge en âge comme des dieux, n’étaient pas dieux. Le Christ, qui avait été cloué à la croix, attirait tout le monde à lui.
On savait bien qu’il avait été crucifié et enseveli ; mais un bien petit nombre seulement l’avaient vu après sa résurrection. Cette résurrection du Sauveur, les apôtres la firent croire à ceux mêmes qui n’en avaient pas été les témoins ; bien plus ils leur persuadèrent qu’il était monté aux cieux et qu’il viendrait juger les vivants et les morts. Qu’y a-t-il de si persuasif dans de pareils discours, dites-moi ? Cette persuasion leur venait de la puissance divine. Et d’abord c’étaient des nouveautés capables de blesser les esprits : quoi de plus grave que d’innover en pareille matière, puisque c’est saper les, fondements des vieilles institutions, détruire les lois jusque dans leurs racines ? Et les prédicateurs, quelle confiance inspiraient-ils ? lis étaient d’une nation détestée des autres nations, et de plus timides et ignorants. Comment purent-ils donc triompher de, l’univers ? Comment vous ont-ils mis en fuite, vous, vos ancêtres, ces grands philosophes, vos dieux eux-mêmes ? Bien évidemment parce que Dieu était avec eux. Non, ce n’est point là un effet de la puissance humaine, mais bien d’une ineffable, d’une divine puissance.
Mais, dites-vous, n’ont-ils pas eu recours à la magie ? – Alors il eût fallu fortifier l’empire des démons et propager le culte des idoles. Comment se fait-il donc qu’il ait disparu, et qu’il ait été remplacé par notre religion ? C’est une preuve de plus que tout s’est accompli par la puissance de Dieu même. Elle se montre cette puissance, non seulement dans les résultats de la prédication, mais encore dans la conduite même des chrétiens. La virginité fut-elle jamais aussi fréquente ? Professa-t-on jamais tant de mépris pour les richesses, pour la vie, pour tous les biens de la terre ? Des hommes débauchés, des magiciens n’eussent jamais produit de tels sentiments dans les âmes ; ils auraient développé les sentiments contraires. Mais les apôtres nous apprirent à mener une vie digne des anges, ils nous en donnèrent les premiers l’exemple et dans notre pays, et sur la terre étrangère, et jusqu’aux extrémités du monde. Il est donc bien évident que tous ces changements ont été opérés par la puissance du Christ, par cette puissance qui envoie partout ses rayons et les répand plus prompts que l’éclair dans les intelligences. Pénétrés de ces pensées, trouvant dans les merveilles du passé une sûre garantie de la promesse des biens futurs, adorez avec nous l’invincible puissance du Crucifié. Ainsi pourrez-vous échapper aux affreux tourments de l’enfer et parvenir au royaume des Cieux. Daigne le Seigneur nous en faire la grâce, par bonté, etc.