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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/76

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sa résurrection ; ce qu’il disait en ces termes « Afin que la vie de Jésus soit manifestée dans notre chair mortelle ». Il dit ensuite que l’homme intérieur est perfectionné : « Si l’homme extérieur se corrompt, dit-il, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour ». Voulant ensuite montrer l’avantage des souffrances et des persécutions, il ajoute qu’elles enfantent toutes sortes de biens pour ceux qui les endurent avec patience. Peut-être vous désoleriez-vous de voir l’homme extérieur se corrompre : or c’est précisément lorsque cette corruption se sera produite que vous éprouverez le plus de jouissances et que vous aurez le sort le plus heureux : non seulement donc, il ne faut point s’affliger, si quelque partie du corps se dissout ; mais au contraire il faut aspirer à une complète dissolution. Cette corruption de l’homme extérieur mène à l’immortalité : Et c’est pourquoi l’apôtre ajoute : « Nous savons en effet que si cette tente matérielle où nous habitons, se dissout, Dieu nous réserve une demeure qui n’a pas été faite de main d’homme, une demeure éternelle et qui est dans les cieux ». Le dogme qu’il leur coûtait le plus d’admettre, c’était le dogme de la résurrection. Il cherche à l’établir de plus en plus, il invoque les jugements mêmes de ses auditeurs, et voici comment il procède. Il trouve une autre occasion d’entrer en matière. Il les avait déjà tirés de leur erreur. Maintenant il dit : « Nous savons que si cette tente matérielle où nous habitons vient à se dissoudre, Dieu nous en réserve une autre qui n’a pas été faite de main d’homme, qui est éternelle et dans les cieux ».
Il en est qui par cette demeure terrestre entendent le monde où nous sommes : Je crois plutôt que l’apôtre fait allusion au corps. Voyez maintenant comment par les noms eux-mêmes il montre la supériorité des biens à venir sur les présents. Au mot « terrestre » il oppose le mot « céleste » ; au mot « tente », qui peint la fragilité, le peu de durée des choses d’ici-bas, il oppose le mot « éternel. ». C’est pourquoi Jésus-Christ dit : « Dans la maison de mon Père il y a plusieurs demeures ». (Jn. 14,2) S’il donnait le nom de tentes aux demeures des saints, il y ajouterait quelque autre expression. Ainsi le Sauveur ne dit pas : afin qu’ils vous reçoivent dans leurs tentes ; mais : « Afin qu’ils vous reçoivent dans les tentes éternelles ». (Lc. 16,9) En disant : « Une demeure qui n’est pas faite de main d’homme », il fait songer à celle qui est faite de main d’homme. – Quoi donc ? Le corps est-il fait de main d’homme ? Non pas ; mais par là il désigne ou bien les maisons construites par les hommes ; ou bien c’est le corps lui-même qu’il appelle une maison que la main de l’homme n’a pas élevée. Alors ce ne serait plus le second terme d’une comparaison, mais simplement une louange et un éloge. – « Dans cette demeure périssable nous gémissons, et nous souhaitons de revêtir cette autre demeure qui est du ciel (2) ». Quelle est cette demeure ? Un corps désormais incorruptible. Et pourquoi gémissons-nous maintenant ? – Parce que le corps dont plus tard nous serons revêtus,.est bien préférable à celui que nous avons aujourd’hui. Il dit qu’il est céleste, parce qu’il n’est plus sujet à se corrompre. Ce corps ne nous vient pas du ciel, sans doute, l’apôtre par cette, expression vent signifier la grâce qui vient du ciel. Bien loin de nous affliger de quelques épreuves, nous devons les rechercher toutes. C’est comme s’il disait : Vous vous plaignez des persécutions, vous gémissez de voir se corrompre l’homme extérieur ? Gémissez plutôt de n’être point persécutés davantage encore, devoir l’homme extérieur se dissoudre si lentement. Voyez-vous comme il retourne la pensée ? Il faut s’affliger de ne pas vair s’accomplir entièrement la dissolution, au lieu de se plaindre de la voir commencer. C’est pourquoi il donne au corps non plus le nom de tente, mais celui d’habitation permanente. Et cela avec raison. Car une tente se dissout aisément, mais une habitation reste toujours. « Si cependant nous sommes trouvés revêtus, et non pas nus (3) ». Tous ne peuvent attendre la résurrection avec confiance. Aussi l’apôtre ajoute-t-il : « Si cependant nous sommes revêtus », c’est-à-dire, si nous arrivons à l’incorruptibilité, si nous reprenons un corps qui ne soit plus sujet aux souffrances. « Et si nous ne sommes point trouvés nus », c’est-à-dire privés de gloire et de sécurité. Il exprimait la même pensée dans sa première épître aux Corinthiens. « Tous nous ressusciterons », disait-il ; « et chacun à notre rang » ; et encore : « Il y a des corps célestes, et il y a des corps terrestres ». (1Cor. 15,23-40)